InterviewG4E. Découvrez qui est Bruno Fievet, potentiel repreneur des Girondins de Bordeaux en cas de désengagement de King Street

    Lundi, alors que les rumeurs d’une sortie de GACP au profit de King Street faisait grand bruit, Sud Ouest sortit une information sur l’intérêt d’un éventuel repreneur des Girondins de Bordeaux, en cas de désengagement du fonds d’investissement majoritaire du club. Cet éventuel repreneur, Bruno Fievet, n’est pas un inconnu de l’environnement du FCGB puisqu’il a notamment été Ambassadeur des Girondins en Suisse, au moment où Stéphane Martin était Président. Ingénieur en informatique et banquier, Bruno Fievet, aujourd’hui âgé de 50 ans, est à la tête de sa société, The Key SA, basée en Suisse, même s’il a un pied à terre en Gironde. Il s’occupe notamment de la gestion de portefeuilles de clients fortunés à travers le monde, principalement en Suisse et au Moyen-Orient. Pour l’instant, pour que l’on soit tout à fait clair et transparent, il n’y a évidemment aucune démarche de faite puisqu’il faut attendre officiellement que King Street se positionne en tant que vendeur. C’est pour cela que ce projet de rachat, mûri depuis des années dans l’esprit de Bruno Fievet, ne peut être encore totalement détaillé, mais il va en donner les très grandes lignes, tout en communiquant sa passion et son amour pour les Girondins de Bordeaux, que vous ressentirez à travers la lecture de chacune des lignes ci-dessous. D’un naturel bavard, mais extrêmement agréable à écouter, vous allez découvrir, plus que de la forme, énormément de fond. Nul doute que chacun de vous se reconnaîtra dans la majorité de ses propos. Nous vient alors la satisfaction que des amoureux du club, qui ont envie de faire bouger les lignes pour qu’il perdure et grandisse encore, existent toujours bel et bien aujourd’hui.

    Cet entretien est disponible dans cet article de manière manuscrite, ou en audio en cliquant sur le player ci-dessous.

     

     

    Bruno, pouvez-vous vous présenter pour les personnes qui ne vous connaissent pas ?

    Oui, et je pense qu’elles sont nombreuses (rires). Mon nom est Bruno Fievet, je suis originaire d’Amiens, en Picardie, mais je suis un amoureux des Girondins depuis que j’ai 8-9 ans. J’ai une carrière assez atypique puisque j’ai commencé ma vie comme prof, après avoir fait mes études dans l’informatique et les mathématiques. Puis une maîtrise de STAPS, donc je connais assez bien le domaine du sport. Après ça, j’ai été prof d’informatique dans un lycée à Amiens, où j’avais une illustre collègue qui s’appelait Brigitte Macron. Mais ma carrière sportive s’est faite lorsque je jouais au Amiens FC, pendant 2-3 saisons. J’ai malheureusement eu une blessure à 22 ans, une fracture de la rotule et je n’ai pas pu continuer à jouer. J’ai ensuite été éducateur, j’ai entraîné des U17, et des plus petits, puis dans des clubs de niveau régional, jusqu’à mes 30 ans. Après mes 30 ans, j’ai arrêté l’enseignement et je suis parti en Suisse. Je ne suis pas franco-suisse comme ça a pu être marqué, je suis purement français et très fier de l’être. Mais oui, ça fait maintenant plus de 18 ans que je vis en Suisse. J’ai une carrière qui a plutôt pas mal bougé et je suis depuis 10 ans dans la finance. J’ai d’abord travaillé dans des banques, comme HSBC, avant de créer ma propre société. Je me vois plus aujourd’hui comme un entrepreneur que comme un financier. Bien sûr, je suis dans la finance, j’ai beaucoup de clients, ça marche bien, j’ai plutôt une bonne réussite professionnelle, mais ce que j’aime, ce sont les projets, c’est bâtir. Je suis le meilleur, je pense. Voilà donc un peu le portrait de la personne. Amoureux depuis tout petit des Girondins, dès que j’ai pu, je suis venu voir des matches. Dans le Virage Sud lorsque j’étais plus jeune, et puis maintenant, j’ai fait un peu tout le tour du stade on va dire.

     

    Justement, d’où vous est venue cette passion pour les Girondins ? 

    L’amour des Girondins est venu de l’époque de 1978. Je commençais à m’intéresser au foot, j’avais 9 ans. Je regardais les matches de l’Equipe de France et il y avait un petit, que tout le monde adorait et qui s’appelait Alain Giresse. J’ai commencé à le suivre et comme Alain Giresse jouait à Bordeaux, j’ai commencé à suivre Bordeaux. Ce n’était pas la période la plus faste pour les Girondins mais ça allait commencer, puisque 3-4 ans après, on allait avoir une grosse équipe. Je les ai toujours suivis, j’ai adoré tous les joueurs de cette période, que ce soit Giresse, que ce soit Marius Trésor, qui est devenu un ami par la suite, que ce soit Gernot Rohr, René Girard, Dominique Dropsy… Je garde de cette époque un très grand souvenir. Puis, à travers tous les âges, j’ai toujours adoré cette équipe. Je ne loupe jamais un match, même quand je suis en déplacement à l’étranger, parce que je voyage beaucoup, soit à la télévision, soit à la radio, quand je ne peux pas le voir. J’ai été fan de toutes les périodes, quand c’était la période avec Gaëtan Huard, Duga, Liza… Tous ces joueurs, Zizou, ce sont des joueurs qui m’ont marqué et que j’ai adoré. Et puis ceux plus récemment, avec le dernier titre. C’est venu un peu comme ça par hasard, en adorant un joueur qui crève l’écran et qui en plus est super sympa. Et puis vous suivez son équipe et vous devenez fan de l’équipe et ça ne vous quitte jamais, ça vous colle à la peau.

     

    En 2007, vous avez pris le rôle d’Ambassadeur des Girondins de Bordeaux en Suisse, c’est bien cela ?

    C’est une histoire un peu particulière. C’est-à-dire que j’ai toujours eu pas mal d’idées, de choses que j’aurais voulu développer avec les Girondins, comme beaucoup de supporters. On a tous ce rêve à un moment de faire partie de la famille des Girondins. J’avais essayé d’approcher le président Jean-Louis Triaud à l’époque mais il n’y a pas eu de suite. On s’est trouvé plus d’affinités finalement avec Stéphane Martin. C’était un projet donc que j’avais proposé à Stéphane Martin, celui des Ambassadeurs. On en a parlé, je lui ai montré un petit cas d’étude et il a adhéré au projet. Ça s’est concrétisé, on a commencé à faire quelques manifestations. On n’en a pas fait beaucoup parce que malheureusement Stéphane Martin n’est pas resté longtemps à la tête des Girondins. Et durant sa deuxième année, ça a dû être compliqué sachant qu’il y avait ce projet de reprise par les américains et qu’il sentait bien que les choses étaient en train de bouger. On n’a pas pu mettre en place tout ce qu’on avait espéré faire mais de tous ces projets des Ambassadeurs sont nés de belles choses et je pense qu’une des plus belles a été celui de Ludo, aux Etats-Unis, avec le projet des féminines. Ça a été concrétisé par le voyage des féminines l’année dernière à New-York. Ce projet d’ambassadeur avait toute légitimité et cela permettait à la fois d’avoir un lien avec le club et de proposer des choses au club, car il faut savoir que l’on n’était pas du tout rémunéré pour ce que l’on pouvait apporter. Ce n’était l’idée d’aucun des Ambassadeurs, c’était pour faire partie de la famille, de pouvoir apporter quelque chose. On a eu Séb, à Munich, qui faisait des manifestations également… Il y a pas mal de choses qui ont été faites et je suis très heureux d’avoir été à l’origine de ça. Je pense que c’est quelque chose qui aurait pu perdurer et je ne vous cache pas que depuis que l’équipe dirigeante actuelle est arrivée, nous n’avons pas eu l’occasion de se retrouver et de développer cette activité-là. Mais ça a été quelque chose d’intéressant qui m’a permis de rencontrer des personnes superbes dans le club, que ce soit des salariés ou des anciens joueurs, donc c’est un lien fort pour moi, qui me touche beaucoup.

     

    Si vous êtes d’accord, nous allons commencer à parler de la situation actuelle du club. Vous avez certainement vu les événements qui ont eu lieu lors du match face à Nîmes ayant provoqué l’interruption du match durant près de 25 minutes. Cette action des Ultramarines est la conséquence de semaines de tensions entre supporters et la direction du club. Quel est votre avis sur cette situation ?

    Mon avis propre qui donc n’engage que moi, c’est que ça n’aurait jamais dû arriver et que ça ne devrait jamais arriver dans aucun stade de foot… sans pour autant incriminer les supporters. Dans une démocratie, chacun devrait avoir le droit de s’exprimer et les supporters ont réclamé ce droit à s’exprimer, à travers un bras de fer hors du temps comme cela s’est passé mardi soir. Malheureusement, cela ne donne pas une bonne image des Girondins et du foot en général, mais je peux comprendre la frustration qu’ils vivent. Tout ça est né à mon avis d’un manque de communication et d’incompréhensions entre les différentes parties. Moi, j’ai fait partie du Virage Sud à une autre époque. C’est vrai qu’il y a une telle ferveur, un tel amour pour le club, je peux comprendre leurs frustrations, bien que j’aurais aimé ne jamais voir ça à Bordeaux. Pour moi, Bordeaux c’est un club très sain, familial, j’ai toujours connu les Ultras encourager et voir ça, ça m’a beaucoup peiné. Après, en prenant du recul, si je me positionne avec mon projet dont on parlera tout à l’heure, c’est sûr que c’est image que j’aurais préféré ne pas voir. Car pour tout investisseur dans le football, ce sont des images que l’on n’a pas envie de montrer. Les gens qui gèrent de l’argent ont toujours envie que ce soit quelque chose de propre, où tout se passe bien. La situation actuelle est vraiment compliquée pour tout le monde, au sein du club notamment. Il existe un vrai flou artistique qui est en train de se régler, d’après ce que j’ai vu, puisqu’un accord aurait été trouvé entre la GACP et King Street pour le désengagement du premier. Mais je pense que depuis le début du projet, on sent qu’il y a quelque chose qui ne va pas. On en reparlera, mais concernant mon projet, il faut savoir que ce n’est pas un projet que j’ai eu lundi matin, parce que vendredi dernier, j’ai entendu dans la presse que la GACP voulait se désengager. C’est un projet que j’ai déjà depuis longtemps, mais si j’ai toujours mon projet en tête c’est parce que j’ai senti qu’il y avait quelque chose que je ne sentais pas dans ce projet actuel. Si on se place d’un point de vue purement institutionnel, vous ne pouvez pas avoir un actionnaire qui a 15% qui est « gérant du club » et que celui qui est propriétaire n’a pas son mot à dire dans le club. Il n’y a aucune société où cela pourrait marcher. Celui qui détient le club est celui qui détient les parts. Quand M6 était au pouvoir ils avaient 100% ou 90% des parts du club et du coup, il n’y avait pas de discussions possibles. Là, la configuration de base ne pouvait être jouée dès le départ. En plus de cela, je pense qu’il y avait une vraie méconnaissance du monde du football, de la France et de Bordeaux. Je pense qu’il y a eu un amalgame qui a été fait entre faire de l’argent dans le foot, avec des modèles comme on pourrait trouver en Angleterre ou ce qui se fait à Paris. Mais la France, ce n’est pas l’Angleterre et Bordeaux, ce n’est pas Paris. Je pense que le projet bordelais ne devait pas être celui-là et c’est pour ça que depuis le départ, j’ai eu ce sentiment-là. J’ai continué à travailler sur un projet en me disant qu’un jour – et je n’aurais jamais imaginé que ça vienne si vite – qu’un jour, j’aurais peut-être l’opportunité de me positionner.

     

    Comment vivez-vous la situation aujourd’hui justement au club qui, bien que le sportif fonctionne, serait dans une difficulté au niveau des actionnaires, et où la rumeur court que King Street serait prêt à revendre le club rapidement ? En parallèle, Frédéric Longuépée disait encore mardi “Comme vous le savez, King Street est l’actionnaire majoritaire du club, il est engagé aux Girondins de Bordeaux pour longtemps”.

    Je ne connais pas Monsieur Longuépée, je l’ai eu une fois par mail, c’est tout. Je pense qu’il ne peut pas avoir un autre discours. D’abord parce que même si un accord a été trouvé aujourd’hui entre GACP et King Street, cet accord devra être entériné. Je pense qu’il va être vu par des avocats avant d’être signé et cela va prendre du temps. Donc le désengagement de la GACP doit être le préliminaire à toute autre discussion sur l’avenir de King Street aux Girondins de Bordeaux. Que ce soit de rester ou partir et vendre. La deuxième chose, c’est si on a bien compris et de source bien informée, je pense avoir bien compris, que ce qui est reproché à la GACP par King Street, c’est le niveau de vie et la dette qui se creuse. Le niveau de vie, c’est-à-dire au Château, les salaires de joueurs, pas dans les investissements de joueurs, ça on l’a tous remarqué. Mais en tout cas, dans leurs salaires, dans les salaires administratifs, peut-être dans les frais liés aux nombreux déplacements des personnes au club qui ne sont pas si souvent au club que ça. Je pense qu’il y a eu un amalgame qui fait que les Girondins de Bordeaux vivent aujourd’hui au-dessus de leurs train de vie. Et je pense que King Street a voulu reprendre la main et ça en soit, ce n’est pas du tout une mauvaise chose. Parce que même si le sportif va plutôt bien, je pense qu’il n’y a aucun supporter qui ne sera pas d’accord avec moi et qui a envie d’un dépôt de bilan ou un rappel de la DNCG qui refuse un recrutement potentiel à la fin de la saison. La seule méthode pour y arriver c’est de réduire les frais, la voilure, pour que la masse salariale soit en cohérence avec le budget. Donc la reprise en main de King Street ne me surprend pas, elle est légitime. Après, le porteur du projet c’était GACP. Donc King Street n’a pas pour vocation de rester dans le football. King Street, c’est un fonds d’investissement américain, c’est-à-dire que ce sont des retraites, des personnes qui ont confié leur argent, ce sont des investissements. Le modèle des fonds d’investissement est de gagner de l’argent, voire d’en perdre sur des durées courtes, délimitées. Donc à terme, King Street voudra partir. Après est-ce que ce sera dans 6 mois, 1 an, 2 ans, ça je ne sais pas. Il y a des supporters qui m’ont contacté pour savoir si je pensais que la vente pouvait être faite avant le mercato d’hiver. C’est impossible. Un projet d’acquisition, ça dure plusieurs mois, il y a de longues discussions sur les montants. Il y a des audits sur la dette, sur les contrats des joueurs. Il y a énormément à faire. Et qui dit audit, dit engager des cabinets d’audit qui eux ne sont pas forcément pressés. Vous savez comment ça marche, c’est long. Je pense que King Street pourrait se désengager pour la fin de saison. Ça a un gros impact car si comme on peut l’entendre, la dette a été creusée au niveau des Girondins, qui est plus importante que celle que l’on prévoyait, ils ne vont pas avoir 36 solutions. La première est de remettre de l’argent. C’est une solution mais je ne les vois pas faire ça aujourd’hui. La deuxième est la vente de joueurs lors du mercato, ce qui pourrait avoir un impact sur le sportif pour la deuxième partie de saison. Tout va bien sur le sportif aujourd’hui, on est tous contents, ravis, hyper excités d’être sur le podium. En plus, avec l’ennemi juré en 2 et le PSG qui n’est pas loin d’être le deuxième ennemi juré, même si pour moi c’est encore Lyon qui est au-dessus… Quand vous avez un podium Paris-Marseille-Bordeaux, c’est très excitant. Et le match à Marseille dimanche prend une dimension comme on ne l’a pas vue depuis longtemps. Il y a vraiment quelque chose qui s’est créé autour du sportif. C’est certainement une réussite que l’on peut attribuer à GACP et King Street, d’avoir réussi à reconstruire un groupe, une dynamique. On le doit beaucoup au staff technique en place. Ils sont quand même allés chercher des personnes qui aujourd’hui sont là, réussissent. Je pense qu’on n’était pas beaucoup, moi y compris, à connaître Josh Maja il y a un an quand ils sont allés le chercher et on voit aujourd’hui que c’est plutôt une réussite. C’est facile de dire ça aujourd’hui que vendredi dernier car il vient de mettre 4 buts en deux matches. Mais on voit qu’il a un certain potentiel, qu’il mouille le maillot et qu’il semble apprécier le club. Il a les gestes qui vont avec ça, il embrasse le maillot, le scapulaire. Ce sont des signes forts pour les supporters, le Virage. Je pense que cela fait partie des belles réussites. Il y a eu d’autres couacs. J’ai détesté les mois de Juillet et Août. Les résultats n’étaient pas terribles mais ce que j’ai détesté c’est le loft. Parce que pour moi, lorsque vous avez choisi de venir aux Girondins de Bordeaux, on vous empêche de vous entraîner avec l’équipe première, on peut se dire, qu’il y avait des gens qui n’avaient pas fourni d’efforts suffisants. Mais dans le loft, il y avait des joueurs qui étaient des grands titulaires, qui n’avaient pas vraiment déçu aux Girondins. J’ai eu beaucoup de mal à vivre cela, connaissant notamment quelques joueurs qui étaient dans le loft, je n’ai pas aimé cette situation. Et aucun club professionnel ne devrait avoir un loft car c’est compliqué pour les joueurs et pour les coéquipiers qui s’entraînent. On sait très bien que Younousse Sankharé est très pote avec Nicolas De Préville, je pense que pour De Préville, ça a dû être très dur de ne pas voir son pote s’entraîner. Je n’ai pas aimé cette gestion du sportif aux Girondins depuis que le projet a démarré. A côté de ça, il y a de très bonnes choses qui ont été faites. Je pense que la cellule recrutement a bien été améliorée, en tout cas on a augmenté le nombre de scouts. Et on va peut-être dans des zones où on n’allait pas avant. Je pense qu’il y a de bonnes choses qui ont été faites au niveau de la formation également. Ce sont des choses positives pour le club.

     

     

    Sud Ouest a révélé votre nom pour un éventuel rachat des Girondins de Bordeaux, qui parle même d’une envie de votre part de vous positionner. Qu’en est-il réellement ? Y a-t-il des démarches qui ont été entreprises ?

    Pour être acheteur, il faut qu’il y ait un vendeur. C’est aussi simple que ça. Aujourd’hui, King Street n’a pas manifesté l’envie de vendre. S’ils se prononcent, dans un mois, dans un an, dans deux ans, dans cinq ans, oui, je serai un candidat à la reprise des Girondins de Bordeaux. C’est un rêve que j’avais déjà il y a deux ans, c’est un rêve que j’ai toujours aujourd’hui, et c’est un rêve que je porterai tant que j’en aurai les capacités physiques et mentales. C’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. Ce n’est pas un projet qui sort d’aujourd’hui, j’en avais parlé déjà avec Stéphane Martin il y a deux ans. Malheureusement, M6 était déjà trop avancé dans les négociations avec GACP. Ils n’avaient pas fermé la porte, mais ils n’avaient pas souhaité aller plus loin dans ce dossier. C’est quelque chose qu’on porte depuis longtemps et on a continué à le porter parce qu’ils ne se sont jamais cachés qu’ils étaient là pour une durée assez courte. Cinq ans, ça a toujours été la durée dans laquelle ils se sont engagés. Après, forcément, oui, je suis candidat. Mais aujourd’hui je ne suis pas un candidat qui est prêt puisqu’on s’était mis un timing à trois-quatre ans pour acquérir les Girondins. On s’était dit ‘quand ils voudront sortir, on viendra’. Tout ça a accéléré un peu les choses. Sud Ouest a décidé de sortir cette information. Je parlais déjà avec Nicolas Le Gardien (journaliste et correspondant à Sud Ouest) depuis de nombreux mois, tout comme j’ai parlé avec des collectivités locales, des anciens au niveau de l’administratif, des anciens sportifs des Girondins, des agents, des entraîneurs… Tout ce qui est écrit dans Sud Ouest à ce propos est juste. Simplement, ce n’est pas qu’on vient de sortir du bois. Je ne voulais pas qu’on sorte l’information lundi soir. J’avais toujours dit à Nicolas Le Gardien que le jour où ils annonceront qu’ils sont vendeurs, alors je me positionnerai comme un potentiel acheteur. Et être un potentiel acheteur, ne veut pas dire être l’acheteur. Ça dépendra à quel montant ils veulent vendre, quelle dette ils laissent, quels actifs joueurs vont rester… Vous comprenez qu’il y a tout un environnement économique qu’il faut analyser. Mais l’envie d’y aller, oui, elle est là, à 200% là. Je dis ‘on’ parce que forcément, j’ai des personnes qui me suivent et je n’ai pas du tout envie que leurs noms sortent. Mais oui, on a envie d’y aller, de réussir ce projet, parce que ce qui nous différencie du projet existant c’est qu’on est des amoureux de Bordeaux. Il n’y a pas un autre club en France que j’aimerais acheter. Vous me dites demain ‘Saint-Etienne est à vendre, le RC Lens’, qui sont de magnifiques institutions également, mais j’ai zéro intérêt pour ces clubs-là. Si un jour je vais quelque part, ce sera à Bordeaux, sinon je continuerai à jouer au golf comme je le fais, et à m’occuper de mes affaires. Le projet est un projet ‘Girondins’. S’il se fait dans six mois, on fera tout pour être présents dans six mois. S’il se fait dans deux ou quatre ans, on fera tout pour être présents dans quatre ans. Ce que l’on veut, surtout, c’est le bien du club. On veut que le club continue à se développer. On veut que le club au niveau sportif réussisse. Si King Street en est capable, félicitations à eux. S’ils veulent passer la main, on sera candidats et certainement avec d’autres ; je pense que je ne suis pas le seul intéressé par les Girondins. C’est un joyau, la ville est pour moi la plus belle qui existe au monde, la région est juste incroyable. Cela va forcément intéresser d’autres personnes que moi. Tant mieux, il faut de l’émulation, de la compétition aussi à ce niveau-là.

     

    Par rapport aux chiffres qui sont annoncés par Sud Ouest, à savoir 100 millions d’euros (rachat + investissement), ce sont des chiffres que vous ne pouvez forcément pas confirmer aujourd’hui après ce que vous venez de nous dire…

    Non, on ne peut pas confirmer ça, parce que cela voudrait dire qu’on connait le prix du rachat. Et cela voudrait aussi dire qu’on connait le prix de la dette. Dans les deux cas, on n’a pas cette information. Après, on peut toujours se projeter. On peut toujours dire que si le club se vendait 50 millions d’euros et qu’il y avait très peu de dettes, peut-être qu’on aurait l’envie d’aller mettre 100 millions d’euros. Mais attention, ne prenez pas ce que je vais dire pour une vérité, on aurait peut-être aussi l’intention d’en avoir 400 parce qu’on voudrait racheter le stade… Parce que c’est aussi un autre problème qu’il y a aux Girondins en ce moment. Ne pas être propriétaire de son stade… Ça met très mal à l’aise les collectivités, il y a le problème avec SBA qui a du mal aussi à se positionner. J’ai vu que SBA préférerait à la limite que les Girondins aient des plus mauvais résultats car ça leur donnait plus de marge pour organiser des manifestations. On voit bien que dans ce trio (collectivité, Girondins, SBA), il y a quand même des intérêts qui ne sont pas convergents. Donc à un moment donné, il faudra parler du stade, il faudra voir comment les Girondins peuvent devenir propriétaires de leur stade. Je ne dis pas que j’ai la solution, mais c’est quelque chose sur lequel je voudrais travailler.

     

    Pour avoir un peu plus de transparence – même si on maîtrise un peu moins bien le sujet par rapport aux finances que vous – comment ces fonds seraient apportés ?

    Je ne peux pas trop vous en dire, mais je vais quand même vous en dire assez pour que vous puissiez comprendre. Vous pourrez certainement valider ça avec des gens qui viennent de la finance comme Stéphane Martin. Il y a deux types d’investisseurs, enfin trois. Le premier, c’est le mécène. Celui-là, j’adorerais pouvoir l’être, j’adorerais avoir trois milliards et dire que je mettrais directement 500 millions dans les Girondins. J’ai vu sur certains sites que certains disaient que je n’étais pas assez ‘gros’, et je pense qu’ils ne parlaient pas de mon physique (rires), mais de mon portefeuille. Je ne suis pas un mécène, je n’ai malheureusement pas l’argent, et si je l’avais, oui je mettrai, en plus de tout mon amour, certainement tout mon argent dans les Girondins. C’est un type d’investisseur et aujourd’hui, je n’en connais pas qui se soit montré intéressé par les Girondins. Ensuite, il y a les fonds d’investissement tels que les fonds qui sont aujourd’hui les propriétaires des Girondins. Ces fonds-là, c’est un peu compliqué parce que finalement, c’est l’argent du contribuable. C‘est l’argent des retraités, des petits salariés, etc. Tout cet argent, ils l’investissent dans plein d’instruments financiers différents. Le club de foot est venu pour eux comme un instrument financier, et avec forcément une volonté d’avoir un retour sur investissement assez rapide. Et si on voit que le retour sur investissement ne se fait pas rapidement, comme on dit dans la finance, on se coupe un bras. On sort, on se coupe un bras, et on va réinvestir ailleurs, en espérant récupérer un bout du bras. C’est comme ça que ça se passe dans ce type d’investissement. Et puis après, il y a l’investissement tel que moi je le conçois, c’est-à-dire de travailler avec des gérants de fortune, des family office. Ces family office en fait, ce que sont nos clients, ce sont de grandes familles très riches. Alors, on pourrait comparer cette grande famille très riche aux propriétaires de RTL qui finalement était le propriétaire d’M6, qui était le propriétaire des Girondins. Ces grandes familles sont en capacité, et ne sont pas en attente d’un retour sur investissement en tout cas pas à court terme. Elles peuvent être en attente d’un retour sur investissement à long terme, mais elles ne sont pas dans la même dynamique et la même problématique que le fonds d’investissement de Monsieur et Madame Dupont qui a mis quelques milliers de francs, et qui veut garder ça pour sa retraite. Ces grandes familles, finalement, ce qu’elles veulent, c’est de la diversification. Quand vous investissez, que ce soit en bourse ou dans l’immobilier, vous ne voulez pas mettre tous les œufs dans le même panier. Un club de foot, pour eux, c’est un autre panier qui les amuse, parce qu’ils sont associés à un projet un peu différent de ce qu’ils ont connu. Il y en a certains qui investissement dans l’art, d’autres dans l’immobilier, dans les voitures de collection. Chacun a son intérêt d’investir dans des projets différents. Et le foot est vu comme un produit. C’est ce genre de familles avec qui nous discutons, donc de très grandes familles qui peuvent peser plusieurs milliards. Forcément ils ne vont pas mettre plusieurs milliards mais si chacun met quelques dizaines de millions, ça peut vite faire beaucoup de millions… C’est sur ça qu’on travaille, sur ce modèle qu’on a aujourd’hui des certitudes, et le gros avantage c’est qu’on n’est pas comme a pu l’être GACP dernièrement, avec des emprunts à rembourser avec des taux à 8% qui sont complètement impossibles à tenir, et qui vous obligent toujours à vendre des joueurs, non pas pour réinvestir, mais pour rembourser le prêt. C’est surtout ce que je ne veux pas. Donc, pour répondre à la question, ce sera des grandes familles, qui ont de l’intérêt dans le football, qui sont un peu des mécènes miniatures, et qui veulent profiter d’un projet à forte visibilité pour être investis dans quelque chose qui les passionne et qui les excite.

     

    Ça, ce sont les chiffres, et nous aimerions parler de vos motivations. Vous êtes un grand supporter des Girondins, mais on imagine aussi que vous avez conscience qu’il est difficile de gagner de l’argent dans le football, surtout s’il y a peu d’investissements au départ, à moins d’investissements malins. Quelle serait votre approche ?

    Même un investissement malin, c’est un investissement. Vous avez exactement dit ce qu’il faut ; pour réussir, et je ne parle pas de gagner de l’argent mais pour réussir tout court, il faut déjà faire de l’investissement. La première étape dans l’acquisition d’un club de foot, c’est d’abord d’acheter le club, de faire en sorte que la dette n’explose pas, et de faire de l’investissement dans des joueurs qui peuvent être très rapidement opérationnels. Là, ma vision s’écarte certainement un peu de celle des dirigeants actuels. Aujourd’hui, on a acheté des très jeunes joueurs comme Josh Maja, Yacine Adli, Raoul Bellanova qui joue très peu. On a pris le pari d’acheter des joueurs très jeunes qui n’avaient finalement pas beaucoup eu de temps de jeu dans des clubs, en identifiant que c’était certainement des talents. Et puis on a pris des joueurs ‘très vieux’ dans le football, que ce soit Laurent Koscielny, Edson Mexer. Ce sont des joueurs qui sont plutôt en fin de carrière. Moi, mon modèle, c’était vraiment de prendre des joueurs plutôt entre les deux, des joueurs entre 21-25 ans, des joueurs qui sont déjà confirmés, des joueurs qui ont déjà une valeur marchande donc il faudra investir pour pouvoir les faire venir. Certainement avec d’autres jeunes, et un ou deux plus anciens. Aujourd’hui, la réussite des Girondins tient beaucoup quand même à l’entente entre Laurent Koscielny et Pablo Castro, et si vous rajoutez Benoit Costil à ça, vous avez quelque chose d’hyper rassurant pour toute l’équipe, et c’est quand même beaucoup plus facile. Mais si on avait le malheur d’avoir Koscielny, Pablo qui se blessent, il y aurait forcément un déséquilibre dans l’équipe. Je préférerais avoir plus de joueurs entre 22 et 25 ans avec un gros potentiel. Un peu ce qu’a fait Monaco il y a trois-quatre ans juste avant d’être Champions. Je pense que c’est vraiment ce type de joueur car ils ont encore une valeur marchande. On sait qu’un joueur arrive à sa maturité maximale footballistique entre 27 et 29 ans. Disons que si vous avez des joueurs à 22 ans, vous les gardez deux ou trois ans, et qu’après vous les vendez en faisant une belle plus-value, vous pouvez avoir ce roulement qui vous permet d’abord de gagner un peu d’argent, et deuxièmement d’avoir des joueurs qui sont opérationnels tout de suite. On le voit avec Yacine Adli, il est certainement très bon, il a certainement de grandes qualités, mais il lui a fallu quand même quelques mois d’adaptation. Il faut toujours un temps d’adaptation pour tout joueur, mais disons qu’un joueur qui a déjà une cinquante de matches de Ligue 1, voire une centaine, a plus de facilité à s’adapter qu’un joueur qui a eu six minutes de jeu au Paris Saint-Germain. Voilà, le modèle est d’investir dans des joueurs déjà confirmés, dont le potentiel a été identifié, en espérant faire pour un certain nombre d’entre eux des plus-values pour pouvoir réinvestir sur le même type de joueurs. C’est un espèce de roulement qui fait que vous perdez de l’argent au début parce qu’il faut investir, mais au fur et à mesure vous gagnez de l’argent. Quand on n’a que quatre ans comme GACP pour maintenir un projet, c’est trop court. Vous ne pouvez pas faire du trading en quatre ans, vous ne pouvez pas donner le temps à vos joueurs d’atteindre la maturité, et vous devez vendre tout le temps parce que vous avez des prêts à rembourser qui sont exorbitants. Mais quand vous n’avez pas ces contraintes et que vous avez du temps, dans ce cas-là vous pouvez commencer à vous projeter et à gagner de l’argent. Moi, ce qui m’anime, c’est la passion et l’amour des Girondins, mais les gens qui me suivent dans le projet ne veulent pas forcément perdre de l’argent -du moins le moins possible- et s’ils peuvent en gagner un peu ce sera d’autant mieux. Après il y a un facteur qui est aussi important et sur lequel, je pense, King Street joue actuellement pour savoir s’ils vont se désengager ou pas, c’est les droits TV. Si aujourd’hui les droits TV sont vraiment déjà importants… Il n’y a pas de raison que cette courbe infléchit sur les prochaines années donc je pense qu’il y aura toujours plus d’argent dans le football, pour des bonnes et des mauvaises raisons. Maintenant, vous parliez tout à l’heure d’être malin. Je ne veux pas dévoiler tous nos plans, mais il y a des façons d’être malin. J’en ai parlé avec des agents de joueurs, des avocats, des entraîneurs récemment, et on partage vraiment une vision commune à ce sujet. Il y a vraiment moyen en étant intelligent et en mettant des règles simples qui sont des règles d’entreprise, de très vite pouvoir sélectionner les bons profils. Les bons profils, ce sont des profils de joueurs, mais également des profils financiers liés à l’âge, et d’autres caractéristiques qui sont : ‘est-ce que tel joueur peut réussir dans ce club ?’. On le sait, vous l’avez vu, ce n’est pas parce que vous prenez un joueur qu’il va pouvoir réussir dans un club. Ce même joueur, si on le met dans deux clubs différents, il n’est pas obligé de réussir. Le meilleur exemple qu’on n’ait jamais eu, c’est Yoann Gourcuff. Par chance, c’est chez nous qu’il a réussi, et c’est chez Lyon qu’il s’est planté, donc c’était vraiment le deal idéal pour nous. Mais il y a des joueurs qui sont fait pour des clubs, et d’autres non. Là, il faut être très malin et avoir des gens qui ont l’œil et l’expérience pour reconnaître qui peut jouer dans tel club, et il faut être aussi proche des agents pour qu’ils n’essayent pas de vous refourguer ces mauvais joueurs. Là-dessus, on a plein d’idées. Je ne peux pas trop le développer actuellement, je le ferai. Si le projet va au bout, je serai aussi bavard que je le suis sur le sujet.

     

    Dans votre projet, quelle est la place des supporters et des Ultramarines ?

    Je ne veux pas parler uniquement des Ultramarines, c’est un groupe de supporters qui est important mais il ne faut pas distinguer à mon avis les Ultramarines des supporters. Tout supporter des Girondins de Bordeaux, quel qu’il soit, doit faire partie de la famille des Girondins de Bordeaux. Ça ne veut pas dire qu’on va vous donner un siège au Conseil d’Administration, cela veut dire qu’on doit traiter les supporters de la meilleure façon qu’il soit. Aujourd’hui, c’est aussi un des points qui m’attriste dans la situation actuelle – même si je ne suis pas complètement au point sur le dossier – quand je lis ce qui se dit dans la presse, si on a voulu déshabiller la tribune populaire pour habiller le reste du stade, je trouve que c’est une erreur monumentale qui a été faite à ce niveau. Les supporters doivent pouvoir vivre leur passion ensemble. D’ailleurs aujourd’hui, si vous enlevez le Virage Sud, sans ne parler que des Ultramarines, le Virage Sud met l’ambiance au stade. Si vous déshabillez ce Virage Sud, il ne reste plus rien. Les supporters doivent forcément faire partie du projet des Girondins, et les Girondins doivent quelque part aider les supporters. Je suis aussi hyper inquiet aujourd’hui sur ce qu’on a enlevé aux supporters. Il nous reste quoi ? On nous a enlevé la télé des Girondins parce que ça coûtait de l’argent, on nous a enlevé le Girondins Tours parce que ça coûtait de l’argent, on réduit les produits dérivés parce que ça coûte trop cher et on n’en vend pas assez… Je crois qu’on va arrêter le Proyecto Crecer, je crois que le partenariat avec GoldFM a pris fin également. Bref, on est en train de couper tous les liens entre les supporters et le club. Ça, c’est quelque chose que je trouve inquiétant, ce ne sont pas des bons signes. Le supporter doit faire partie de la vie du club. On doit même aider les groupes de supporters. Pour en revenir au Virage Sud, je pense qu’il faut les aider, et même certainement aider à ce que de nouveaux groupes de supporters voient le jour. Ce Virage Nord est quand même bien triste la plupart du temps, il mériterait d’avoir peut-être un ou deux leaders qui soient là pour l’animer. Je serais ravi, si j’avais la chance d’être Président un jour, de pouvoir aider les supporters quand ils ont besoin de faire des tifos, pour trouver des locaux, comme ça a toujours été la galère pour le faire. Quand je vois le tifo qu’ils ont eu pour leur anniversaire contre Marseille il y a deux ans, c’était juste grandiose et magnifique. Je sais qu’ils ont eu beaucoup de problèmes pour pouvoir le réaliser. Je pense que le club doit être là pour aider les supporters. Après, les supporters ne peuvent pas être dans la gestion du club, il ne peut pas y avoir une ingérence. Forcément que c’est celui qui a mis l’argent qui gère, que c’est celui qui a mis l’argent qui fixe les objectifs. C’est celui qui a mis l’argent qui va donner le tempo. On ne peut pas avoir quelqu’un qui vient dire à celui qui a mis l’argent comment il doit le faire. Par contre, on peut avoir des discussions, on peut être très ouverts, comme ça s’est fait dans le passé même si ça a parfois été houleux. Mais il doit y avoir une vraie discussion entre la Présidence, la partie managériale du club, et les groupes de supporters, pour que tout le monde se sente partie prenante d’un projet qui va être porté par l’actionnaire et le Président. Il faut que tout le monde adhère à ce projet, c’est quelque chose de fondamental. Oui, les supporters doivent faire partie du projet des Girondins.

     

    Vous étiez au sein du club en tant qu’Ambassadeur, donc vous étiez aussi de l’intérieur. Comment voyez-vous les axes de développement possibles pour le club ? On parlait beaucoup du développement de marque ces derniers mois, mais on peut également développer le club à travers son histoire… Comment verriez-vous ce développement ?

    Je n’aime pas parler de marque, j’aime bien parler d’Institution. Je pense que les Girondins, c’est avant tout une Institution. La marque, c’est plus ‘Bordeaux’. Bordeaux est connu mondialement, pas grâce aux Girondins, même si j’espère qu’un jour ce sera le cas. Ma belle-famille vient d’Asie, Bordeaux est connu là-bas. Quand mon oncle est venu à Bordeaux, il a adoré la ville, aller chez Mouton Rothschild, c’était le rêve de sa vie de le visiter. La marque, pour moi, ce n’est pas les Girondins. Il ne faut pas vouloir faire des Girondins une marque. C’est pour ça que lorsque je parlais de tout ce qu’on a coupé des supporters, je pense que ce n’est pas une bonne idée parce qu’il ne faut pas essayer que de gagner de l’argent avec les Girondins. Ça doit être un lien social avec des familles, avec des jeunes. Ce que j’ai connu en tant que jeune, l’amour que j’ai eu pour les Girondins – je me souviens que ma mère m’achetait le maillot Malardeau à l’époque, j’étais fier comme un coq avec ce petit maillot d’aller m’entrainer avec ça – il faut continuer de développer. Aujourd’hui, l’accès à l’information, aux produits, grâce à internet, des réseaux de distribution, il est fantastique. Il faut profiter de ça pour développer plein d’activités autour des Girondins. Malheureusement, je ne pourrai pas trop vous répondre parce que même si j’ai vécu un peu à l’intérieur du club, ce lien s’est quand même bien coupé depuis que les américains sont arrivés, donc je ne suis pas forcément au courant de tous les projets. Certains me disent qu’il y a des choses qui se font et qui marchent bien, d’autres me disent que ça va moins bien. Je ne peux pas me prononcer. En tout cas, ce qui est clair, c’est que j’ai envie de développer plein de choses autour des Girondins, mais j’ai surtout envie de rendre le lien social entre le club et les supporters. Aujourd’hui j’ai l’impression que ce qu’on développe c’est un lien entre des partenaires, on fait du réseautage. Alors, c’est très bien, mais la base, le football, c’est un sport populaire. Et il faut garder ce côté populaire. Si demain il n’y a plus que des sociétés au stade, ça va être ennuyeux à mourir parce qu’il n’y aura pas un bruit dans le stade, parce que ça va sentir plus les cocktails que les fumigènes. Et un stade, qui s’enflamme, c’est quand même beau. Je ne vais peut-être pas me faire des amis à la Ligue si je dis ça, mais voilà… Oui, ça fait partie du folklore, de la vie d’un supporter. On a envie de voir ça, ces immenses tifos, cette ferveur populaire. Si vous enlevez les supporters et que vous ne faites que du réseautage, vous vous coupez d’une partie de ce qu’est le football, c’est-à-dire un spectacle populaire.

     

    On a vu ces derniers temps que la situation actuelle du club était difficile au niveau de la gestion RH. On a entendu de nombreux salariés du club qui ont perdu leur emploi, que certains même étaient en dépression, ou en arrêt maladie. Est-ce que vous n’avez pas peur que ces nombreux remaniements posent problème pour l’instauration d’un nouveau projet ?

    Alors non, clairement. J’ai plusieurs commentaires à faire là-dessus. Le premier c’est que d’abord je suis vraiment désolé de voir que certaines très bonnes personnes ont perdu leur emploi, ou sont dans des situations difficiles sur le plan émotionnel. Certaines de ces personnes, ce sont des personnes que je connais, qui sont des amis d’amis, et ça m’a beaucoup attristé. Le deuxième point, je pense qu’aujourd’hui, ce que tout le monde a envie au Château, et là c’est Bruno Fievet qui parle mais c’est aussi le retour de personnes en interne, je pense que les gens ont besoin de retrouver et de la gouvernance, et du leadership, et du charisme. Les gens ont vraiment besoin de retrouver ça, parce qu’aujourd’hui ça s’est perdu. Après, dans un projet ‘Girondins de Bordeaux’, pour moi, je ne pense pas qu’il faille aller chercher des ressources à Paris, à Lyon, à New-York. Je pense qu’on a assez de personnes compétentes et de qualité à Bordeaux, pour que ça reste un club local. Si vous allez chercher une ressource à Paris, cette ressource devrait vivre à Bordeaux en tout cas. Aujourd’hui, j’ai cru comprendre que beaucoup d’employés qui sont arrivés continuent de vivre à Paris, que leurs familles n’ont pas été délocalisées. Elles restent à Paris et ils font les allers-retours. Comment voulez-vous vous imprégner d’un projet si vous ne le vivez pas, pour moi c’est quelque chose de compliqué. En plus, ça fait des décalages avec les heures de travail parce que forcément que ces gens ont aménagé leur temps de travail. Donc il y a un décalage entre les employés et dans toute structure, c’est comme dans un vestiaire… Si dans un vestiaire il y a des gens qui sont trop payés et d’autres pas assez, quand ça marche bien tout va bien. Le jour où ça marche moins bien, ça casse de partout. Dans une entreprise c’est pareil, vous devez garder des conditions de travail et de salaires qui soient égaux, vous devez traiter vos employés de la même façon. Je ne dis pas que ce n’est pas le cas, je ne suis pas au courant, même si j’ai certains échos, mais en tout cas c’est ma vision de l’entreprise. Je suis entrepreneur, j’ai créé une entreprise, elle réussit, elle fait des bons chiffres. Aujourd’hui, mes employés ont tous plus ou moins les mêmes salaires, c’est-à-dire que c’est très important qu’ils aient la possibilité d’avoir les mêmes conditions de travail. Le principe de l’entreprise, pourquoi on ne peut pas l’appliquer dans un club de foot ?! C’est une aberration. Tout le monde dit depuis des années ‘un club de foot c’est une entreprise comme les autres’, alors qu’elle soit traitée comme une entreprise comme les autres ! Et pourquoi aller chercher de la ressource ailleurs, en l’occurrence certainement à Paris ou à New-York, alors qu’à Bordeaux il y a toutes les compétences ? Je pense que Paris n’a pas le monopole de la connaissance, de la culture, du travail et des bonnes idées. J’en ai parlé à certains moments avec Alain Deveseleer quand j’étais Ambassadeur il y a deux ans, pour lui les Girondins de Bordeaux – et il avait raison – c’est une PME. Il faut traiter une PME comme une PME, et non pas la traiter comme une entreprise internationale qui se coupe de certains revenus, de certaines parties du lien social. Si vous faites ça, votre entreprise va forcément partir dans une mauvaise direction. Et j’ai le sentiment que c’est ce qui se passe actuellement. J’ai envie de fédérer, d’avoir du leadership, que les gens me suivent, parce que je crois au projet bordelais et je crois que si vous êtes amoureux de la région, de la ville et du club, vous ne pouvez que vous épanouir dans un travail comme aux Girondins de Bordeaux. On est combien de supporters à avoir rêvé de travailler pour les Girondins de Bordeaux ? J’ai rêvé de ça toute ma vie. Je comprends la situation, mais ce n’est pas normal qu’un employé des Girondins de Bordeaux soit en dépression. Pour moi, il y a quelques chose à faire à ce niveau-là, c’est sûr.

     

    Ces derniers temps, le rôle d’Ambassadeur du club a été évoqué, et le nom d’Alain Giresse est revenu avec insistance, et d’ailleurs selon nous avec toute légitimité. Est-ce qu’un poste de ce type est essentiel pour un club, et quelle personnalité y verriez-vous ?

    On va revenir au début de l’interview avec tous les gens que j’ai cités : Alain Giresse, Marius Trésor, Patrick Battiston qui a encore un rôle opérationnel, des gens comme Gernot Rohr… Quand j’ai vu la peine qu’avait Gaëtan Huard face à Nîmes… Quand j’entends Duga à la radio, on sent sa colère intérieure. On pense qu’il s’en fout des Girondins, mais on sait que ce n’est pas vrai. Je pense que toute personne qui a joué un rôle important dans ce club, surtout s’il a été formé dans ce club où s’il y a joué longtemps, peut avoir un rôle. Après, est-ce que c’est un rôle d’Ambassadeur… Il faut d’abord définir ce qu’est un Ambassadeur, mais Alain Giresse, c’est plus qu’un Ambassadeur. Alain Giresse, il incarne les Girondins de Bordeaux. Je pense qu’il n’y a pas une personne sur la terre qui incarne mieux les Girondins de Bordeaux qu’Alain Giresse. J’avais vu un article, avec l’idée d’avoir une statue d’Alain Giresse sur le parvis, qui est un peu pauvre, du stade, je pense que ce serait peut-être le plus bel hommage qu’on pourrait avoir pour lui, pour toute ce qu’il a apporté à Bordeaux, et pour l’amour qu’il porte encore à ce club. J’ai eu la chance de le rencontrer à la Garden Party il y a deux ans, j’étais comme un enfant. A 48 ans, j’étais devant Alain Giresse, pour moi c’était un moment incroyable. Donc oui, ces gens-là, Marius Trésor pour qui j’ai une admiration sans partage, font partie du patrimoine bordelais et doivent être reconnus comme faisant partie du patrimoine bordelais. Après, je pense qu’il ne faut pas remonter si loin. Pour les vieux comme moi, ce sont des noms qui sont parlant et qui font vibrer, mais je pense que pour les générations un peu plus jeunes, Rio Mavuba, Marouane Chamakh… Quand on voit la côte de popularité de Fernando Cavenaghi quand il vient… Tous ces gens-là qui à un moment ont fait l’histoire de Bordeaux et qui ont surtout un lien fort avec les supporters. Il ne fait pas l’unanimité au club mais j’ai adoré Cédric Carrasso, c’est quelqu’un qui a porté le projet bordelais, tout comme je pense que Benoit Costil fera partie de la future génération des gens qui auront marqué l’histoire des supporters. Je pense que tout joueur qui a marqué l’histoire des supporters devrait avoir un rôle d’Ambassadeur. Encore une fois, il faut savoir ce qu’on met derrière ce rôle, mais ils doivent représenter l’Institution Girondins de Bordeaux. J’ai quelqu’un que j’adore, Tony Vairelles, qui n’a pas joué très longtemps chez nous, six mois, mais il habite à Bordeaux. C’est quelqu’un qui a toujours mouillé le maillot, etc. Je pense que tout le monde est légitime à partir du moment où vous aimez les Girondins. François Grenet, on sent qu’il aime profondément les Girondins, Marc Planus aussi, Bixente Lizarazu également. Tout le monde a sa place à partir du moment où vous avez été un joueur professionnel aux Girondins, où vous vous êtes investi, que vous aimez le maillot avec le scapulaire… Tout le monde devrait avoir sa place dans ce projet. On ne sera jamais assez d’Ambassadeurs et je dirais que même chaque supporter est un Ambassadeur du club. Que ce soit à la cafétéria ou à la machine à café, on peut tous être Ambassadeurs du club. Avec une résonance qui ne soit pas toujours la même évidemment, mais j’encourage tout le monde à devenir Ambassadeur de ce magnifique club.

     

    Quelle est votre relation avec Stéphane Martin ? Est-ce qu’un retour au club de celui-ci, qui est également un amoureux des Girondins comme vous, serait une option ?

    (sourire) C’est une excellente question, j’ai eu Stéphane hier matin (mardi, ndlr) au téléphone. D’abord, c’est quelqu’un que j’adore. C’est quelqu’un qui aide le club, qui a fait un excellent travail, qui a donné l’opportunité à beaucoup de se développer, qui a mis en place des projets qui étaient dans des cartons depuis des années. Il n’a pas eu le temps de mettre en place tous les projets mais il avait d’énormes idées. Ma relation avec lui, c’est quelqu’un à qui je dois beaucoup parce que c’est quelqu’un qui m’a permis d’être un Ambassadeur, et pour ça je le remercie grandement. Je pense qu’on partage les mêmes valeurs, en plus de partager certainement les mêmes parcours dans la finance. On partage les mêmes valeurs, l’amour du club. J’ai passé de très bons moments et ai eu de très bonnes discussions avec Stéphane, et je lui souhaite vraiment toute la réussite professionnelle. Un retour de Stéphane Martin à Bordeaux, aujourd’hui très honnêtement et sans langue de bois, on n’en a jamais parlé. Quand il a vu l’article de Sud Ouest, il n’était pas du tout au courant que je continuais à travailler sur ce projet. Je lui en avais parlé il y a deux ans. Comme je vous l’ai dit, je ne voulais pas parler de ce projet, il n’était pas du tout question qu’il sorte aussi rapidement. Donc voilà, Stéphane n’était pas au courant de ce projet. Aujourd’hui, on en a parlé, il n’y a aucun contact qui a été pris en vue d’un retour de Stéphane Martin au club. Je ne dis pas que ce n’est pas possible, mais je dis qu’aujourd’hui aucun contact dans ce sens a été pris, même s’il est évident que je vais continuer à parler avec lui, que je vais échanger parce que son expérience et son rôle me seront précieux dans le rôle que j’aimerais avoir au club.

     

    On va finir si vous le souhaitez pas deux petites question ‘football’. Le sportif fonctionne plutôt bien. Que pensez-vous de ce que Paulo Sousa amène et propose en ce moment ?

    C’est très bien d’avoir l’interview aujourd’hui quand on est troisième (sourire). Je pense qu’on était tous beaucoup plus mesurés au mois de septembre quand Paulo Sousa avait une moyenne de points qui était la plus mauvaise des entraîneurs ayant évolué aux Girondins. Si je dis ça, c’est parce que je pense qu’en football on a souvent la mémoire courte, et qu’on va souvent encenser quelqu’un qui gagne, et détruire quelqu’un qui perd, sans se souvenir du passé. Souvent, dans l’expérience des Girondins ça a été l’inverse, on a eu des gens qui sont partis très fort, et qui ont peiné à finir. Le dernier en date c’était Jocelyn Gourvennec qui avait fait un très bon travail avant de s’écrouler un petit peu sur la fin, en tout cas pas lui mais les résultats. Il faut toujours être très mesuré. Ce qu’il faut reconnaître à Paulo Sousa, c’est que depuis qu’il est là, il a une ligne directrice, une idée de jeu, et même quand les résultats n’étaient pas là il n’en a jamais dérogé. Déjà, c’est une preuve de grande confiance en lui, de grande conviction dans ses idées. Il avait aussi la conviction que les joueurs qu’il a pris pour travailler avec lui, que ce soit Loris Benito, Enock Kwateng et d’autres, tous les joueurs qu’il est allé chercher pendant le mercato, pouvaient apporter justement les solutions à son schéma tactique. En plus, c’est un schéma tactique qui est très peu utilisé par l’ensemble des entraîneurs, donc il met les autres équipes en difficulté parce qu’elles ont du mal à s’adapter. De ce côté-à, sur le plan tactique et sur le plan de ses certitudes sur comment jouer au football – parce que c’était un magnifique footballeur – je pense qu’il est hyper légitime. Après, il faut aussi reconnaître qu’actuellement il sait maintenir une équipe, mais aussi tout un groupe. Revoir Jonatan Cafú au poste d’arrière droit contre Monaco, où il n’a pas été extraordinaire mais on l’a connu faire des plus mauvais matches au poste qui était le sien, je pense que c’est quand même quelque chose de fort. Maintenir les joueurs comme ça, sous pression, pouvoir les utiliser sur un match, et que le joueur réponde présent, ce n’est pas souvent le cas. A ce niveau-là, je trouve que c’est un entraîneur qui apporte beaucoup au club. Je pense que ce n’est d’ailleurs pas qu’un entraîneur, mais tout un staff. On réussit rarement seul, Laurent Blanc n’a pas réussi seul, il a réussi parce qu’il avait Jean-Louis Gasset. Ce sont des postes où il faut être de toute façon bien entouré. Je suis plutôt positif sur le travail de Paulo Sousa, les résultats sont là, il n’y a aucune raison de ne pas l’être. Après, je suis quand même inquiet sur du futur parce que Paulo Sousa est un entraîneur qui est hyper ambitieux. Il a eu des propositions et va encore en avoir. Si le projet bordelais n’est pas à la hauteur de ses espérances, voire même de ses exigences, on pourrait le perdre assez rapidement et ça pourrait être un problème pour les Girondins. Je ne voudrais pas qu’on connaisse après Paulo Sousa ce qu’on a connu après le départ de Laurent Blanc, c’est-à-dire une démobilisation complète, une équipe qui ne sait plus jouer, surtout si ça arrivait en cours de saison, ou si son annonce de départ arrivait en cours de saison comme Laurent Blanc. Il faut toujours être très prudent. Je pense qu’il fait de l’excellent travail, il connait très bien le football, il a beaucoup d’aura, il a fait un passage remarqué et remarquable au Canal Football Club. Les amoureux des Girondins aujourd’hui se retrouvent derrière Paulo Sousa. Et puis, quelque chose qui est quand même important à noter, c’est que cette équipe des Girondins de Bordeaux aujourd’hui, semble avoir retrouvé de la niaque, et depuis deux ans ça lui manquait quand même de manière un peu trop récurrente. Les joueurs semblent vouloir se battre, semblent avoir un moral à toute épreuve. Gagner 6-0 dans des conditions comme mardi soir… Je ne crois pas que l’année dernière on aurait fait le même résultat. Tout comme je parlais avec un supporter qui me disait que l’année dernière, le match de Reims on l’aurait perdu. Il a réussi à redonner une âme. Le jeu n’est pas toujours exceptionnel, ça c’est clair. Il manque quelques qualités techniques à cette équipe c’est indéniable, je suis même assez surpris qu’on n’ait pas un vrai meneur de jeu, et parfois je suis surpris aussi par le positionnement de certains joueurs. Un garçon comme Samuel Kalu qui a quand même de grandes qualités de dribbleur, quand il doit traverser tout le terrain, pour lui, ce n’est pas forcément la meilleure des choses. Mais il tire le maximum de son groupe avec ses qualités, et je ne pense pas qu’on pourrait tirer mieux aujourd’hui que d’être troisième avec l’effectif qu’on a. Gloire à lui, et pourquoi que ça dure, que ça continue, et que les problèmes au club ne jaillissent pas sur le sportif. C’est tout ce qu’on espère parce que ce serait vraiment catastrophique. Si en plus on perdait le sportif… Mardi, les supporters ont manifesté leur mécontentement, mais on peut surtout les féliciter qu’il n’y ait pas eu de débordements et de violence. Si le sportif n’était pas là, je ne suis pas sûr qu’on pourrait garantir la même chose. Il faut vraiment que le sportif continue d’aller bien le plus longtemps possible.

     

    Est-ce qu’il y a des joueurs qui vous surprennent positivement ou que vous affectionnez dans l’effectif actuel ?

    Oui. Ce ne sont pas forcément les mêmes (sourire). J’ai beaucoup d’affection pour Nicolas De Préville. Il me surprend vraiment positivement cette année parce que c’est un joueur qui était vraiment au fond du sac. Le voir se battre comme ça, le voir percuter, c’est vraiment un plaisir. Je dois avouer qu’à la signature je n’étais pas persuadé par Hwang Ui-Jo, mais c’est vrai que c’est un joueur qui a pas mal de qualités : une qualité de frappe incroyable, il a de bons appuis, de bons appels. Je suis assez bluffé par ce que peut faire un garçon comme Josh Maja. Quand vous jouez aussi peu que lui, répondre présent à chaque fois… On le met en Coupe de la Ligue contre Dijon, il marque. Il marque à Reims. Dans des conditions compliquées face à Nîmes il met un triplé. Ce sont des joueurs qui me font plaisir. Ce ne sont pas les joueurs pour lesquels j’ai le plus d’affection, j’ai beaucoup d’affection pour un garçon comme Pablo que j’ai eu la chance de rencontrer l’année dernière, qui est juste adorable. Benoit Costil que je trouve super. Le voir avec sa bière après le match, son petit moment de décontraction… Quand je vois la réaction qu’il a eue, celle d’aller parler avec les Ultras ; c’est un capitaine des Girondins exemplaire. Ce sont deux joueurs pour lesquels j’ai beaucoup d‘affection. Après, j’en ai aussi pour un joueur qu’on ne voit plus du tout, Paul Baysse. Mais Paulo, c’est un mec super, un mec dans un groupe qui ne peut pas faire de mal. Je suis vraiment triste finalement parce qu’il n’aura jamais réussi son expérience bordelaise alors qu’il aura réussi à Nice, Saint-Etienne… Il est arrivé au plus mauvais moment aux Girondins. Il donne ce penalty face à Caen qui provoque l’éviction de Jocelyn Gourvennec, et après Poyet ne le fait plus jouer. Il part et Poyet se fait virer le lendemain… Il arrive à Caen, ça se passe plutôt bien, et puis ça ne se passe pas bien avec Courbis, et il revient à Bordeaux et il est cinquième défenseur central… C’était compliqué pour lui, mais c’est un garçon formidable, qui a une très bonne mentalité. J’ai parlé quelques fois avec lui, c’est un garçon pour lequel j’ai pas mal de sympathie. Et après, comme tout le monde, le petit Yacine Adli on a tous envie qu’il explose. Je ne sais pas s’il aura la qualité pour passer cette marche-là, mais il y a un petit quelque chose chez ce gamin, on sent que c’est possible. Après, il faut qu’il bosse, et que ça sourit un peu.

     

    Un très grand merci à Bruno pour le temps qu’il nous a accordé et la qualité de ses réponses. Nous lui souhaitons une grande réussite quand le moment sera venu, et l’accompagnerons à notre niveau et nos moyens dans l’établissement de son projet. 

    Retrouvez cette interview ci-dessous en audio.