Christophe Dugarry : “Tu n’as pas anticipé, tu n’étais pas prêt, tu es dans la panique, tu les gardes…”

    Malcom

     

    Sur le sujet des clubs de Ligue 1 qui n’auraient pas intérêt à vendre les joueurs courtisés lors du mercato d’hiver (Lemar, Seri, Malcom), Christophe Dugarry a donné son ressenti.

    « On a toujours un peu un jeu de rôle quand on travaille dans les médias, on se met à la place de Pierre, de Paul, de Jacques, de l’entraîneur, du joueur, du président, donc bon après parfois de manière inconsidérée, mais je me suis forcément mis dans ce genre de situation et je me suis dit comment gérer un joueur qui veut à tout prix partir ? Parce que ça existe ces derniers temps. Il y a beaucoup de joueurs qui font du forcing, du chantage. Des clubs également, ça ne sont pas que les joueurs. Donc c’est un rapport de force qui se met en place. Ecoute, moi je pars de l’idée qui si le joueur veut partir, il faut le laisser partir. Je pense que ça crée plus de problèmes à l’arrivée que ça en a créé au départ. Je pense que beaucoup de clubs ne veulent pas laisser partir les joueurs parce qu’ils ne sont pas prêts. Ils ne sont pas organisés, ils ne sont pas structurés pour éventuellement les remplacer. Ca doit s’anticiper. C’est un travail qui doit être effectué sur le fond, on ne va pas dire sur le long terme parce qu’en football c’est toujours très compliqué le long terme mais il faut anticiper à chaque fois. Le petit Malcom, le garder ? Mais pourquoi ? Est-ce que le plus important c’était de garder Malcom qui est un très bon joueur, mais tu ne sais pas non s’il allait continuer sur la deuxième année. On te propose 50 millions d’euros et tu as besoin d’un défenseur central, tu as besoin d’un mec au milieu, tu as besoin d’un attaquant. Avec 50 millions, tu peux peut-être en acheter. Est-ce qu’il ne vaut pas mieux vendre un bon joueur, un espoir… Parce que ça reste malgré tout un espoir, sur qui il peut tout arriver aussi. Il n’y a aucune certitude. Ce n’est pas le joueur absolu qui te fait gagner les matches à lui tout seul… Là, il vaut mieux le garder là oui. Pendant toute cette année, le gamin pense déjà à partir l’année prochaine, il en met un petit peu moins, il met un peu moins d’intensité. Entendre dire que des garçons comme Malcom, Lemar, Seri – qui sont de très, très, très bons joueurs, je n’ai rien à dire – ne sont pas remplaçables par deux ou trois bons joueurs, sincèrement il faut me convaincre de ça. Ce sont trois joueurs qui jouent au milieu de terrain, ce ne sont pas des joueurs qui marquent 25 buts dans une saison et sincèrement sans leur faire offense, ils ne les marqueront jamais, même si ce sont d’excellents joueurs. Il faut savoir réfléchir sur le cas précis et il faut surtout savoir les anticiper. Et comme en général ça se passe au dernier moment… Tu n’as pas anticipé, tu n’étais pas prêt, tu es dans la panique, tu les gardes… Tu fais une petite augmentation et si le joueur est moins bon ou se blesse, tu te retrouves avec une augmentation avec son salaire et tu l’as prolongé de deux ou trois ans, tu ne sais plus quoi en faire. Ca fait partie de l’anticipation que tu dois avoir quand tu gères un club de football. Ce n’est pas une leçon que je donne, c’est juste un avis. Tout est explicable, même à tes supporters il y a des moyens pour leur expliquer les choses, pourquoi tu vends Malcom, pourquoi tu ne le vends pas ? Quelle est la stratégie du club ? Pourquoi aujourd’hui avec les 50 millions de Malcom tu ne vas acheter peut-être que deux joueurs pour 30 millions et pourquoi tu vas en garder 20 pour le centre de formation parce qu’on va mettre des scouts, des recruteurs, des moyens pour le centre de formation… Ca, ça s’explique à tes supporters et après ils t’accompagnent dans l’aventure”.

     

    RMC

    Retranscription Girondins4ever