1999, “Une plénitude collective”

    Crédits photo : Om4ever

     

     

     

    Les confrontations entre l’Olympique de Marseille et les Girondins de Bordeaux sont également l’occasion de se rappeler au souvenir de cette saison 1998-1999, qui couronna Bordeaux. Les Marine et Blanc avaient également réalisé une prestation remarquée face à leur adversaire direct pour le titre  au stade Chaban-Delmas, et un cinglant quatre buts à un clôturant une première demi-heure de folie.

     

     

     

    SoFoot a également interrogé trois acteurs de cette rencontre, pour revenir sur les évènements importants, avec tout d’abord, les propos de Peter Luccin, transféré à l’aube de cette saison 98-99 à Marseille, après une saison et demie en Gironde :

     

     

    « L’histoire retient qu’on a raté de peu le titre cette année-là. Mais je reste persuadé que si on ne vend pas des mecs comme Blanc ou Domoraud à l’intersaison, on aurait été champion la saison d’après »

     

    « Sur ce match-là, il n’y a pas photo. C’est ici qu’on perd le titre, pas sur le reste de la saison puisqu’on est ultra régulier et qu’on fait notre devoir. Bordeaux aussi d’ailleurs. Sauf que lorsque tu joues pour l’OM à l’époque et que tu te déplaces, tu dois faire ce petit effort supplémentaire pour gagner parce que tu es attendu. […] Pourquoi on n’a pas sorti la tête de l’eau dans la première demi-heure ? Parce qu’ils nous pressaient et nous privaient de ce jeu court qui faisait notre force. »

     

    « C’est vrai que j’ai été bien accueilli. Mais c’était de bonne guerre. Et comparé à la fois où je suis revenu au Vél’ après avoir signé au PSG, c’était pas grand-chose »

     

     

     

    François Grenet évoluait lui avec le maillot au scapulaire, et évoque ce qui deviendra le match décisif pour l’obtention du titre de Champion. L’ancien défenseur des Girondins revient sur le déroulement de cette rencontre, et cette réussite face aux marseillais.

     

    « Sur le coup, on ne peut pas se le dire car nous sommes à égalité de points après ce match. Mais avec le recul, je pense qu’il est décisif. Surtout du point de vue du collectif et de l’état d’esprit. C’était un match référence. […] Sur le papier, Marseille était plus ronflant, c’est clair. Mais on ne faisait pas de complexe d’infériorité car on formait alors un groupe extraordinaire. […] Cette année-là, on avait une philosophie inculquée par le coach qui était d’aller chercher très haut nos adversaires, que ce soit l’OM ou n’importe qui d’ailleurs. Peut-être que le contexte a décuplé notre motivation. […] Sur ce match, il y a tout, c’est comme une plénitude collective. C’est rare de tout réussir à ce point dans une rencontre »

     

     

    Mais ce match était également le théâtre d’un évènement bien plus triste : la mort de Claude Bez quelques jours auparavant. Grenet se rappelle de cette émotion qui entourait ce match, lui qui avait connu l’ancien président du club bordelais à son arrivé au centre de formation :

     

    « Personnellement, ça m’a touché car je l’avais rencontré lorsque je suis arrivé au centre de formation. Sur le plan des émotions, c’était fort, même si beaucoup de gens l’avaient critiqué pour la rétrogradation. En tout cas, c’est sûr que ça a rajouté du piment à ce match »

     

     

    Christophe Dugarry, l’ancien girondin, vivait lui aussi une soirée difficile sous le maillot marseillais, et une relation compliquée avec le public bordelais. Grenet défend tout de même la prestation de l’ancien attaquant.

     

    « Il n’avait pas touché beaucoup de ballons, mais était celui qui avait le plus envie de secouer le cocotier. Il était frustré, de par sa relation avec le public de Lescure, mais ne s’était pas éteint comme d’autres sur ce match. On le voit d’ailleurs à sa réduction du score. C’est le propre des grands joueurs »

     

     

    Enfin, pour terminer, c’est Rolland Courbis, alors sur le banc du club olympien, qui évoque cette rencontre. Il n’a d’ailleurs jamais caché sa rancœur, après tant d’années à ressasser la perte de ce titre du championnat de D1.

     

    « Le tournant ? C’est dans le premier quart d’heure, lorsque Benarbia met un gros tampon à Peter Luccin, qui joua derrière presque sur une jambe et minimisa sa blessure pour ne pas avoir à sortir. […] A la mi-temps, je ne pouvais que leur dire que le match est perdu. Alors je leur ai martelé qu’il fallait éviter de prendre des cartons ou des suspensions bêtes qui nous coûteraient d’autres matchs »

     

     

    Ce qu’il aimerait changé dans ce match ? « Juste une chose : je dirai à Luccin d’en mettre un à Ali avant que celui-ci ne l’atteigne »