Saivet : “J’aurais pu dégoupiller”

    Nous vous proposons une interview intéressante de l’équipe, sur celui qui fait la une de l’actualité du club : Henri Saivet. Pas de question sur sa prolongation de contrat, sur son avenir, il revient surtout sur son parcours et son passage en pro… Bonne lecture !

     

     

     

     

    Vous voilà désormais installé comme titulaire. Vous n’avez que vingt deux ans mais, vu votre parcours, on ne peut pas s’empêcher de dire : enfin !


    “Moi aussi, j’estime avoir perdu du temps. Il n’est plus question que j’en perde encore, à moi de faire ce qu’il faut. Mais être titulaire n’est pas une fin en soi. Mon objectif cette saison est d’être plus régulier.”

     

    Depuis votre passage en pro à seize ans, en 2007, vous avez alterné les hauts et les bas. On vous a parfois reproché un investissement chancelant. Était-ce justifié ?


    “Certaines reproches étaient justifiés, d’autres non. Avec Laurent Blanc, il y avait une sacrée concurrence. C’était dur de se montrer. Moi, je n’ai que deux regrets. Primo, ma saison blanche pour deux fractures aux pieds (2008-2009). Le coach m’avait dit juste avant qu’il comptait sur moi, que j’avais passé un palier. Sans ça, l’histoire aurait pu être différente. Car quand tu es blessé un an, tu reviens à zéro. Secundo, n’avoir pas eu la confiance totale de Francis Gillot à son arrivée. Mais ce n’est pas une critique : quand tu as un groupe de vingt cinq joueurs , tu ne peux pas satisfaire tout le monde.”

     

    Pendant toutes ces années, l’étiquette de talent précoce était elle pesante ?

     

    “Comme je jouais peu, c’était dur. J’avais envie de justifier tout le bien que les gens pensaient de moi et, au final, j’étais déçu de ne pas pouvoir montrer ce que je valais. Je jouais quinze minutes par-ci, quinze minutes par-là, pendant lesquelles plein d’éléments me passaient par la tête : “Il faut que je prouve, que je montre que je mérite, que je marque, que je fasse marquer…” Un truc de fou.”

     

    Pourquoi n’êtes-vous pas parti chercher du temps de jeu, comme en 2011, en Ligue 2 à Angers ?

     

    “Je le voulais, mais pas le coach (Laurent Blanc). Il me disait qu’il y avait beaucoup de matches, etc. Au final, ça ne s’est pas passé comme il voulait, ni comme je le voulais. Mais je ne lui en tiens pas rigueur, j’ai beaucoup appris avec lui, avec le groupe. Mon passage en pro à seize ans a été un mal pour un bien. Ça m’a obligé à sauter les étapes. J’ai vu, entendu des choses qui me serviront.”

     

    Vous n’avez pas regretté de n’être pas parti à Tottenham, qui vous avait fait une offre ferme ?

     

    “Jamais. J’avais dix sept ans… Ce n’est pas évident de gérer la médiatisation, l’argent, les agents. J’ai eu la chance de côtoyer des Jemmali, Jurietti, Ramé, Micoud. Peut être que si je n’avais pas eu toutes ces discussions, cette attention, je serais parti en live. J’aurais pu dégoupiller.”

     

    Il paraît que la première fois que vous êtes entré dans un club de foot, vous ne vouliez pas rester ?

     

    “Oui. A sept ou huit ans, je faisais du basket. Le foot, je m’en foutais ! Mon frère était allé aux Etats-Unis et m’avais ramené des images, je rêvais de jouer en NBA. Un jour, un ami m’a traîné dans un club de foot. Dès que l’entraîneur m’a vu, il m’a dit que je devais absolument prendre une licence. On m’a dit que c’était plus facile de percer dans le foot, que si je réussissais, je pourrais aider ma famille. Quand tu viens de Cergy, la cité, ce sont des mots qui marquent. Ça a peut être été un déclic. Et j’ai lâché le basket.”