Didier Sénac : “On lui a reproché pleins de choses, mais on lui doit tellement”

    Claude Bez

    Didier Sénac a connu une fin d’aventure à Lens un peu mouvementé avant de rejoindre les Girondins et de faire connaissance avec Claude Bez le président des Girondins de Bordeaux de l’époque. L’ancien joueur bordelais raconte comment cela s’est déroulé. “En fait, il faut savoir que c’était chaud quand je suis parti d’ici. J’ai eu un problème avec des gens en ville, dans un restaurant, un soir de jour de l’an. Il y a des supporters qui sont là, qui sont un peu saouls, qui commencent à prendre à partie les joueurs. « Vous êtes trop payés » etc. Il y a une bagarre qui éclate. Le lendemain, les amis de ces gens là viennent chez moi pour me mettre la pression, une bagarre éclate à nouveau. Une plainte est déposée et je prends un an de prison ferme … il y a opposition au jugement, je prends trois mois ferme, puis en appel finalement, trois mois avec sursis. Dans la ville à Lens, ça passe mal. Delelis qui est alors le maire me téléphone : « écoute, ça pose problème, il y a les supporters qui m’appellent, ils comprennent pas comment tu as pu te battre avec certains d’entre eux. On sait que Bordeaux, Marseille et Paris te veulent en fin de saison, mais ce serait bien que tu puisses partir tout de suite. Bordeaux est disposé à te prendre en prêt dès maintenant ». J’ai dit « pas de problème, je m’en vais ». Et Claude Bez m’a accueilli de la façon totalement inverse. « Moi c’est ce que je cherche, quelqu’un qui a du caractère, de la personnalité. J’en ai rien à foutre de ce que tu as fait là bas. Au contraire. C’est ce que je veux ». C’était un mec droit. Tout le monde l’a dit et redit : quand il te disait oui, il te serrait la main, et tu n’avais pas besoin de signer quoi que ce soit. Oui c’était oui. Non c’était non. Il m’a soutenu dans tous les moments difficiles”.

    Claude Bez, un président, un personnage que défend l’ancien défenseur. “Il n’a pas cherché à s’enrichir personnellement, non. On s’est un peu acharnés, on lui a reproché pleins de choses, mais on lui doit tellement. Aujourd’hui les droits télé, c’est grâce à lui. Les mecs posaient leur caméra et lui arrivait en disant : « hey si tu veux diffuser le match, il faut payer ». Ca gueulait puis il prenait la caméra et la balançait dans la piscine (rires). C’était Claude Bez quoi, mais aujourd’hui la logique des droits télé qui sont en vigueur, ça vient de lui. C’est lui qui a soulevé ce problème, et je crois qu’aujourd’hui, tout le monde est content d’en bénéficier. Je n’ai entendu personne se plaindre, en tout cas. C’était un personnage. Et après, quand j’ai vu ses déboires … avec Tapie ils se sont mangés tous les deux (soupir) c’est incroyable. C’était quelqu’un d’intelligent, d’ambitieux, qui avait toujours une longueur d’avance. Je suis arrivé, les girondins avaient déjà leur radio, Wit FM. Tous les joueurs portaient le même costard à l’effigie du club, et je te parle de ça, on était en 1987. Il avait pleins d’idées, il parlait déjà d’une télé du club … c’était un visionnaire, je crois qu’on l’a mal apprécié”.

     

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