Elie Baup, vu de Bordeaux

     

     

    Devenu entraîneur de l’Olympique de Marseille, Elie Baup a vécu de belles années aux Girondins de Bordeaux et notamment un titre de champion de France. La Provence a interrogé ceux qui ont œuvré à ses côtés durant ses années girondines, et tout d’abord Eric Bédouet, qui évolue toujours à son poste de préparateur physique aux Girondins, et revient sur leur première rencontre.

     

     

    “Nous étions tous les deux formateurs. Lui dirigeait Saint-Étienne avec sa grosse équipe, Coupet dans le but…Il avait plein de bons éléments ! Moi aussi, mais ce n’était pas le même niveau (ndlr : Laval).Nous nous sommes retrouvés adversaires en finale, et nous avions gagné. J’avais un joueur à l’essai (Johann Duveau, passé ensuite par le Portugal, l’Espagne et la Russie, ndlr), mais je ne pouvais pas l’engager car j’avais un budget trop serré. Il avait fini meilleur buteur. Il s’est trouvé qu’Élie l’a ensuite fait signer à l’ASSE.”

     

     

    Bedouet revient ensuite sur leur collaboration en Gironde, et cette première saison couronnée d’un titre de champion de France.

     

    “Je lui dois beaucoup, c’est lui qui m’a fait venir. Il était comme un frère, nous avons travaillé six ans ensemble(de 1998 à 2003, ndlr). Et puis, nous avons été champions de France, justement face à l’OM, dès ma première année. À la dernière journée, à deux minutes du coup de sifflet final(grâce à un but de Pascal Feindouno au Parc des Princes, où les Aquitains s’étaient imposés 2-3, ndlr). C’était du délire, ça reste gravé à jamais. On a vécu des moments extraordinaires, d’autres un petit peu moins quand il est parti. C’était la première fois qu’un entraîneur avec qui je travaillais, et dont j’étais très proche, était limogé. Ça m’a fait de la peine. Mais il n’y a jamais eu de problème entre nous. Avec Élie, “Pierrot” Labat et Dominique Dropsy, nous formions un staff uni, solidaire et complémentaire.Nous étions indissociables. C’était facile, quand j’avais quelque chose à dire, je le faisais, et quand il n’était pas content, il me le disait aussi.”

     

     

    Il confie notamment la passion de l’ancien entraîneur bordelais pour le sport, et plus particulièrement le cyclisme, parvenant à convertir l’ensemble du staff de l’époque :

     

    “Élie est un passionné de sport, il adore le cyclisme, il avait le même vélo que Lance Armstrong. Je ne crois pas qu’il avait la dope à côté par contre !. Nous avions donc tous acheté un vélo de course. Nous sommes allés dans les Pyrénées, nous en avons fait des kilomètres…”

     

     

     

    De son côté, Pierrot Labat, son adjoint à Bordeaux, n’est pas surpris par sa réussite actuelle à la tête de l’Olympique de Marseille :

     

    “Élie n’a pas changé, assure celui-ci. Je savais que ça se passerait bien pour lui à Marseille. Je l’avais dit en début de saison. Pourquoi ? Parce que c’est un gars qui a ce don d’analyser parfaitement la situation, de bien situer les joueurs et d’arriver à trouver une complémentarité entre eux. Aujourd’hui, il travaille avec quelqu’un qu’il connaît depuis les années 80 (Franck Passi, ndlr). C’est important, c’est un atout idéal. Il a ses idées, mais il dialogue beaucoup, c’est un homme d’équipe. On a entendu qu’il était parano, mais le mot est fort ! Il peut être amené à douter, mais c’est une qualité.Il me questionnait, nous avons beaucoup travaillé avec la vidéo. Pour lui, ça correspond un peu à l’IRM du médecin qui établit son diagnostic.”

     

     

    Elie Baup a laissé une bonne image au Haillan, et n’est entré en conflit qu’avec sa direction, et plus particulièrement Jean-Louis Triaud, comme le confie une source interne : “Du mec qui s’occupait du terrain, au cuisinier, en passant par les employés de la billetterie, tout le monde l’aimait bien !, détaille une source interne. Il n’y a qu’en haut lieu que ça s’est moins bien passé.”

     

    Même son de cloche du côté des supporters, confirmé par les propos de Laurent Perpigna, représentant des Ultramarines : “Sportivement, il nous a laissé une bonne image, mais il est dommage que ça se soit terminé au tribunal avec le club, ça a entaché son parcours. Ce n’est pas un mauvais bougre, nous n’avons jamais eu de souci particulier avec lui, nous n’avons rien à lui reprocher. Maintenant, quoi qu’il ait fait par le passé, il ne peut pas revenir ici en odeur de sainteté alors qu’il s’occupe désormais de l’OM…”

     

     

    Petite révélation d’Eric Bédouet qui divulgue qu’Elie Baup avait toujours désiré prendre les rênes de l’Olympique de Marseille.

     

    “C’est marrant parce que signer à Marseille, c’est quelque chose dont il rêvait souvent. Il a toujours aimé ce club. Quand j’ai vu que ça se concrétisait, je me suis dit : ‘Tiens, c’est bien, il va accéder à ses désirs, tant mieux’. Je lui ai envoyé un petit message.C’est quelqu’un de très intelligent. Il est rigoureux, tel un scientifique. Dans ses interviews, il n’y a jamais d’erreur, il a toujours le mot précis et juste, sans trop en faire.”

     

     

    L’article est clos par les propos de Lilian Laslandes, qui avait grandement participé à l’obtention de ce titre de champion de la saison 1998-1999, et évoque les relations de Baup avec ses joueurs :

     

    “Le courant passait bien. Il a vu qu’il y avait des personnes matures dans le groupe. Même si nous n’étions peut-être pas faciles à gérer, il savait qu’on rentrait sur le terrain pour la gagne… Ce qu’il n’arrivait pas à mettre en place, il ne nous l’imposait pas. Il ne nous disait pas : ‘On fait comme ci, on fait comme ça’. Il nous laissait une part de liberté. On pouvait discuter. Je crois qu’il est en train de mettre ça en place à l’OM.”