Sagnol veut appliquer la rigueur allemande

    Sagnol et Poundjé

     

     

    Willy Sagnol a évolué durant de nombreuses années au sein de l’effectif du Bayern de Munich. Profondément marqué par la mentalité allemande, et plus particulièrement bavaroise, le nouvel entraîneur des Girondins de Bordeaux a confirmé, dans une longue interview accordée à l’Equipe Magazine, qu’il ne pourra adapter en totalité le modèle munichois à Bordeaux, notamment à cause des différences de cultures, et en donne un exemple concret :

     

    « Non, clairement non ! Les cultures sont trop différentes. On peut apporter les valeurs de travail, mais pas le modèle dans son entier. Par nature, le Français n’est jamais content. Par exemple, chez nous, une « vedette » qui ne joue pas va râler, alors qu’au Bayern une star ne dit rien et bosse toute la semaine pour être alignée le match suivant. Si je voulais appliquer cette recette à Bordeaux, il me faudrait beaucoup d’argent, et surtout l’arrivée de 80 ou 100 joueurs parfaitement au fait des méthodes de travail. Moi, il m’a fallu près de trois ans pour entrer dans cette culture germanique. »

     

     

    Cette différence de culture, Willy Sagnol l’a vécu personnellement dans sa carrière de joueur lors de son arrivée au Bayern, et nous raconte notamment l’adaptation qui lui a été nécessaire pour s’acclimater aux us et coutumes d’un championnat et d’un club empreints d’exigence et de rigueur :

     

    « J’ai découvert une attitude, le respect absolu des horaires, des tenues, des structures parfaites pour travailler… Tout est planifié, il ne manque jamais une chasuble. Au début, je ne comprenais pas cette organisation extrême, alors mes dirigeants m’ont attrapé sur le thème « un Français face à 80 millions d’Allemands, tu crois qu’on va changer pour toi ? » Pourtant, je venais de passer dix-huit mois à Monaco sous les ordres de Claude Puel, qui ne me lâchait pas et m’avait même sorti à la 17e minute d’un match de Première Division à domicile. Ça m’avait fait du bien. (…) Je m’y suis fait et j’ai adoré ! Au bout de quelques mois, je ne supportais plus de perdre une opposition à l’entraînement ou de rater deux passes faciles de suite. Ma journée était foutue. Je ne peux imposer cette attitude en quelques semaines à Bordeaux, mais j’ai demandé l’application de deux, trois mesures inspirées de ce fonctionnement. Ces outils pour améliorer la performance, je préfère les garder secrets. »

     

     

    Toutefois, Willy Sagnol ne souhaite pas stigmatiser le football français, comme ont pu le faire certains entraîneurs étrangers lorsqu’ils évoluaient sur les bancs de touche de Ligue 1 en évoquant un manque de professionnalisme, et préfère pour sa part apporter sa pierre à l’édifice pour améliorer les mentalités.

     

    « Je suis choqué par ces gens qui viennent dans un pays et le critiquent au lieu d’apporter leur contribution. N’oublions pas que, joueur, Leonardo a subi une lourde suspension pour un coup de coude scandaleux lors de la Coupe du monde 1994, et qu’au PSG il fut accusé d’avoir bousculé un arbitre (le 5 mai 2013). En père la morale, il y a mieux. Ancelotti, c’est différent, il a tellement baigné dans la culture italienne de la gagne… »

     

     

    Retranscription par Girondins4ever