[AJ] Lizarazu : “Quand je dois réaliser une interview, et que ça se complique, ça me fatigue grave”

     

    Bixente Lizarazu a côtoyé les deux côtés des médias. Après sa carrière de footballeur, il s’est reconverti en tant que consultant et commentateur. Il donne donc son avis sur les relations qui se dégradent entre les médias et les joueurs de foot.

     

    “C’est un vrai sujet. Une distance terrible se crée entre les acteurs du football et les journalistes. Les responsabilités sont partagées. D’un côté la multiplication des agents, des conseillers, des avocats, des sponsors, qui coupe le sportif des médias. C’est un vrai problème, qui s’envenime quand ces gens ne comprennent rien aux médias. Ils verrouillent tout et à l’arrivée, il n’y a que des perdants. Très sincèrement, quand je dois réaliser une interview, et que ça se complique, ça me fatigue grave. Mais, d’un autre côté, le journalisme évolue vers une forme de voyeurisme. On va vers la polémique pour la polémique. Tout est blanc ou noir. Plus tu t’éloignes du terrain, de tes sources – donc des acteurs du jeu – et plus le débat dérive vers une forme de caricature. L’accélération du traitement de l’info pousse à cette dérive. C’est la course aux clics. Parfois, un titre d’interview ou une phrase sortie de son contexte trahit la pensée de son auteur. Et la méfiance des joueurs va en grandissant […] L’époque où les journalistes entraient dans le vestiaire, où on discutait après les entraînements, me manque. Il reste encore heureusement des fenêtres de plaisir dans ce métier. Récemment, j’ai réalisé une longue interview d’Antoine Griezmann. C’était un très bon moment parce qu’Antoine est un garçon naturel, bien entouré. Tout est sain autour de lui. C’est un garçon qui vient te serrer la main pour t’accueillir, te remercie d’être venu jusqu’à lui. Ces moments de magie existent encore”.

     

    L’Equipe Magazine