Première partie du bilan de Triaud

    Invité par Emmanuel Bissirier sur le plateau du Club House sur Girondins Tv, en compagnie de Cyril Jouison de Girondins mag et de Julien Mondon de Girondins.com, Jean-Louis Triaud a tiré un bilan de cette saison 2011-2012. Voici la première partie des propos du président des Girondins de Bordeaux.

     

     


    Club house – Bilan Triaud [1/3] par Girondins

     

     
    “Avec cette victoire à Saint-Etienne lors de l’ultime journée, il s’agit d’un épilogue heureux Président. Êtes-vous soulagé ? Satisfait ?


    Jean-Louis Triaud : Je préfère le 2ème terme. Soulagé, non. Satisfait, oui. Nous terminons cette saison à une place logique. Viser plus haut cette année paraît compliqué. Montpellier était sur un nuage. Je ne parle même pas de Paris. Lille a une belle équipe. Avec un peu plus de réussite, nous aurions peut-être pu accrocher Lyon. Avec nos points perdus, nous aurions pu être 4ème (sourire, ndlr). C’est une satisfaction. Le point le plus positif concerne l’évolution de comportement de l’équipe, depuis le début de la saison. Nous étions d’abord hésitants, sans conviction, sans certitudes. Il semble qu’une confiance collective se soit installée.

     

    A quoi attribuez-vous ce changement de comportement et de confiance ?


    Probablement au travail que Francis Gillot a entrepris. En cherchant des formules, des plans de jeu et des compositions d’équipe qui pouvaient permettre à ces joueurs de retrouver la confiance. Il a sûrement joué un rôle important. Il y a également eu, incontestablement, un plus apporté par les 2 joueurs recrutés au mercato d’hiver. Au-delà de leurs propres qualités, ces garçons ont sans doute redonné confiance à ceux qui avaient un peu douté, à titre individuel, de leurs performances. Cela a été une motivation supplémentaire pour tout le monde.

     

    Puis, quand on gagne avec un peu de chance, le moral est tout de suite meilleur que quand on perd avec de la malchance (sourire, ndlr). En début de saison, nous avons connu des matches que nous n’aurions jamais dû perdre, ou plutôt des matches où nous n’avons pas réussi à faire le plein.

     

    A l’entame de la saison, vous doutiez-vous qu’il y aurait autant de phases différentes, au cours d’une saison assez longue ?


    Non, comment prévoir ce qu’il va se passer dans une saison ? La certitude est que je pensais que nous avions une équipe pas si mal que ça au départ. Lorsque nous avons été 18ème, 2 ou 3 fois, nous avons forcément été obligés d’en tenir compte. Mais, je n’ai jamais imaginé que nous descendrions en Ligue 2, pas une seconde. Il restait beaucoup de matches à jouer, puis, car le groupe était de qualité, avec un entraineur qui avait fait ses preuves. A plus forte raison, il s’agissait d’un entraineur que nous venions de recruter.
    Jean-Louis Triaud : Quand nous avons enchaîné les bons résultats au mois de février, il y avait tout de même quelque chose de très frustrant, à savoir que nous ne décollions pas de la 8ème place. Cela s’est décanté sur la fin. Nous avons fini en trombe et les autres se sont un peu effondrés. Nous avons également eu la chance d’avoir des confrontations directes avec Rennes et Saint-Etienne. Nous battons Rennes avant qu’ils se déplacent à Paris et cela leur met un coup sur la tête. Contre Saint-Etienne, nous avons été bons, meilleurs qu’eux. Nous terminons finalement 5ème, en n’ayant occupé cette place à seulement 2 reprises cette saison, lors des 2 dernières journées.

     

    La saison a commencé par une défaite à domicile face à Saint-Etienne. Comment avez-vous vécu ce début de saison ?


    Pour le coup, nous étions frustrés. Nous perdons avec un but d’un joueur qui voulait centrer et un autre contre son camp. Nous avions cumulé… Contre Auxerre, ils viennent une fois dans notre camp, tirent une fois au but et marquent. A Toulouse, nous menons 0-2 à la mi-temps, puis nous encaissons 3 buts en 2ème période, dont 1 dans les arrêts de jeu. C’était évitable. Pareil contre Montpellier… Je me souviens d’erreurs d’inattention. Nous jouions pas mal, mais n’obtenions pas de résultats. C’était très agaçant.

     

    Il y a eu un certain manque de continuité dans l’enchaînement des matches…


    Nous avons gagné des matches durant lesquelles nous jouions moins bien qu’en début de saison. C’était une situation frustrante. Nous nous disions que cela n’allait pas duré.

     

    Néanmoins, cela a duré par moment. A la 13ème journée, nous étions 18ème. Après la défaite face à Dijon, dans quel état d’esprit étiez-vous ?


    A Dijon, nous avons joué sur un terrain pourri. Un véritable champ de patates. Je crois que c’est l’équipe la plus nulle que nous ayons rencontré à l’extérieur. Dans le jeu, ils ont été minables. Néanmoins, nous en prenons deux. Nous avions la possession de balle. A un moment donné, nous étions les champions de la possession mais nous perdions nos matches. Cela est agaçant, énervant. Le football est le sport le plus frustrant que l’on puisse imaginer. Dans aucun autre sport il est possible de perdre en dominant un match du début à la fin.

     

    A ce moment-là, vous ne croyez pas à la descente ?


    Non, car il y restait encore beaucoup de matches. Il y avait quand même des équipes qui nous étaient largement inférieures en termes de qualité et d’objectif.

     

    Des voix se sont alors élevées. Christophe Dugarry est intervenu dans les médias pour donner sa vision de la présidence d’un club comme Bordeaux. Cela faisait partie du contexte d’un mois de novembre difficile…


    Christophe est un ami personnel et un ami du Club. Ses déclarations font partie du jeu. Sinon, le football emmerderait tout le monde. Il faut un petit peu d’animation quand tu es 18ème à Bordeaux. Les médias étaient obligés de parler de notre situation.

     

    Le redressement est finalement assez rapide avec notamment une première victoire à domicile. Comment expliquez-vous que l’équipe ait mis autant de temps à l’emporter à la maison ?


    Il n’y a pas d’explication. Au-delà du fait que ce soit inexplicable, c’est inacceptable. A domicile, on se doit de gagner nos matches. Les joueurs doivent être surmotivés. La principale raison est le fait que lorsqu’une équipe se déplace, elle vient pour ne pas perdre. Elle ferme le jeu. Il est alors plus difficile de l’emporter, qui plus est lorsque l’on n’est pas en confiance.

     

    Bordeaux est 10ème à la trêve. Les arrivées de Mariano et Obraniak font beaucoup de bien. Par quel moyen l’état d’esprit a-t-il changé ?


    Il y a un principe de base : quand tu commences à gagner et que tu enchaînes les victoires, cela crée une dynamique positive. Les deux garçons que nous avons recrutés à la trêve se sont rapidement intégrés. Ils ont répondu à nos attentes. Cela a également apporté une concurrence saine dans le vestiaire.

     

    L’équipe a ensuite enchaîné de bonnes performances face aux grosses écuries. Cela a fait dire à certains observateurs que Bordeaux choisissait ses matches. Quel est votre sentiment à ce sujet ?


    Nous en parlions tout à l’heure. Nous n’avons pas trop mal joué face aux grosses équipes mais pourquoi ? Parce qu’elles jouent pour gagner, aussi bien chez elles qu’à Bordeaux. Le match est ouvert. Quand vous jouez une équipe qui se bat pour le maintien depuis la 1ère journée, c’est plus compliqué. Pour elles, un point à l’extérieur, c’est capital. Ils « bétonnent ». Une équipe qui vient pour gagner laisse des espaces, essaye de jouer et se livre. Vous affrontez aussi des joueurs talentueux, pas des bouchers ! Il y a moins de crainte. On n’a moins peur de prendre un tacle assassin. Contre certaines équipes, tu n’es pas toujours sûr de finir complet. Mentalement, tout cela est très différent pour les joueurs.

     

    Tout cela n’est pas le plus important. 4 équipes sont devant nous au classement. En faisant un peu de mathématiques, cela donne 24 points à prendre face à eux sur les matches allers et retours. En tout, vous pouvez prendre 114 points (38 x 3). 114 moins 24, vous comprenez qu’il vaut mieux battre tous les petits plutôt que quelques matches face aux très bons. Nous avons été champions des matches face aux bonnes équipes. Nous étions plus libérés face à des équipes qui jouaient. Nous avons obtenu de bons résultats. Je ne dis pas que le groupe choisissait ses matches. Je pense que ces rencontres étaient plus plaisantes et plus faciles à jouer. Ce n’était pas la guerre de tranchée.

     

    Le Club a vécu une fin de saison en boulet de canon avec 8 matches sans défaite et 6 victoires. L’équipe est 4ème sur les matches retours…


    (Il coupe, NDLR) Je pensais qu’on était 3ème. On a perdu une place depuis ce matin (sourire).

     

    En fait, nous sommes 4ème avec le même nombre de points que Lille…


    Donc on est 3ème ! Si cela se joue au nombre de buts, on n’a qu’à dire qu’on se fout du goal-average (sourire) !

     

    En tout cas, 3ème sur la phase retour, c’est un classement qui permet d’être assez optimiste pour la saison suivante ?


    Oui, on peut faire dire ce que l’on veut aux statistiques. Il y a un contexte qui explique cela. Nous aurions pu terminer mieux en prenant les 4 points qui nous étaient promis devant Dijon et Ajaccio (égalisation à chaque fois dans les dernières secondes, NDLR). Avec 4 points de plus, on était 2ème sur la phase retour ! Si nous avions pris ces points bêtement perdus, plus ceux de la 1ère phase, nous aurions bien mieux terminé. Tout ça pour dire que tout est affaire de contexte.

     

    Cela traduit tout de même une dynamique ?


    Oui. Une des conclusions de cette saison, c’est que nous avons tourné une page. A mon avis, les joueurs ont traîné comme un boulet, pendant 18 mois, leurs états d’âme, les déclarations des uns et des autres. Ils étaient malades. Il y a eu une phase de convalescence et désormais, ils sont guéris. Ils ne regardent plus derrière. C’est mon impression. Nous vivons autre chose, c’est un enseignement utile. Ces 6 victoires d’affilée, il faudra les confirmer l’an prochain mais j’ai le sentiment que les joueurs ont acquis une confiance. Elle leur a permis de se mettre dans de bonnes dispositions. Les joueurs pensaient qu’ils pouvaient battre n’importe qui. Sur les derniers matches, ils n’ont pas joué avec la peur au ventre ou avec un sentiment d’infériorité. La confiance mutuelle de joueurs à joueurs s’est instaurée. Ce n’est pas toujours évident. Si 8 joueurs ont des réserves sur la compétence des 3 derniers, cela peut vous faire déjouer. Là, j’ai l’impression que tous les joueurs se sont mutuellement accordés de la confiance. Il faut le garder pour la saison prochaine.

     

    Dans ce nouvel élan, une part du mérite revient évidemment au staff. Par exemple, le changement de schéma tactique sur la phase retour a peut-être permis à certains joueurs de retrouver la confiance ?


    Oui, il a sécurisé sa défense et remis l’équipe dans le sens de la marche. Cela dit, il est revenu au 4-4-2 quand cela a été possible, soit avec des milieux excentrés, soit en losange. L’entraîneur a réussi dans son entreprise. Il a pu changer et s’adapter, ce qui prouve que ce n’est pas forcément le schéma qui est déterminant mais plutôt la confiance et le mental des joueurs. Nous nous sommes rassurés mais il ne s’est pas enfermé dans un schéma par la suite.”

     

     

    Source: Girondins Tv et Girondins.com