Joe DaGrosa : “Avec l’augmentation des droits TV, ces pertes sont de moins en moins élevées si les salaires sont constants. Ces pertes vont diminuer et le besoin d’exporter les joueurs talentueux aussi”

    (Photo by ROMAIN PERROCHEAU / AFP)

    Pour Get French Football News, Joe DaGrosa, s’est expliqué longuement sur les intentions des investisseurs américains quant au rachat des Girondins de Bordeaux, avec en toile de fond le trading de joueurs, et la stratégie du club sur les années à venir.

    “Je vais vous dire, si l’on prend du recul et que l’on réfléchit à ce que cherchent à faire les investisseurs, c’est de créer de la valeur ajoutée pour la marque. Vous créez cette valeur le jour où vous vendez le club, pas en achetant et vendant des joueurs. Personne ne vous paiera pour le transfert de joueurs. On vous paie sur la valeur que vous avez su générer pour le club. Certains clubs vont acheter et vendre des joueurs, mais moi… Laissez-moi prendre du recul. Regardez la Ligue 1, collectivement les équipes ont toutes des déficits massifs. Ce déficit est comblé par la vente de joueurs à l’étranger. La raison pour laquelle les clubs français vendent autant à l’étranger, c’est seulement pour combler leurs déficits. Maintenant la bonne nouvelle c’est qu’avec l’augmentation des droits TV, ces pertes sont de moins en moins élevées si l’on considère les salaires comme constants. Ces pertes vont diminuer et le besoin d’exporter les joueurs talentueux va diminuer. Il y a encore probablement 5 à 10 ans avant que l’on voie la Ligue 1 en équilibre en termes d’achats et de vente de joueurs. La vente de joueurs n’est donc qu’un moyen pour les clubs de combler leurs déficits. En ce qui concerne Bordeaux, et bien la bonne nouvelle c’est que notre plan est de créer de la valeur ajoutée. Vous mentionniez le montage financier de notre structure. De mon point de vue c’est une structure très conservatrice, avec des partenaires très solides, avec King Street comme associé et Fortress comme pourvoyeur de dette. Nous savions tous en nous engageant que notre but serait de créer de la valeur ajoutée. Nous savions tous que nous allions perdre de l’argent dans les 2 ou 3 prochaines années. Nous nous sommes donc tous engagés en connaissance de cause. Nous accepterons ces pertes, et l’objectif est d’au final augmenter la valeur intrinsèque du club. Pour le faire, nous sommes convaincus qu’il est nécessaire d’avoir une équipe forte et compétitive, combinée avec un centre de formation performant qui vous permet de faire émerger des talents. Il y a des clubs qui, et je ne veux pas pointer le PSG du doigt en particulier, mais des clubs qui investissent beaucoup d’argent et qui le dépensent sans compter. Leur business plan est différent du nôtre, ils ont différents objectifs, différentes manières de manager et une structure financière différente de la nôtre. Dans notre cas c’est différent, nous voulons construire le club sur des bases solides. Il est donc important de faire émerger de jeunes talents formés à la maison et montrer au monde que les meilleurs joueurs viennent des centres de formation français, et nous espérons être en mesure de conserver ces talents à Bordeaux. Ce que nous faisons maintenant c’est en gros de faire émerger ces talents, les faire mûrir, un peu comme le vin si je peux me permettre une comparaison avec un produit phare de Bordeaux. Cela prendra au moins 2 ans avant que la cuvée soit bonne mais nous avons d’ores et déjà de jeunes joueurs que nous mettons sur le terrain. On les teste, on les endurcit, ils se font bouger dans ce championnat. Ce sont toujours des gamins, pas encore des adultes. On les envoie au charbon mais on essaie également de les encadrer grâce à des joueurs plus expérimentés. L’objectif c’est que d’ici, 2, 3 ou 4 ans à partir de maintenant, on ait une équipe très forte et compétitive, avec une majorité de joueurs formés au club”.

    Traduction par Antoine Delaunay (@Antou Etpourtout sur Facebook), pour Girondins4Ever