Loïc Ravenel : “Si vous ne connaissez pas le club et la région où vous investissez, pour moi, vous vous rajoutez des difficultés supplémentaires”

    Loïc Ravenel, co-fondateur du Centre International d’Etude du Sport (CIES), a donné son ressenti à LeeroSportNews sur le rachat des Girondins de Bordeaux par le fonds d’investissement King Street.

    “Leur but c’est d’investir, d’essayer pour minimiser les risques de diversifier les secteurs d’investissements. Si votre fonds d’investissement n’investit que dans le football, je n’y mettrais pas mes économies. Peut-être qu’ils ont pensé à un pourcentage assez faible. Peut-être qu’ils avaient un plan avec une approche très américaine du sport européen. Mais ce dernier ne fonctionne pas de la même manière. D’ailleurs, les propriétaires outre Atlantique ne gagnent pas tant d’argent que cela au travers des risques qu’ils prennent. King Street aurait réussi, on aurait applaudi. Là, la situation n’est pas grandiose mais n’oublions pas que Bordeaux cumulait aussi quelque handicaps. Tout d’abord, la question du stade qui est difficile d’accès, qui est mal intégré à la ville. Les projets qui fonctionnent, ce sont des clubs qui allient la puissance d’image, d’un public et une qualité sportive. Il n’y a pas un grand club qui joue devant 10 000 personnes. C’est la question du cercle vertueux. Mais l’accès au stade, cela se travaille. Investir dans le football, c’est très risqué car on n’est jamais sûr de rester en Ligue 1 par de nombreux impondérables. On a beau avoir des exemples, avoir tous les gens le plus intelligents possibles, cela ne marche pas forcément. Regardez le recrutement. Il n’y a jamais eu autant de données pour recruter et pourtant, on recrute toujours aussi mal. On n’a pas amélioré l’éclosion de manière quantitative par rapport à l’évolution des systèmes d’information. Il y a toujours cette question de mayonnaise. Si vous ne connaissez pas le club et la région où vous investissez, pour moi, vous vous rajoutez des difficultés supplémentaires. Mais si Bordeaux gagne le titre l’année prochaine, on dira « super projet ». Ce n’est pas impossible même si c’est peu probable”.