InterviewG4E. Ronan Salaün : “L’image des Girondins de Bordeaux aujourd’hui est toujours positive”

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    Ronan Salaün, aujourd’hui âgé de 50 ans, est entraîneur à Quimper Italia, le club de foot de sa ville de naissance. Ancien attaquant passé par les Girondins de Bordeaux de 1991 à 1993, il participa à la remontée du club en première division, des suites d’une descente administrative, et côtoya un certain Zinedine Zidane sa seconde saison, avec à la clé un exercice plein et une quatrième place en championnat. L’ancien joueur, devenu entraîneur, se remémora son passage dans le club au scapulaire, qui reste encore aujourd’hui important à ses yeux. Il nous livra également, d’un œil extérieur, l’évolution du FCGB ces dernières années, tout en abordant également notre adversaire de samedi, le Toulouse Football Club, un club où il a aussi évolué de 1994 à 1998. C’est avec un très grand plaisir que nous avons pris de ses nouvelles, lui pour qui le foot est toujours aussi important, tout en développant à côté une activité et un projet noble. Découvrez, ou redécouvrez Ronan, dans l’entretien ci-dessous. Interview.

     

    Pour commencer, on va prendre un peu de vos nouvelles. Vous êtes aujourd’hui entraîneur à Quimper, votre ville d’origine. Est-ce une volonté réelle de votre part, de par votre affinité avec cette ville, d’y entraîner ou c’était plutôt une opportunité professionnelle ?

    Après ma carrière de joueur, j’ai été entraîneur à Quimper. J’ai fait 10 ans à l’époque au sein du staff quimpérois, il y a eu à l’époque une fusion entre deux clubs quimpérois et au moment de cette fusion, je suis parti à Evian parce que j’avais eu une proposition pour entraîner l’équipe réserve d’Evian-Thonon-Gaillard qui montait en Ligue 2 à l’époque et qui est monté ensuite en Ligue 1. J’y suis resté 4 ans. J’y ai pris beaucoup de plaisir là-bas, je ne connaissais pas du tout la Haute-Savoie, ni la région, ni les gens. Ensuite, le contrat s’est terminé car il y avait une opportunité pour le club de prendre l’entraîneur de la formation, ce qui se fait beaucoup maintenant pour reprendre l’équipe réserve, donc ça s’est fini là-dessus. J’ai fait un an en tant que recruteur, superviseur pour Evian. Après comme ça me manquait un peu le terrain, je suis revenu sur Quimper et j’ai eu une opportunité d’entraîneur Quimper. Mais j’étais plus à la recherche d’un projet dans un club professionnel, même si c’est très bien les clubs amateurs, et j’en suis dedans donc je ne peux qu’allouer le courage et l’investissement des joueurs et des dirigeants, mais c’est vrai que le côté professionnel est intéressant aussi, dans le sens où c’est quand même plus structuré, on a plus de moyens. Pas forcément financiers, mais sportifs aussi, parce qu’au niveau amateur, tu peux te retrouver à 7 ou 8…

    Mon idée, au départ, était de rebondir ailleurs, mais il n’y a pas trop eu d’opportunités. J’ai eu une petite touche avec le Stade Rennais pour les jeunes mais sans que cela aille jusqu’au bout, donc voilà pourquoi je suis sur Quimper aujourd’hui. Je suis entraîneur de Quimper bien sûr mais je suis aussi à côté coach de santé. J’ai passé une formation APA (Activités Physiques Adaptées) et je travaille avec des gens qui ont connu des maladies, ça peut être des cancers du sein, de l’obésité, des maladies cardiovasculaires. Parce que les médecins se sont rendus compte que même en restant sédentaires, en amont ou en aval de la maladie, le sport permet de créer du lien social et leur permet de retrouver une vie un peu plus normale, dans la mesure où la maladie les a un peu dé-sociabilisés. Comme ils manquent un peu de repères, le sport est un vecteur de réinsertion. Voilà, mon projet aujourd’hui de développer cette activité, tout en restant bien sûr entraîneur, parce que c’est ma passion. Mais je préférais quand même être joueur qu’entraineur, parce qu’être entraîneur c’est un peu plus compliqué, mais arrivé à un âge, on n’a plus trop le choix. Je le dis encore aujourd’hui aux joueurs : continuez à jouer parce que c’est le plus beau poste dans un club.

     

    Est-ce que vous recherchez toujours des opportunités de pouvoir coacher à un plus haut niveau ?

    Oui, je suis à l’écoute et je suis toujours disponible. J’ai eu l’occasion de bouger, en tant que joueur, puis en tant qu’entraîneur entre Evian et la Bretagne, qui sont carrément à l’opposé. Je trouve que ce sont de bonnes expériences de bouger un petit peu, j’ai du mal à rester, même si là ça fait 4-5 ans que je suis en Bretagne. J’adore ma région, je suis fier de ma région, mais c’est vrai que j’aime bien découvrir et c’est aussi un challenge personnel de se retrouver des amis, de créer un petit cercle. Et professionnellement, c’est une remise en question sur le plan sportif. Donc si jamais il y a une opportunité, je suis à l’écoute.

     

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    Vous avez d’ailleurs été à Quimper en 2006 entraîneur avec Corentin Martins. Quel regard portez-vous sur son évolution dans la profession et qui l’a amené à être aujourd’hui sélectionneur de la Mauritanie ?

    C’est positif, parce qu’au départ, il n’était pas du tout porté sur le côté sportif, vraiment entraîneur. Lui il était plus sur le management, en tant que directeur sportif. C’est d’ailleurs le premier poste après sa carrière de pro, à Brest, en tant que directeur sportif. Je vois qu’il a évolué dans sa réflexion. A Brest, je sais qu’il a été parachuté 2-3 fois entraîneur par manque de résultats. Il avait donné un coup de main pour sauver le club, notamment en 2012 ou 2013, quand Brest jouait son maintien dans les dernières journées à Evian et il était entraîneur. Je pense qu’il a dû y prendre goût. Aujourd’hui avec le parcours qu’il a en Mauritanie, pays qui avait de courtes apparitions à la CAN, avec le projet de jeu, il a relevé un sacré challenge. Souvent on dit que ce n’est pas parce qu’on a été un bon joueur qu’on va être un bon entraîneur, mais lui il a allié les deux. Je suis content pour lui, il a l’air de prendre du plaisir. Je lis un peu ses articles et ses compte-rendus. Parce que c’est ça être entraîneur aussi : c’est 80% de problèmes et 20% de jeu. Même quand ça gagne, parfois, ce n’est pas suffisant.

     

    Lorsque vous étiez joueur, vous avez passé deux saisons aux Girondins avec notamment la montée au terme de la première saison. On imagine que cela doit rester un excellent souvenir pour vous ?

    Oui, en plus mon arrivée était un peu particulière car je jouais à l’époque au Stade Brestois en Ligue 1 et le club avait déposé le bilan. Et un jour, il y a Patrick Battiston, qui était directeur sportif, qui m’avait appelé à 7 heures du matin, j’avais été assez surpris. Je ne m’y attendais pas du tout, d’avoir un club comme Bordeaux qui m’appelle, même s’ils étaient descendus en Ligue 2 suite à des problèmes financiers. Je suis arrivé au mois d’octobre ou novembre, la saison avait déjà démarré. Ça a été un peu compliqué au tout début de faire sa place. Il y a avait un très bel effectif, Bixente Lizarazu, Jean-Luc Dogon, Christophe Dugarry, Arnór Gudjohnsen, Philippe Fargeon… et j’en passe et des meilleurs. Ça a été un petit peu dur parce que moi j’avais 20 ans à l’époque, j’étais sorti du centre de formation de Brest, j’étais triste que mon club soit liquidé parce que j’avais fait toutes mes belles années de formation là-bas. Ça a été dur à mettre en place mais finalement j’ai passé deux superbes années dans ce club qui pour moi était une institution. J’ai eu la chance d’évoluer auprès de très grands joueurs donc ça reste un très bon souvenir. On est remonté en Ligue 1, ensuite on finit dans les 4 premiers et je crois qu’à un moment donné, on n’était qu’à 2-3 points du premier. C’était un peu miraculeux parce que tout le monde voyait ça comme une saison de transition mais au final ça a été plus que ce que l’on espérait. Et on a croisé des joueurs incroyables, comme Zinedine Zidane ou un copain encore aujourd’hui qui est Stéphane Plancque, avec qui j’ai joué à Brest, Didier Sénac, avec qui j’ai joué à Toulouse aussi après. On s’est suivi en fait, j’ai dû faire 4-5 ans avec des joueurs que j’ai croisés à Bordeaux, comme Michel Milojevic ou d’autres. Ça ne reste que de très bons souvenirs. L’image de Bordeaux pour moi c’est celle d’une institution. Pourtant j’en ai fait d’autres après, Toulouse, Rennes, Nîmes mais à Bordeaux, on sentait que c’était un grand club. J’espère qu’ils retrouveront cette aura d’antan. C’est un club qui m’a marqué en tant que jeune et y arriver, ça avait été un réel bonheur.

     

    Lors de votre première année, vous disiez qu’il était difficile de s’intégrer. Dans le groupe, il y a eu beaucoup de départs (8), mais beaucoup d’arrivés (9 joueurs dont vous). Et des jeunes joueurs qui ont percé comme Bixente Lizarazu, Christophe Dugarry… Quelle était l’ambiance dans ce groupe ?

    C’était vraiment une très bonne ambiance et on jouait en Ligue 2 avec un équipe de Ligue 1. D’ailleurs, l’année d’après, il y a eu quelques recrues, mais l’ossature était la même, avec Gaëtan Huard, Didier Sénac, Jean-Luc Dogon, Stéphane Plancque… En plus à l’époque, on tombait face à une grosse équipe de Strasbourg qui jouait aussi la montée. Il y avait deux groupes à l’époque, c’était un chemin de bataille. Il n’y avait que le premier qui montait via des barrages, donc ça avait été une lutte assez acharnée parce qu’à Strasbourg, ils avaient aussi une équipe qui faisait dire à tout le monde que cela faisait bizarre de les voir là. Il y avait des effectifs sur ce championnat qui était très costauds. Mais on sentait vraiment que ce club-là n’avait rien à faire en Ligue 2. C’était un peu prétentieux quand on y était de penser ça. On a eu malgré tout des matches très difficiles, c’était un combat, on n’a pas tout gagné même si le championnat était quand même écrasé par deux équipes. Mais le souvenir que j’ai, c’est une équipe de Ligue 1 qui joue en Ligue 2, mais qui avait des matches de Coupe de France tous les weekends, parce que Bordeaux, ça représentait les années Jean Tigana, Alain Giresse, tout le passé, les coupes d’Europe, les matches à la télé. Et quand on se déplaçait, c’est vrai que les stades étaient souvent bien remplis.

     

    Zinedine Zidane joueur Bordeaux

     

    Lors de cette seconde saison, Zinedine Zidane qui arrive au club. Est-ce que l’on sentait déjà à l’époque que c’était un joueur vraiment à part ?

    Le premier entraînement que l’on a fait, c’était lors d’un stage dans le sud de la France. A la fin, on a fait une séance d’entraînement, il y avait tout l’effectif, genre 25-26 joueurs, certains étaient sur le départ. Le coach avait proposé un grand jeu, comme une cour d’école et on a vu quelqu’un prendre le ballon et dribbler tout le monde : c’était Zidane. Il y avait quelque chose de différent dans ce joueur mais on ne savait pas bien évidemment qu’il aurait une carrière aussi remplie. Au fil de la saison, on a découvert un joueur plus que talentueux, tout le monde le voyait. Après, il a franchi un cap quand il est parti en Italie, sur la répétition des efforts et être plus constant dans ses matches. Mais déjà à l’entraînement ou au match, on sentait qu’il était au-dessus du lot. Il avait une aura, une prestance sur le terrain qui faisait de lui un leader naturel. Il est un peu comme dans la vie de tous les jours, ce n’était pas quelqu’un qui prenait facilement la parole ou qui parlait fort, mais sur le terrain, il était là. Il avait quelque chose, il était béni des dieux, parce qu’il a eu de la réussite, il est allé la chercher. Je suis content parce que c’était un bon mec, on avait envie de l’encourager quand il est arrivé car c’était un des plus jeunes. Il s’est vite mis avec les Bixente Lizarazu et Christophe Dugarry car ils étaient en France Espoirs ensemble. On ne savait pas qu’à 20 ans, il allait faire cette carrière mais il avait beaucoup de choses de plus que les autres, il faut le reconnaître.

     

    Cette seconde saison, vous avez joué 40 matches et inscrit 6 buts. Quels souvenirs gardez-vous de cette dernière saison aux Girondins et de votre départ à Caen ?

    La saison a été superbe. Il y a eu une saison d’adaptation quand on était en Ligue 2, parce que j’étais arrivé en cours de saison, même si j’ai joué, il y avait une équipe qui était en place, ça tournait bien donc forcément, j’ai eu un peu de mal à trouver mes repères. Et la deuxième saison, je l’ai sentie aboutie, j’ai été souvent titulaire, j’ai fait une quarantaine de matchs, j’ai mis 6 buts. Il y avait Dugarry, Valdeir et peut-être Zidane qui avait fait mieux. J’étais assez jeune, j’avais 22 ans donc j’étais content de ma saison. Après, j’ai été déçu parce que lors de l’avant dernier match, je me suis fracturé le pied à Lescure contre Le Havre et ensuite dans l’intersaison, les dirigeants voulaient Stéphane Paille. Ils sont entrés en contact avec Caen et Caen souhaitait plus ou moins un échange et c’est moi qui me suis retrouvé dans l’échange. Je n’étais pas trop content, parce que déjà blessé, ça ne me plaisait pas trop de partir du club et en plus aller à Caen et quitter Bordeaux, ce n’était pas forcément une promotion. Les dirigeants ont fait un peu le forcing pour que j’accepte et pour que Stéphane Paille puisse venir parce qu’à l’époque, c’était Jeandupeux qui était à Caen, souhaitait ma venue. Ça s’est fini un peu en queue de poisson. Il me restait 4 ans de contrat donc j’ai été prêté à Caen, je suis revenu ensuite, peut-être un mois pour la préparation, c’était Toni, un entraîneur portugais, qui ne me connaissait pas. Du coup, je suis parti à Toulouse pendant 4 ans avec Roland Courbis, Didier Sénac, Stéphane Plancque. Donc voilà comment ça s’est fini, bien, parce que les dirigeants, j’ai de bonnes relations avec eux, mais j’aurais souhaité continuer car partir n’était pas mon choix.

     

    C’était l’année d’ailleurs où Alain Afflelou prend la Présidence du club, et où Gernot Rohr était à la tête de l’équipe. Quels souvenirs gardez-vous de ces deux hommes ?

    De l’entraîneur, un très bon souvenir. C’est vrai que ça avait été un peu compliqué au début, car Gernot est un allemand avec la rigueur que l’on connait, dans les entraînements, la façon de coacher. Il n’était pas froid mais c’était quelqu’un qui avait son équipe, il n’était pas demandeur parce que son équipe marchait très bien. Le fait que moi je me retrouve libre, après un dépôt de bilan, il n’y avait pas d’indemnités, même si les transferts de l’époque n’étaient pas comme aujourd’hui. Il y a eu un petit temps d’adaptation, mais j’en garde un super souvenir car la deuxième partie de saison, j’ai joué. C’était quelqu’un de très rigoureux, de sérieux et d’honnête. Quand il avait quelque chose à dire,  il ne prenait pas de chemin détourné, il parlait directement, j’en garde un très bon souvenir, d’autant plus qu’en fin de saison, j’étais de nouveau titulaire donc ça jouait beaucoup. Mais il a su faire la part des choses et ne pas se braquer en se disant qu’il n’avait pas forcément besoin d’un attaquant supplémentaire et qu’il avait ce qu’il fallait. Donc pour moi, ça s’est bien passé avec lui.

    Après, Alain Afflelou, c’était un dirigeant qui arrivait dans le monde du foot. L’image de Bordeaux lui allait bien, il était content de prendre la suite d’un grand club. Il nous a emmené en Israël, à Jérusalem pour montrer qu’il était fier de son club. J’ai senti une personne qui gérait de bons contacts et qui était très proche des joueurs, mais un président pas comme ceux que j’ai connus, François Ivinec, Claude Bez ou Bernard Tapie. Lui il laissait les coudées franches à son entraîneur qui était Roland Courbis et c’était tant mieux. Il venait à tous les matches, c’était un président proche de ses joueurs mais pas de ceux qui tapent du poing, même si à l’époque, il n’y avait pas spécialement besoin. Voilà l’image que je garde de ces deux personnes, de bonnes personnes avec des résultats et c’est ce qu’il faut retenir.

     

    Ronan Salaun
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    Est-ce que vous suivez encore les Girondins de Bordeaux aujourd’hui, et quelle image en avez-vous ?

    L’image, elle est toujours positive. Je suis en tant que supporter un peu déçu, parce qu’à l’époque, Bordeaux faisait partie des deux premiers clubs voire était le premier club français. Avant c’était Marseille, Bordeaux et un peu Nantes de temps en temps. Ils étaient vraiment dans les 3-4 meilleurs clubs français et aujourd’hui, on sent qu’ils ont du mal à retrouver cette place qui était la leur avant, dans les années 80-90. Quand j’ai été contacté par eux, je n’ai même pas hésité, j’étais fier. Aujourd’hui, on les voit moins dans les médias, à la télé dans les matches du dimanche. On sent que le statut d’un des meilleurs clubs français a un petit pu disparu. On a l’impression que cela devient un club dans les 10 premiers tous les ans, mais qui ne fait jamais d’exploit, il n’y a jamais de vague. Donc un peu déçu qu’il n’y ait pas plus, je ne vais pas parler d’ambition, parce que je ne vais pas critiquer les gens qui sont en place mais on ne sent pas un club qui a vraiment envie de retrouver le haut niveau qu’ils avaient dans le passé. C’était vraiment un club phare, quand ils jouaient la Juventus de Turin, quand ils ont fait des épopées en Coupe d’Europe, c’était vraiment un club qui faisait rêver tous les gamins et aujourd’hui, je ne suis pas sûr qu’ils soient à cette place-là.

     

    Qu’est-ce que vous pensez d’avoir été racheté par un fonds d’investissement américain ?

    C’est que les rachats comme ça, on avait vu avec M6, tout le monde nous avait dit « ça va être le grand club, ils vont faire ci, ils vont faire ça » et à l’arrivée, il y a rien eu. Après, il y a Marseille aussi qui a été racheté, c’était pareil au début, ils ont injecté des sommes faramineuses et en fin de compte, Marseille n’a jamais été aussi mal. Donc il faut toujours être méfiant lorsqu’il y a des gens qui arrivent comme ça. Je pense maintenant qu’on est dans un football business aussi et les gens qui viennent, ce n’est pas spécialement pour perdre de l’argent, c’est souvent pour en gagner. Il faut être méfiant, mais c’est vrai que quand on voit les grands projets sur 5-6 ans et que les saisons, ils ont du mal à les finir, c’est toujours un peu délicat de juger avant mais il faut voir. Je suis ni pour ni contre mais je suis en attente de résultats.

     

    Qu’est-ce que vous pensez du début de saison des bordelais ?

    Il est plutôt bien ! C’est dommage qu’il y ait eu quelques points perdus, notamment contre Brest où je pense que les matches comme ça, il aurait fallu les gagner pour avoir quelques points. On voit que c’est une équipe qui est en place et qui en plus marque des buts. Il y a plutôt du positif en comparaison à l’année dernière où les gens s’ennuyaient parce qu’il n’y avait pas de jeu. Maintenant, il y a une équipe qui joue beaucoup plus vers l’avant et qui fait des résultats. Le début de saison au sein du club est un peu en dents de scie mais on sent vraiment qu’il y a un potentiel pour faire une belle saison.

     

    Que pensez-vous des attaquants bordelais si vous les avez vus jouer, qui sont donc à votre poste : Jimmy Briand, Nicolas De Préville, Josh Maja, François Kamano…

    C’est souvent ces joueurs-là qui ressortent, sans regarder les matches du début à la fin, quand on voit les résumés, c’est soit les gardiens qui prennent un but, soit les attaquants qui marquent. Le focus est un peu là-dessus. Je connais Jimmy Briand parce qu’il était un peu en Bretagne à Guingamp avant, c’est un joueur qui a bougé un peu. Offensivement, c’est vrai qu’il y a de très bons joueurs, mais ce que je reproche à Bordeaux, c’est qu’il n’y a plus de vraie star. Avant dans ce club-là, il y a eu des stars françaises, bien évidemment, mais aussi des stars étrangères. Maintenant les étrangers arrivent par 10 ou 15 dans les clubs mais il faudrait 2-3 joueurs au top niveau, avec le centre de formation et les jeunes qu’ils ont autour, ils pourraient construire une équipe qui pourrait remonter vite fait dans les 4-5 premiers, voir 2-3 premiers clubs français. Après c’est aussi une question de moyens, les salaires aujourd’hui sont vraiment mirobolants. Mais c’est vrai que c’est ce qui manque un peu à Bordeaux, ça fait un moment qu’il n’y en a plus beaucoup. Voilà un peu le regard que j’ai de l’extérieur, ce n’est pas une critique mais je souhaiterais que Bordeaux reprenne la place qui était la sienne lorsque j’y étais : un club phare français qui faisait rêver les jeunes.

     

    Ronan Salaun
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    Vous qui avez joué à Bordeaux et à Toulouse, est-ce qu’il y avait vraiment une rivalité importante pour ce derby de la Garonne ? Que vous soyez du côté bordelais ou toulousains.

    Oui, j’ai fait les deux. J’ai joué à Bordeaux contre Toulouse, notamment un match qui avait été rejoué suite à une erreur d’arbitrage. J’ai senti de la rivalité surtout du côté toulousain, plus que du côté bordelais. Bordeaux avait beaucoup plus de résultats, ils jouaient l’Europe régulièrement, même si Toulouse l’a fait aussi, mais il y avait quand même des saisons à l’époque où Toulouse se battait pour ne pas descendre, alors que Bordeaux jouait les premiers rôles. La rivalité, je la sentais plus toulousaine : le petit contre le grand, mais jamais sans débordement. Les supporters toulousains sont autant voire plus rugby que foot donc il n’y a pas forcément autant de ferveur que pour les Girondins. Mais c’est vrai que le derby de la Garonne était toujours suivi mais sans animosité. Il y a eu beaucoup d’échanges entre les deux clubs, avec des joueurs qui ont joué des deux côtés. Mais c’était un match à part, les stades étaient pleins. La rivalité je l’ai donc sentie plus toulousaine que bordelaise parce que pour Bordeaux, la rivalité c’était Marseille.

     

    Comment voyez-vous cette rencontre de samedi entre vos deux anciens clubs ?

    Je pense que ça va être ouvert, à l’image du championnat. On voit des petites équipes qui gagnent contre Paris, un club de Rennes qui part sur trois victoires et qui depuis fait un peu du surplace, c’est ouvert. Bordeaux et Toulouse, sur un match, on sait bien que tout peut arriver. Après, au vu du début de saison, on sent bien les bordelais plus constants avec plus de force. Mais Toulouse, depuis des années, se bat chaque année pour ne pas descendre, chaque point est compté. C’est une équipe qui prend rarement des scores fleuves, ils s’accrochent à chaque fois. Je dirais que Bordeaux a un petit avantage au départ mais c’est à Toulouse donc ça leur donne aussi un avantage de les recevoir. C’est ouvert. J’aime bien l’entraîneur du TFC parce que j’ai joué avec lui justement à Toulouse, Alain Casanova. Et Toulouse c’est un bon club, j’ai passé 4 ans là-bas, c’était vraiment sympa… mais ce n’était pas le club de Bordeaux non plus…

     

    Un très grand merci à Ronan pour le temps qu’il nous a accordé, ainsi que sa passion, ses souvenirs et sa simplicité, qu’il nous a communiqués.

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