Jussiê connait l’origine de ses blessures, en plus de la malchance : “Je m’entraînais à 50% et je jouais à 100%”

    Jussie tests physiques

     

    Le football ne manque pas à Vieira Jussiê, qui est passé à autre chose. Cependant, et comme nous, le brésilien regrette ses blessures. “La seule déception que j’ai, c’est par rapport à mes blessures. Je suis plus « raison » que « cœur ». Au contraire de ma femme par exemple. Je savais qu’à un moment donné, il fallait s’arrêter. Je me disais « Un an de plus, deux ans de plus, même trois ans de plus, je sais qu’à un moment donné ça va s’arrêter ». Et je me demandais si j’allais avoir la même opportunité de reconversion, dans le vin qui est ma passion, comme je peux avoir aujourd’hui ? Est-ce que ça vaut le coup de sacrifier ces trois années ? Donc à ce moment-là, c’était le moment pour moi d’arrêter. J’ai mis ça dans la balance de la vie, et j’ai vu que j’avais plus à gagner à arrêter ma carrière. Aujourd’hui, je ne regrette pas! Mais j’essaie de ne pas y penser. Ces pensées-là, je les évite”.

     

    Doué d’un talent fou, l’attaquant brésilien n’a pu complètement l’exploiter du fait de ses blessures à répétition. C’est d’ailleurs ce qui a certainement effrayé les divers clubs de Ligue 1 à le faire signé, après son départ des Girondins de Bordeaux. Si nous savions que ces blessures n’étaient pas dues à son hygiène de vie, nous nous devions de lui la poser. Et c’est ainsi qu’il expliqua, argument à l’appui, la cause de ses nombreuses indisponibilités. “Je ne pense pas que les clubs pensaient que j’avais une mauvaise hygiène de vie. Quand on voit un cas comme Gourcuff, souvent blessé, alors le mec il est niquel! Je pense que c’est lié à la malchance. Au départ, je ne travaillais pas assez. Quand j’avais les blessures musculaires, j’essayais de comprendre ça, en me demandant ce qu’il se passait. Au Brésil, jamais blessé. A Lens, jamais blessé. Pourquoi à Bordeaux j’étais blessé ? Le constat a été difficile, a été long, mais je suis arrivé au constat que je n’entraînais pas mon corps, pour l’exigence que les matchs me demandent. Je m’entraînais à 50% et je jouais en match à 100%. Donc forcément, il y avait un décalage. A ce moment-là, j’ai fait venir un kiné brésilien, qui est resté à Bordeaux pendant un an avec moi. Il habitait à Bordeaux, il faisait les aller-retours, et on travaillait tous les jours. Tous les jours, tous les jours, tous les jours… Ca c’était avec Gillot. Et quand on regarde mon historique, on peut voir que ma seule blessure, c’était contre Marseille. Je saute, je retombe, coude cassé! Là, on ne pouvait rien faire. Donc non, pas de mauvaise hygiène de vie. J’ai eu la certitude que je donnais beaucoup pendant les matchs, mais que je ne m’entraînais pas assez. Ca ne venait pas de moi, ça venait de ce que l’on nous proposait. Pour mon corps, ce n’était pas suffisant. Il fallait que je m’entraîne encore plus, en plus des entraînements collectifs. Il faut savoir que pour les clubs, nous ne sommes que des produits. Très clairement. Toi, quand tu viens acheter quelque chose, tu payes un prix, mais derrière il faut que ce soit niquel. Si tu achètes quelque chose et que tu sais que c’est bientôt périmé, tu te dis, soit je n’achète pas, soit moitié prix. Et les clubs, c’est ça. Je pense qu’avec mon historique de blessures, ils se sont dit « Jussiê se blesse beaucoup, on va le faire venir, on va le payer, mais si demain il se blesse, après qu’est-ce qu’on fait ? ». Ils ont peur. Je pense que c’était pour ça, j’avais conscience de ça. C’est quelque chose qui m’embêtait, mais pour moi c’était clair. Avec mon histoire en France, ne pas pouvoir trouver un autre club facilement…”.

     

    Mais Jussiê tomba également sur des gens incompétents, notamment une personne dirigeante du FC Lorient. “J’ai eu des contacts avec des agents. Il y avait un directeur de club, qui a dit à mon agent « En ce moment, on n’a pas besoin de milieu défensif ». Mon agent lui dit « On parle du même joueur là, vous parlez de Jussiê ? », et le dirigeant lui dit « Mais Jussiê, il n’est pas milieu défensif, vous êtes sûr ? ». C’était un dirigeant de Lorient qui avait dit ça. L’amateurisme de ces gens-là… Comment ça se fait qu’un mec comme ça est dans le football ? Je me suis rendu compte, qu’à tous les niveaux, de la chaîne du football français, il y a beaucoup d’amateurisme. Beaucoup, beaucoup. C’est ça aussi, qui m’a dégoûté un peu à la fin de ma carrière. J’ai eu accès à des gens, je me suis dit comment ont-ils eu une place dans le football ? Mais c’est comme ça…”.

     

    Retrouvez l’intégralité de notre deuxième partie de l’interview de Vieira Jussiê, ICI, sur Girondins4Ever