Laurent Perpigna : “Les autorités pensent qu’ils résoudront ce problème par la force…”

    Jeremy 30 ans Ultras Supporters (7)

     

    Laurent Perpigna a recontextualisé la situation des supporters des Girondins de Bordeaux, les Ultramarines, et plus globalement le mouvement Ultra en France. « Cela fait plusieurs années que face aux différentes problématiques, les autorités essayent de trouver des solutions. Ça a commencé par les interdictions de stade, puis les interdictions administratives de stade, et ensuite les interdictions de déplacements. Les interdictions de déplacement, ces deux dernières années, se sont répandues dans un contexte politique assez particulier (attentats, état d’urgence, préparation de l’Euro). Et cela a fait que c’est presque devenu la norme. On s’est adapté à ça en respectant dans un premier temps ces interdictions, et on s’est aperçu qu’au final – même si l’état d’urgence est maintenu, et qu’il s’est assoupli – les supporters restent dans une espèce de politique d’exception qui est menée à leur encontre. Au sein des Ultramarines, on importe le débat depuis un an et demi maintenant, à savoir ce que l’on faisait. Est-il acceptable d’être privé de notre liberté ? D’avoir à demander la permission à la LFP ou à des préfectures d’aller voir un match de football ? On a décidé de ne plus s’y plier. Cela a commencé il y a plus d’un an maintenant, et c’était pour un Nantes-Bordeaux. Un arrêté était tombé et on avait décidé d’y aller quand même. Prise de panique la Préfecture, avec un excellent travail à l’époque de David Lafarge auprès de Nantes, a fini par accepter notre présence et c’était déjà une première victoire. Cela avait été un bras de fer assez épique, mais on avait pu se déplacer en nombre. C’est à partir de ce moment-là qu’on a bien senti qu’il y avait matière faire infléchir les autorités, et de toute façon on avait annoncé et expliqué que ces arrêtés étant profondément injustes, nous ne pouvions plus les respecter ».

     

    Puis le leader des supporters Girondins fit un point précis sur l’utilisation des fumigènes et les interdictions de déplacement. « Les trente ans se sont passés, vous connaissez le résultat (les fumigènes, ndlr), un malheureux ‘enflammage’ de banderole à Troyes là-dessus… On évite de faire brûler nos tifos en général (sic), c’était un accident. C’est un accident regrettable, on ne se défausse jamais de nos responsabilités. Maintenant, il y a aussi quelques éléments à rappeler. Pour les fumigènes, il y a une négation totale de la part des autorités, ils pensent qu’ils ne le résoudront que par la force. Ça fait 25-30 ans qu’il y a des fumigènes dans les stades, voilà… On n’a pas évolué. Sauf que l’allumage des engins pyrotechniques est hyper dangereux, parce qu’il est interdit et durement réprimé, donc les gens font n’importe quoi pour les rentrer… Quand les gens se cachent pour échapper aux cinquante caméras du stade, on ne sait pas comment il est allumé, où il finit, et cela accroît la dangerosité. C’est totalement contre-productif […] Sur les déplacements, la Ligue nous interdit l’accès au parcage visiteurs à Nantes et Strasbourg. Il faut savoir que pour nous, la Ligue n’a pas autorité pour savoir quel déplacement de supporters est dangereux ou pas. La Préfecture, c’est une chose, la Ligue une autre. On n’est pas dans la prévention des risques, on est dans la punition. La décision de la Préfecture à Strasbourg est à peu près logique, à partir du moment où le parcage visiteurs est fermé par la Ligue, je ne vois pas quel Préfet irait dire qu’il n’y a pas de problème et autorise le déplacement des supporters. Sur ce cadre-là, il faut être précis, la Ligue de Football Professionnel joue encore avec les supporters et considère finalement que les acteurs indispensables au foot ne valent pas grand-chose et ne méritent pas d’être bien considérés ».

     

    GA, RIG

    Retranscription Girondins4Ever