Jean-Marc Furlan : “C’est un groupe traumatisé et en deçà de ses capacités, c’est très clair, je ne suis pas quelqu’un qui fait de la langue de bois”

    Jean-Marc Furlan, qui s’est engagé avec l’AJA il y a quelques semaines maintenant, a repris depuis dix jours avec Auxerre. L’ancien joueur des Girondins de Bordeaux s’est confié sur ses sensations.

    “Quand on change de club, et j’ai fait pas mal de clubs comme entraineur, chaque fois on découvre des éléments et on découvre aussi dans quel état psychologique peut être un groupe. Et là ce que je constate c’est que, pour des raisons x ou y que je ne veux pas forcément savoir, c’est un groupe qui est très marqué par les années qui viennent de passer. Il faut le dire. Ou marqué par les résultats ou marqué par la vie qu’ils ont eue. Mais c’est un groupe traumatisé et en deçà de ses capacités, c’est très clair.  Moi je ne suis pas quelqu’un qui fait de la langue de bois. Parce-que c’est mieux d’être transparent et de dire la vérité. C’est comme dans une famille, on avance beaucoup mieux que si on fait toujours des non-dits. C’est ce que je dis aux joueurs, pour apprendre à jouer un football correct et efficace, ce qui se passe au Bayern Munich, au Real, au Barça, les mecs sont ensemble depuis 4, 5, 6 ans. C’est là où tu construis un projet dans un club, quand tu as 12 ou 15 joueurs qui vivent ensemble depuis plusieurs années. Alors tu es un club costaud.  Le problème c’est que dans notre société actuelle, parce qu’on aime la nouveauté, on aime l’instantanéité et on veut du changement tous les ans. On voit apparaître dans le monde des nouveaux dirigeants qui sont quelque part des traders. Et à partir de là c’est très compliqué pour les entraîneurs et le projet sportif. Ce qui n’est pas du tout le cas ici à l’AJA. Ce n’est pas du tout le discours que m’ont tenu le Président Graille, Cédric Daury et Monsieur Zhou. Au contraire. Ce qu’on voit surtout c’est comment vivre ensemble, apprendre à se connaitre pour construire un groupe très solidaire et très combatif. Maintenant, ce que les gens aiment c’est changer de téléphone toutes les semaines, changer de télé tous les mois et de voiture tous les six mois. C’est pareil pour le foot. Ce qu’ils aiment c’est avoir des joueurs nouveaux. Certes c’est important tous les ans d’avoir deux ou trois nouveaux joueurs. Mais ce qui est important surtout, c’est que les gens s’identifient à leur équipe. Et trouver comment faire pour créer une symbiose, une osmose avec des gens qui vivent dans l’institution, pour créer quelque chose qui perdure et qui fait des attaches très fortes, des attaches sociales et culturelles, pas seulement sportives. C’est vrai qu’on a besoin de joueurs. C’est vrai que ça sera peut-être plus dur au début, parce qu’il y aura peut-être des joueurs qui arriveront au dernier moment. Mais la saison peut aussi se construire sur dix mois. Il en faut des joueurs nouveaux ici, mais il faut être patient. Je pense qu’il y en a eu dans le passé qui n’ont pas forcément été satisfaisants ni pour le club, ni pour les supporters. Alors restons calmes et prenons peut-être un peu plus de temps”.

    AJA