Laurent Croci raccroche

    Passé par les Girondins de Bordeaux, Laurent Croci a pris la décision de le quitter définitivement le 25 mai prochain le monde du football. Actuel entraineur du FC Mulhouse (CFA), l’ancien joueur des Girondins de Bordeaux se lance dans l’hôtellerie… du côté de Bordeaux !

     

     

     

     

    Laurent Croci, vous avez décidé que cette saison 2012-2013 serait la dernière pour vous en tant qu’entraîneur de football. Pouvez-vous tout d’abord nous expliquer la raison de ce choix ?

    La raison est simple. J’ai depuis quelques années un projet en tête et il est aujourd’hui en passe de se réaliser. Je vais changer complètement d’orientation professionnelle. Le football, c’est terminé pour moi. Ou plutôt ce sera terminé le 25 mai au soir.

     

    Qu’allez-vous faire exactement ?

    J’ai acquis un hôtel dans le centre-ville de Bordeaux et je vais donc tenter de le faire vivre. Cela fait quatre ou cinq ans que cette opportunité me faisait envie. Désormais, je saute le pas. Et je le fais avec la même envie que celle qui guide aujourd’hui mes pas d’entraîneur de football.

     

    Pourquoi dire tout ça avant la fin de la saison ? Avez-vous d’ailleurs déjà annoncé votre décision à vos joueurs ?

    Je dis tout ça aujourd’hui parce que je ne veux pas mentir à mes joueurs. Je ne leur ai jamais menti. Jusqu’à aujourd’hui, ils étaient les seuls au courant, avec évidemment le président et mes dirigeants. En fait, je leur ai annoncé mon départ samedi, une heure avant le coup d’envoi du match face au Racing. C’était un risque, mais j’ai estimé que c’était le bon moment. On ne s’est pas étendu sur le sujet. Je leur ai simplement demandé que ma décision ne sorte pas du vestiaire pour le moment. Ils ont respecté ma volonté. Et puis on a signé un pacte tous ensemble pour cette fin de saison. Je suis sûr et certain qu’ils le respecteront.

     

    Votre équipe du FCM est toujours en position d’accéder en National en fin de saison. Si ce cas de figure arrivait, pourriez-vous revenir sur votre décision ?

    Non. Mon choix est irrévocable. Que la saison actuelle se termine en apothéose ou non, cela ne changera rien pour moi. En revanche, cela changerait beaucoup pour le club à qui je souhaite déjà la plus grande réussite. Je lui souhaite de rester dans la continuité du travail qui a été effectué jusque-là. Vraiment.

     

    Est-ce une façon de désigner Gharib Amzine, votre actuel adjoint, comme le successeur idéal ?

    Je ne vais pas le cacher. S’il est venu me rejoindre au mois de décembre, c’est d’abord parce que j’avais besoin de ses compétences. Mais c’est aussi parce que je voulais qu’il incarne l’avenir du FCM. Mon souhait est qu’il prenne ma succession, mais ce n’est évidemment pas à moi de décider. Le président est assez grand pour faire ses propres choix.

     

    Justement, comment a réagi Alain Dreyfus quand vous lui avez fait part de vos intentions ?

    Il était un peu étonné. Peut-être un peu triste même (il sourit). Mais il était content pour moi. On se quittera quoi qu’il arrive en bons termes. Et il restera comme l’un des présidents qui m’a le plus marqué au cours de ma carrière.

     

    On vous a vu lui serrer longuement la main, samedi, sur le banc de touche, peu avant la rencontre face au Racing. Peut-on savoir ce que vous vous êtes dit à cet instant ?

    (Il rigole) En fait, le président venait de me dire : « Laurent, où serez-vous dans deux ans, quand nous serons en Ligue 2 et que nous jouerons chaque week-end dans des grands stades comme celui-là ? » Alors je lui ai répondu : « Ben, vous n’aurez qu’à m’appeler et je viendrai en tant que directeur sportif. » Et là, il m’a dit « chiche » et on s’est tapé dans la main.

     

    Il y a donc un espoir de vous revoir au FCM un jour…

    Dans la vie, tout peut toujours arriver. Mais aujourd’hui, mon intention est de vraiment quitter le monde du football.

     

    La vie d’entraîneur ne vous convient-elle plus ?

    La vie d’un entraîneur est usante. Ça en fera peut-être sourire certains, mais c’est une réalité, en tout cas en ce qui me concerne. Toute la semaine, il faut composer avec ses propres questionnements, ses doutes, ses petits tracas. Et puis on est toujours tributaire des résultats. Dans le monde pro, un entraîneur sait qu’il pourra toujours à peu près rebondir et retrouver un poste la saison suivante. Dans le monde amateur, c’est différent. Les propositions sont rares. L’année dernière, à un moment donné, je me suis retrouvé sans rien. Ce n’était pas évident à gérer. Voilà, j’aspire à un peu plus de calme et de sérénité.

     

    Ne craignez-vous pas que le football vous manque ?

    Bien sûr qu’il va me manquer à certains moments. Cette saison, mes joueurs me manquent déjà lorsque je ne les vois pas pendant une demi-journée ! Et puis je vis pour le foot depuis ma naissance. Mais ça passera. Et puis j’irai voir les Girondins !

     

    Le fait que le FCM réalise une brillante saison vous permet-il de quitter le monde du foot avec le cœur un peu plus léger ?

    Je suis effectivement heureux de tourner la page du foot avec cette bande de garçons. Ce sont tous des mecs exceptionnels avec un vrai état d’esprit. Ils m’ont beaucoup donné et j’espère qu’ils m’offriront une belle porte de sortie. La montée en National serait évidemment la plus belle de toutes. Mais s’ils donnent déjà le meilleur d’eux-mêmes jusqu’à la dernière minute du dernier match, alors je serai déjà le plus heureux.

     

    L’Alsace