[AJ] Lizarazu : “Quand un remplaçant a sa chance, il ne doit pas la rater”

    Bixente Lizarazu

     

    Dans sa chronique pour le quotidien l’Equipe, Bixente Lizarazu évoque le match de ce soir contre la Côte d’Ivoire et l’importance qu’ont les remplaçants français à saisir cette chance qui leur est offerte pour s’imposer comme plus que remplaçants.

     

    “Didier Deschamps va opérer plusieurs changements ce soir. S’il a décidé de se passer des services de plusieurs titulaires, ce n’est pas pour récompenser leurs remplaçants de leur bonne conduite à l’entrainement ou dans la vie de groupe. Le sélectionneur veut profiter de ce match amical face aux lvoiriens pour y voir plus clair sur la solidité de ses doublures et de son effectif. S’installer durablement revient à se frayer un chemin jusqu’au sommet en démontrant sa capacité à rivaliser avec les meilleurs. Dans le foot, la compétition ne commence pas au coup d’envoi du match. Elle existe aussi en interne. On dit qu’il faut bousculer la hiérarchie. En équipe de France, ce verbe n’est pas approprié. ll induit une forme de brutalité alors qu’une place se conquiert d’abord en faisant preuve d’intelligence et de finesse. Une équipe de haut niveau est une meute de loups et celui qui s’y pointe comme un agneau a toutes les chances de se faire dévorer, comme celui qui hurle trop fort sans rien avoir encore prouvé. Une intégration réussie est souvent le fruit d’un mélange d’humilité et de détermination. Chez les Bleus, le pouvoir ne se donne pas, il se prend. Si Lucas Digne ne l’a pas pris sur le côté gauche de la défense au point de favoriser le retour de Patrice Evra, alors qu’il est arrivé chez les Bleus au printemps 2014, c’est sans doute parce qu’il s’est montré trop timide. Je ne suis pas certain qu’un monde le sépare, sur le plan purement sportif, de Layvin Kurzawa mais le Parisien a pris davantage les choses en main et montré plus de caractère. N’Golo Kanté est visiblement d’une nature timide, ce qui ne signifie pas qu’il manque de caractère ni d’ambition. S’il a fait sa place, s’il a conquis le groupe, c’est parce que, sur le terrain, il ne s’est pas dérobé. Et puis, son parcours avec Leicester et ses débuts réussis à Chelsea invitent aussi au respect. Adrien Rabiot, l’un des petits nouveaux devra faire ses classes, lui aussi. Mais son intégration rapide parmi ceux qui comptent au PSG me laisse penser que sa promotion chez les Bleus sera plus rapide pour lui que pour d’autres. Evidemment, la tâche des remplaçants n’est pas aisée, surtout quand ils débarquent en nombre. Moins le onze de départ compte de titulaires et de cadres expérimentés, plus le collectif est fragile et plus c’est difficile de tirer son épingle du jeu. Il ne s’agit pas d’une injustice, plutôt d’un passage obligé. Les titulaires d’aujourd’hui sont souvent les remplaçants d’hier qui ont su saisir leur chance. La nature a horreur du vide, a-t-on coutume de dire. En mars dernier, Deschamps a rappelé in extremis Dimitri Payet, alléché par ses prestations avec West Ham. Dès son premier match aux Pays-Bas, le Réunionnais a montré qu’il avait l’étoffe pour combler le vide laissé par Mathieu Valbuena. Payet n’a rien volé à personne. Il s’est affirmé et a aujourd’hui ce que son talent mérite. En équipe de France plus qu’ailleurs, quand un remplaçant a sa chance, il ne doit pas la rater. A ces derniers, qui auront leur chance ce soir, je lancerais : ‘Joue-la comme Payet!’ “.