Cédric Anselin : “Me retrouver à être envahi par des filles, à signer des autographes sur une serviette, ça ne m’était jamais arrivé”

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    Cédric Anselin, l’ancien joueur formé aux Girondins de Bordeaux, a joué la finale de la Ligue Europa de l’époque, face au Bayern Munich. Il remplaça notamment Bixente Lizarazu, blessé lors de cette rencontre.

    « Le 15 mai 1996, je joue la finale contre le Bayern Munich, c’était à Bordeaux, au Parc Lescure. Un match à guichets fermés… On part la veille à l’hôtel, on s’éloigne un peu de l’euphorie des supporters parce qu’il y avait encore cette possibilité de faire l’exploit qu’on avait fait contre le Milan AC. La veille donc, on part à l’hôtel, je crois que c’est Zidane qui vient me chercher parce que je n’avais pas de voiture à cette époque-là. On parle de football, de tout et de rien, et je lui pose la question : ‘mais, pourquoi tu es autant aimé par les supporters ?’. Il me dit que dans le foot, tu peux passer complètement à côté des matches, mais si tu fais un moment magique, les gens sortent du match – pas en pensant que tu as fait un mauvais match – en pensant au geste technique que tu as fait. Il m’amène à l’hôtel, il n’y avait pas de pression… On part au Cap Féret, tout le monde était tranquille, Gaëtan Huard pratiquait son golf dans les couloirs de l’hôtel. Au repas du midi c’était tranquille, Dugarry était vraiment comme il est tous les jours, à être le comédien de l’équipe, à toujours chambrer. Puis, on est rentré sur le terrain pratiquement deux heures avant le coup d’envoi, et le stade était pratiquement rempli. Il y a le coup d’envoi, Gernot me met sur le banc, je ne me suis jamais dit que j’allais rentrer en jeu parce que devant moi il y avait des François Grenet, des joueurs beaucoup plus expérimentés que moi. Le match débute le Bayern était vraiment au-dessus parce qu’on avait cette fatigue, on avait joué 18 matches de Coupe d’Europe, alors que le Bayern n’en avait joués que huit. Le ballon arrive sur Lizarazu, qui va pour tacler le ballon, et le joueur lui met une grosse semelle avec les crampons sur le genou. Il sort sur civière et c’est à ce moment-là que Gernot regarde le banc et dit ‘Cédric, tu rentres’. Je n’étais pas préparé comme je ne pensais pas que j’allais rentrer, je n’avais même pas mes protège-tibias, je n’étais vraiment pas préparé, je n’avais même pas fait mon échauffement. J’essaye de prendre mon temps, comme Lizarazu sort… Je jouais sur le côté où il y avait les bancs de touche. Le ballon sort en touche, je cours pour rattraper le ballon, et je m’aperçois que c’est Beckenbauer sur le banc du Bayern. J’ai joué latéral gauche, j’ai fait pour moi un bon match, sans avoir pris l’ampleur que c’était une finale, car pour moi c’était un match comme tous les autres. Sauf que les joueurs en face de moi j’avais leur poster dans la chambre chez mes parents… Ce sont des moments que tu n’oublies jamais, c’est gravé dans ta mémoire. Ca t’arrive peut-être une fois dans ta vie. Évidemment que j’étais déçu d’avoir perdu, mais je peux dire que j’ai joué une Coupe d’Europe […] Mon nom allait changer, il a complètement changé après ce match parce que c’était télévisé pour des millions de personnes. Tu ne peux plus sortir comme quand tu sortais auparavant. Aller manger un Quick avec un pote à moi du centre de formation, et me retrouver à être envahi par des filles, des mamans, à signer des autographes sur une serviette. Ça ne m’était jamais arrivé ».

    Slate

    Retranscription Girondins4Ever