Bernard Lions : “Je ne dis pas que les supporters vont être obligés de vivre quelques années avec ce mariage de raison plutôt que de passion, mais il y a quand même de fortes probabilités”

    (Photo by Dave Winter/Icon Sport)

    Bernard Lions, journaliste L’Equipe, a commenté le conflit qui oppose les Ultramarines à King Street. Le principal groupe de supporters des Girondins de Bordeaux a souhaité mettre en avant le fonds d’investissement américain, désormais actionnaire majoritaire de notre club, afin de les pousser à partir.

    “La vox populi, surtout dans un monde aussi particulier que le sport en général et le football en particulier, oui, forcément. Tes supporters, tes Ultras constituent le noyau dur de ta « clientèle ». Forcément tu es obligé d’en tenir compte. Quand je parlais du particularisme du football, c’est que par exemple, si tu n’es pas content des meubles que tu n’arrives pas à monter chez Ikea, tu ne vas plus chez Ikea. Tu n’es pas content de la bouffe qu’on te sert dans un resto, tu ne vas plus dans ce resto. Mais, tu ne vas pas manifester dans la rue, tu ne vas pas envahir le restaurant, tu ne vas pas demander la tête du patron du restaurant ou du chef cuisinier. C’est là où le football est un monde différent et le fait qu’ils veulent faire pression pour les faire partir, oui, je comprends. Mais je me suis toujours méfié des chants qui partent des virages « Direction démission ». A l’époque, c’était vrai quand c’était des sociétés d’économie mixte, avec un système régie par les lois associatives. Aujourd’hui, pour partir, il faut vendre. Et quand on voit l’économie actuelle du football, c’est extrêmement compliqué, déjà de retrouver un repreneur solide et quand tu viens d’acheter un club, de trouver à le revendre, c’est encore plus compliqué. Je ne dis pas que les supporters vont être obligés de vivre quelques années avec ce mariage de raison plutôt que de passion, mais il y a quand même de fortes probabilités. Moi, je n’ai jamais compris ce qui se passait à Bordeaux. Quand je les suivais de près, j’étais convaincu d’une chose, dont je ne comprends pas qu’elle soit déjà arrivée : pourquoi les Girondins de Bordeaux n’ont toujours pas été rachetés par un grand groupe chinois ? Quand tu regardes l’économie du cépage bordelais, tu t’aperçois que sur les grands crus, il y a, à peu près, 8 à 10% de capitaux chinois. Développer les Girondins de Bordeaux en Asie, c’est quelque chose d’extraordinaire. Parce qu’un des mots-clés quand tu penses à la France, tu penses Tour Eiffel, Paris, De Gaulle, Zidane et puis Bordeaux”.

    Retrouvez l’intégralité de l’interview de Bernard Lions (partie 1) ICI, sur Girondins4Ever