Courbet : “Je reçois un coup de téléphone du club : ‘Goethals veut vous voir'”

    Julien Courbet

     

    Vous le savez, Julien Courbet a été le speaker des Girondins de Bordeaux. Dans un entretien accordé à la presse belge, il raconte une anecdote sur Raymond Goethals lors d’un Bordeaux-Marseille au Parc Lescure : “C’était l’époque où Bordeaux et Marseille étaient d’énormes concurrents. Claude Bez, notre président, et Bernard Tapie, son homologue marseillais, se livraient une véritable guerre. C’était de la haine et ce match s’était transformé en un vrai Clasico. Moi, j’étais sur la pelouse, devant trente mille personnes. Je les ai chauffées, chauffées, chauffées pendant une bonne demi-heure. Bref, je mets le feu. Au final, les Girondins s’imposent facilement (3-0). Le lendemain, je reçois un coup de téléphone du club : ‘Goethals veut vous voir’. J’ai commencé à angoisser, je pensais avoir fait une connerie. J’y vais et je m’assieds à la réception. Lui arrive avec sa cigarette au bec : ‘Monsieur Courbet, je tenais à vous expliquer qu’hier, que pendant la causerie d’avant-match, j’ai dit aux joueurs d’écouter les fans crier pour eux et donc qu’ils devaient gagner pour eux. Cette victoire, on vous la doit également’. Je suis sorti et j’ai commencé à pleurer sur ma mobylette”.

     

    En tout cas, l’animateur a été profondément marqué par cette rencontre et par cet homme : “C’était tellement rare qu’un simple speaker puisse avoir une quelconque influence sur le score d’un match. C’est le seul qui a cherché à me rencontrer. Je l’adore, c’était un personnage atypique et il est, à mes yeux, l’un des plus grands entraîneurs passés par les Girondins. Un autre moment me revient en tête. Il avait une vision du football et il faut bien admettre qu’il se trompait rarement. Un jour, Bordeaux était en déplacement et perdait 1-0 à la mi-temps. Un journaliste lui demande ses impressions sur les quarante-cinq minutes initiales et lui répond, tout naturellement : ‘Aujourd’hui, je vous annonce que nous allons perdre, quoi qu’il arrive et quoi que je fasse’. Et ce match, il l’a bien perdu. C’était tellement incroyable et rare d’entendre un entraîneur dire quelque chose comme ça. Un homme fabuleux, qui avait ses chouchous dans le vestiaire. Bixente Lizarazu et Jesper Olsen sur le flanc gauche, il les appelait ses deux moustiques. Un homme fabuleux, un génie !”.

     

    La Dernière Heure