Lizarazu : “Même quand tu lui envoyais un ‘saucisson’, ça devenait un bon ballon”

    Bixente Lizarazu

     

    Dans sa chronique pour le quotidien sportif l’Equipe, Bixente Lizarazu a tenté de trouver des similitudes dans le jeu entre Zinédine Zidane et celui d’Antoine Griezmann. « Si je devais trouver un point commun entre Zinédine Zidane et Antoine Griezmann, ce serait leur culture et leur goût de la passe. Ce sont deux formidables créateurs de mouvement et accélérateurs de jeu. Ils pensent d’abord à bien faire jouer les autres avant de penser à eux-mêmes, et cela a un impact direct sur le collectif. Ça parait tout simple écrit de cette façon, mais c’est beaucoup plus compliqué dans les faits. Zizou, tout le monde le cherchait. Les défenseurs dans la relance, les milieux en relais, et les attaquants dans l’espoir de recevoir la passe décisive. Même quand tu lui envoyais un ‘saucisson’, ça devenait un bon ballon. Il avait la culture du jeu collectif avant tout. Il savait valoriser ta course et te redonner le ballon dans le bon timing là ou d’autres se serviraient de ton appel pour mener une action individuelle. Voilà pourquoi on avait tous du plaisir et l’envie de jouer avec lui. Il déclenchait le mouvement général de l’équipe et la participation de tous. Il y a la même volonté chez Antoine Griezmann. Parfois, j’ai même l’impression qu’il prend autant de plaisir à faire une passe décisive qu’à marquer un but. Ce qui est difficile avec des joueurs plus individualistes, c’est que, quand tu donnes le ballon, tu as toujours le ‘une’ mais rarement le ‘deux’. A partir du moment où tu as ‘cerné’ ton partenaire, tu ne fais plus l’appel et souvent le jeu se retrouve bloqué. Ce n’était jamais le cas avec Zizou : quand je partais dans le couloir de gauche, dans 99% des cas, je savais qu’il me redonnerait le ballon. Avec Griezmann, c’est pareil, tu sais que le ballon va revenir, c’est sa nature et sa culture du jeu. D’ailleurs, je n’ai pas vu beaucoup d’attaquants ne pas arriver à jouer avec Griezmann […]  Ils créent le mouvement, ils trouvent l’espace. Ils respirent un football où la passe est au centre de tout, comme en Espagne, Griezmann baigne dedans depuis son adolescence alors que Zizou l’a découvert bien plus tard. Mais c’était instinctif chez lui. C’est agréable pour les partenaires parce que tout le monde participe au jeu. Quand tu as un joueur qui joue tout seul en faisant quinze dribbles, tu le regardes et tu attends… S’il y a un football de dribbles et d’actions individuelles où chaque joueur va penser faire la différence par ses exploits personnels et un autre, très collectif, où tu transperces les lignes grâce à tes passes et au mouvement général. Alors Zizou et Grizou représentent celui-ci merveilleusement bien ».