Laurent Perpigna : “On en a après la Ligue, on en aura toujours après la Ligue, mais aujourd’hui je pense que le combat doit s’élargir à d’autres sphères”

    Julien Bée, pour Le Point.G, a demandé à Laurent Perpigna s’il n’y avait pas un peu d’hypocrisie de viser tout le temps la Ligue au niveau des chants et invectives par exemple, alors que la LFP dépend, comme par exemple pour l’homophobie, de recommandations de la FIFA, ou alors ne fait que respecter les lois et les décisions des plus hautes instances. Voici la réponse du responsable des Ultramarines, principal groupe de supporters des Girondins de Bordeaux.

    « C’est assez pertinent. Pendant très longtemps, on s’en est pris presque exclusivement à la Ligue. Là, ce qu’on peut voir, si on dresse un peu l’analyse des banderoles qui ont été sorties dans les différents stades, c’est qu’il n’y a pas que la Ligue qui a été épinglée. Marlène Schiappa en particulier. Elle a quand même un rôle là-dedans extrêmement important et qui dépasse totalement le cadre de la Ligue. Ensuite, il y a eu plusieurs banderoles de sorties sur le Qatar et la Coupe du Monde, ce qui prouve encore une fois que le débat s’élargit à d’autres sphères et notamment la question de la FIFA. Elle est perçue par beaucoup de groupes Ultras comme étant une mafia, nous les premiers. On a beaucoup de mal avec cette institution. Je pense qu’un des enjeux aussi pour la tribune demain, c’est d’élargir justement ce débat. La Ligue, on l’a dans le nez, on l’a dans le collimateur, et ça pour des raisons bien évidentes. On est les enfants du football, des enfants presque martyrisés ! Quand on interdit des enfants de rentrer dans un stade, même si effectivement les pouvoirs publics sont partie prenante… La Ligue de Football n’a jamais protégé ses supporters, elle a toujours cherché à ne faire que du répressif, elle n’a jamais essayé de trouver des solutions concrètes pour que la jeunesse des stades, que les gens qui aiment le football, puissent participer à la fête normalement et sereinement. On en a après la Ligue, on en aura toujours après la Ligue, mais aujourd’hui je pense que le combat doit s’élargir à d’autres sphères ».

    Pour essayer d’améliorer les choses, y a t-il des actions ou des réunions prochainement prévues ?

    « L’ANS va organiser son Assemblée Générale dans pas longtemps. Il y a quand même des espaces de dialogue, au moins inter-supporters, assez conséquents. Après, il est clair que c’est extrêmement difficile d’unir tous ces groupes. On a tous des visions différentes de la vie, du football, des tribunes. D’une ville à l’autre on ne peut pas comparer une tribune populaire à Bordeaux, et une tribune populaire à Lyon par exemple. C’est quelque chose qui est impensable. Donc travailler ensemble sur ces questions-là, c’est quelque chose qui est un travail d‘équilibriste, extrêmement compliqué. Nous, on en est revenus parce qu’on a essayé de mener ce travail pendant plusieurs années au sein de la Coordination Nationale des Ultras. Maintenant, l’espoir n’est pas mort et encore une fois on a la chance d’avoir des pouvoirs publics parfois un peu maladroits et là, sur cette occasion-là, ils ont donné une belle opportunité aux groupes Ultras pour soutenir et défendre leur liberté d’expression. Parce qu’aujourd’hui il y a certaines banderoles, notamment une à Lorient, qui expliquait que les supporters soient accusés de tous les mots, une banderole extrêmement pertinente. Les supporters à Lorient ont été victime d’une intrusion policière dans la tribune, ça a fini avec des arrêtés, etc. Donc via cette politique-là, ils nous donnent l’occasion de nous réunir. C’est un des enjeux de demain de voir en quoi les tribunes populaires françaises ont évolué ces dernières années, à savoir si elles ont mûri, si elles sont capables de mener un dialogue. Il y a déjà des embryons de dialogue qui est vraiment créé avec l’ANS, on a entière confiance en eux pour le perpétuer, et d’essayer de gagner des combats ».

    Le Point.G

    Retranscription Girondins4Ever