Dernier intervenant sur l’Equipe 21 hier soir, Samir Bouadi. Acteur, scénariste et journaliste, il a écrit une lettre anonyme à Willy Sagnol.

 

 

“En 1993, sortait en France un film qui eu un énorme succès. Un film de Simon Wincer dont le titre ‘Il faut sauver Willy’ renvoyait à la solidarité toute chialeuse d’un ado en errance affective pour un orc mâle qui refusait son sort de bête d’aquarium. A priori, mis à part le prénom, il est difficile de vous comparer cher Willy à un orc mâle qui veut quitter sa prison de verre.

 

Et pourtant, ce qui vient vous sauver c’est, comme pour Willy, l’eau… L’eau salée, celle de vos larmes du jour ont rendu caduque à priori toute tentative d’invective, de rejet. Nous n’avons plus de soupçon quant à votre éventuel réflexion raciale. Vous venez de prendre une leçon de vie néanmoins qui pourrait se résumer ainsi : on a beau ne pas être une grande gueule, on peut dire beaucoup de conneries en peu de mots, en même temps, et à considérer le contexte de déculpabilisation de la parole.

 

On se rend bien compte que le très grand Eric Zemour, spécialiste de foot, est très content, très très content car nous sommes à l’heure des constats faciles, des phrases toutes faites et des considérations ethnico-comparatives qui laisseraient pantois, KO debout, Claude Levi-Strauss et d’autres génies du même acabit. Le joueur africain n’est pas cher, c’est vrai. On vient l’acheter pour pas grand chose, on le stocke dans des hangars, on attend son heure et si son heure ne vient pas, on le renvoie chez lui, voilà c’est comme ça, c’est ainsi, c’est la vérité et après tout on l’a pas forcé à venir. On a juste fabriqué des rêves pourris, dans une société de merde, où l’argent est roi et où la moindre tentative d’en soritr ferait de nous des rêveurs débiles.

 

Le nordique lui a bonne mentalité… Ah bon ? Je ne comprends pas, c’est quoi une bonne mentalité ? Mais j’ai décidé de sauver Willy parce que moi il m’arrive aussi de dire des conneries toute la journée très souvent. Et ces mots là m’ont ému, que celui qui n’a jamais pêché, blabla. Ma mère m’a dit de ne jamais juger les autres, c’est ainsi, je suis un homme tolérant. C’est très facile pour moi d’être tolérant car comme chantait le poète : ‘Armstrong, je ne suis pas noir, je suis blanc de peau.” L’incident est clos. Puisque c’est un joueur noir qui a marqué et puisque c’est un joueur noir qui est venu vous consoler… Belle mentalité le joueur d’origine africaine finalement. Essuyez vos larmes Willy cher ami. Vous n’avez rien fait de mal, au contraire, vous avez donné à certains l’occasion de montrer leur grandeur d’âme. Allez Willy, on passe à autre chose parce que là, pfff…”

 

Il donne enfin sa traduction des propos de Planus :

“Pour Planus, il a voulu dire ‘on a longtemps été pris pour des cons nous les joueurs de foot, et à cause de lui (Sagnol) on va encore passer pendant très longtemps pour des cons.'”

 

Retranscription Girondins4Ever