“Ce match, c’est un truc de fou”

     

     

    Auteur d’un doublé ce soir face à l’Etoile Rouge de Belgrade, Yoan Gouffran a grandement participé à la qualification des Girondins de Bordeaux pour la phase de groupes de l’Europa League. L’attaquant bordelais s’est confié sur l’incroyable scénario de cette rencontre, comme le rapporte Lawrence Leenhardt.

     

     

     

    «Il y a eu tellement de rebondissements pour arriver jusqu’aux dernières minutes de ce match complètement fou. Comment avez-vous vécu l’égalisation serbe à la 89e minute ?


    C’est vrai qu’on n’y croyait plus trop. On est à dix (après l’expulsion de Maurice-Belay à la 65e), on est vraiment fatigués, on a fait beaucoup d’efforts. Le match est tendu. Je me sens mort, je regarde les autres et je vois dans leurs yeux que c’est pareil ! On a fait tellement d’efforts alors quand ils égalisent, je suis vraiment dégoûté. Faire un match nul contre cette équipe qui semble quand même à notre portée…

     

    Pourtant, vous continuez à jouer ?


    Oui, car on sait aussi qu’il reste quelques minutes. On se souvient du discours du coach à la mi-temps. Il nous a dit que le match commençait, qu’il fallait y croire, faire des efforts devant, se replacer. Quand je vois Ludo (Obraniak) partir, je l’accompagne. Il joue à fond mais cherche un peu le pénalty (rires). Je le vois tomber un peu avant, je regarde l’arbitre pour voir sa réaction. D’ailleurs il hésite à siffler.

     

    Vous héritez d’un poids énorme sur les épaules. Qualifier ou éliminer Bordeaux…


    C’est moi qui suis désigné pour tirer tous les penalties cette saison. Je l’ai voulu. J’ai pris mes responsabilités. Quand l’arbitre siffle, je ne suis pas fou de joie car le but n’est pas encore marqué. Mieux, dès que Ludo tombe, je me suis dirigé vers le ballon pour me concentrer. J’ai pensé à ce Bordeaux-Lorient. C’était la même situation quand, en fin de saison dernière, j’ai eu un penalty à la dernière minute qui nous ouvrait les portes de l’Europe. J’ai regardé le gardien, j’ai tiré de la même façon. Je savais où j’allais la mettre. Je n’ai pensé qu’à ça.

     

     

    Pourtant, vous ratez une occasion en tout début de match qui aurait pu vous perturber…


    Non, je n’ai pas du tout douté. Il fallait passer à autre chose et c’est ce que j’ai fait tout de suite. Je me suis concentré pour mettre la prochaine. Il y avait beaucoup de choses à faire.

     

    A la fin du match, on a l’impression que vous êtes sonné ?


    C’est un peu ça. Ce match, c’est un truc fou, comme je n’en ai jamais vécu. C’était très spécial, on passe d’un état à un autre sans arrêt. On est morts, puis vivants, qualifiés, éliminés, qualifiés… Quand l’arbitre siffle, il y a tellement d’épuisement, nerveusement, que tout retombe d’un coup. Il y a du soulagement mais aussi beaucoup de retenue.

     

    Un tel scenario laisse entrevoir beaucoup d’espoir pour la suite ?


    Mais aussi quelque inquiétude avant de jouer contre Nice (rires). C’est vrai que mentalement, ça va faire du bien pour la suite. Le public nous a poussés de manière incroyable. Voilà deux ans qu’il attendait que Bordeaux retrouve la coupe d’Europe. Quant au tirage, on a le temps d’y penser. On verra bien.»

     

     

    Source: L’Equipe.fr