Yannick Stopyra : “Pierre Lees-Melou a attendu l’âge de 21-22ans pour éclater et nous, à l’âge de 13ans, on est en train de dire qu’untel va réussir, ou non”

    Château Haillan centre formation jeunes

    Yannick Stopyra, responsable du recrutement du centre de formation des Girondins de Bordeaux, s’est exprimé sur la jeune génération qui arrive au centre de formation et à cette impatience qui leur fait parfois brûler les étapes. « Au jeune, je lui dis en numéro 1 : il faut que tu cherches à jouer. Il faut du temps de jeu. Si un jour ça doit arriver, ça arrivera. Il y a un joueur qui s’appelle Kakuta, qui joue à Amiens, qui a été Champion du Monde, qui a été un des meilleurs joueurs de sa génération. Quand vous voyez le palmarès et la carrière qu’il a, il arrive bientôt en fin de carrière, on est très surpris. Aujourd’hui, on est dans le monde du zapping. Les gens veulent tout, tout de suite, mais sans rien faire. Il y a le travail qui est important pour nous, le don de soi. Aujourd’hui, trouver un jeune qui a un don de lui sur le terrain, qui ne calcule pas et qui court, c’est hyper compliqué. Ils sont tous calculateurs la plupart parce qu’en fait c’est l’environnement… On avait une génération des 80, dont j’ai fait partie, c’était une génération de valeurs. On nous a zappés parce que ce n’était pas des gens qui revendiquaient des choses. Je regrette d’ailleurs, j’en ai parlé à Gigi et Marius, que personne n’ait pris parti quand il y a eu l’affaire du bus à Knysna. Moi, je ne me sentais pas capable, je n’avais pas les reins solides parce que je n’ai pas une carrière comme certains. Mais j’avais envie de dire des choses. J’attendais des porte-parole et en fait ces gens-là sont dans le respect, ils n’ont pas voulu dire, alors qu’ils avaient des choses à dire. Comme on a été Champions du Monde en 1998, on a zappé cette génération, alors qu’elle avait beaucoup de valeurs à transmettre : le respect. Marius Trésor et Patrick Battiston, quand ils montaient dans le bus, je leur demandais où ils s’asseyaient. Aujourd’hui, les gens s’assoient, prennent la place. Si le joueur vedette dit ‘tu es assis à ma place’, il répond ‘il n’y a pas ton nom dessus’. Aujourd’hui c’est comme ça. Je leur dirais donc aux jeunes de respecter le temps, prendre le temps pour tout. Pierre Lees-Melou a attendu l’âge de 21-22 ans pour éclater. Et nous, à l’âge de 13-14 ans, on est en train de dire qu’untel va réussir, un autre non. Je pense qu’il faut beaucoup de temps. Il faut respecter le temps, et travailler ».

     

    Sud Ouest

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