Vahid Halilhodzic : “Quand je suis entré dans ma chambre d’hôtel après le match à Bordeaux, je me suis posé des questions”

    Vahid Halilhodžić

     

    Vahid Halilhodzic, dans un long entretien accordé à l’Equipe, est revenu sur son premier match sur le banc du FC Nantes et donc sur cette lourde défaite sur la pelouse des Girondins. Il avait notamment déclaré que Nantes était en deuxième division. “Qu’est-ce que j’aurais pu dire d’autre ? Je n’allais pas vous prendre pour des cons ! Je disais la vérité. Je ne suis peut-être pas bon communicant. On était en deuxième division, et même bien installés. Il fallait se réveiller. Pour moi aussi ç’a été un choc ! Il y avait 2-0 au bout de sept minutes, 3-0 à la mi-temps : ça ne m’était jamais arrivé, pourtant je suis dans le football depuis des années… Qu’est-ce qu’il t’arrive Vahid ? Tu as débarqué où ? Maintenant on peut en rigoler, mais ce n’était pas simple. Au club, il y avait de la morosité partout. Les gens venaient travailler sans envie. Pour moi, Nantes, c’était spécial : il y avait une culture, une tradition, un esprit familial. Je suis arrivé trente ans plus tard et je n’ai rien retrouvé de tout ça. Rien. Quand je suis entré dans ma chambre d’hôtel après le match à Bordeaux, je me suis posé des questions : est-ce qu’il faut continuer ou dire stop ? Parce que je savais quelle énergie on devrait tous avoir, pas seulement Vahid. Pour moi, ça voulait dire que ce serait entre douze et quinze heures par jour : pas de famille, pas de sortie, pas de vie privée. Rien. Seulement : hôtel, Jonelière, hôtel, Jonelière”.

     

    Il s’est également exprimé sur l’ancien bordelais, Emiliano Sala. “Quand je suis arrivé, j’ai eu une discussion avec chaque joueur. Certains étaient dans la morosité totale, sans envie, sans ambition. Ils me disaient : ça va, ça va. Quand on te dit deux fois ”ça va”, c’est que ça ne va pas. Emiliano, il me l’a dit trois fois. Donc ça n’allait vraiment pas ! On a parlé, je l’ai un peu chambré : ”Tu sais, j’ai joué au même poste il y a quelques années. Un attaquant de Nantes qui ne marque pas vingt buts, ce n’est pas un attaquant.” Il m’a regardé, je ne sais pas ce qu’il a pensé… On a travaillé. C’est un battant, un guerrier. En voyant les comportements des joueurs à l’entraînement, j’ai compris tout de suite qu’on allait remonter”.