Le consultant Vincent Duluc a souhaité intervenir à propos du retour gagnant de Yoann Gourcuff à Bordeaux, le club qui l’a vu briller sous ses couleurs dans les années 2010. “Il fut un temps, vraiment, où Yoann Gourcuff faisait la une de L’Equipe aussi souvent que Neymar. Dans cette époque post-zidanienne, dans cette quête messianique, il était celui qui se détachait du gris, par ses manières soyeuses, sa gueule d’ange et ses boucles de jeune premier, ainsi qu’un créatif traversé par des éclairs et tant d’insouciance. A partir de quel moment l’avait-on soustrait aux destins ordinaires, pour en faire une icône et choisir sa photo, presque à tous les coups, sitôt que Bordeaux faisait la une ? A partir de quel moment était-il devenu une star, vraiment, essaimant les cris des filles dans son sillage ? et à partir de quel moment avait-il commencé à se voûter sous le fardeau ? Ces questions sont revenues par vagues, en même temps que les souvenirs, hier, en fin d’après-midi, cependant qu’il entrait à Bordeaux disputer les dernières minutes de son sixième match de la saison de Ligue 1, sous l’hommage du public qui avait vu le meilleur de son jeu et de sa jeunesse, et qui aura encore vu les ultimes feux d’un joueur de trente et un ans depuis longtemps en clair-obscur. C’est une ironie, ou c’est un destin, Yoann Gourcuff a eu le temps, cinquante secondes pus tard, d’inscrire son premier but depuis plus d’un an, de ne pas oser vraiment lever les bras, et de se souvenir surement que le but d’avant était survenu au Matmut, déjà. Ce n’est pas son stade, mais cela restera sa ville : quand il arrêtera sa carrière, dans quelques mois ou dans quelques années, et que viendra le moment de résumer une trajectoire et un malentendu, nous choisirions une photo de Yoann Gourcuff sous le maillot des Girondins, en 2008 ou en 2009, puis nous raconterons les pointillés, à partir de 2010″.

 

Suite et fin de ce point de vue sur L’Equipe