Plasil “Pas mon style de lâcher”

    Interviewé par fifa.com, le capitaine Bordelais, Jaroslav Plasil, revient sur le redressement des Girondins de Bordeaux. Il évoque aussi comment il a vécu cette mauvaise passe, surtout depuis qu’il est devenu capitaine en début de saison. Il nous parle aussi de l’Euro 2012, pour lequel son équipe nationale est qualifiée, ainsi que des éliminatoires pour la Coupe du Monde qui se dérouleront au Brésil, en 2014.

     

     

     

     

    Jaroslav, le moral est-il revenu avec les résultats à Bordeaux ?

     

    Depuis quelques matches, nous récupérons pas mal de points et ça nous fait du bien au classement. Le plus positif, c’est notre solidité défensive, et même quand nous encaissons des buts, nous sommes capables d’en marquer davantage grâce à nos attaquants qui sont en forme.

     

     

    Vous aviez pourtant un mois de février très chargé, avec Toulouse, Lille, Lyon et Montpellier sur votre route…

     

    C’est toujours bien de jouer des gros matches pour voir notre vrai niveau, et nous avons été présents sur ces grands rendez-vous, c’est quelque chose de très positif. Maintenant, il faut continuer sur cette lancée et se rapprocher le plus possible de la tête du classement.

     

     

    Est-ce que cette incroyable victoire 4:5 à Lille a été le moment le plus fort de votre saison ?

     

    C’est vrai qu’arriver à marquer cinq buts au champion en titre, ce n’est pas facile, il n’y a pas beaucoup d’équipes qui en sont capables. D’un autre côté, nous en avons tout de même encaissé quatre… Nous avons su rectifier le tir la semaine suivante face à Lyon, contre qui nous avons ouvert le score sur corner et su conserver le résultat. Ce match contre Lille nous servi de leçon.

     

     

     

     

    Comment analysez-vous votre mauvais départ ?

     

    Ce n’est jamais évident d’expliquer ce genre de choses. Notre saison précédente n’était pas très bonne, et nous sommes restés sur cette lancée un peu négative. Nous avons bien joué lors de notre premier match contre Saint-Etienne, mais nous avons tout de même perdu 2:1. Quand on commence comme ça, c’est compliqué. Nous n’avons pas su prendre des points dès le début, et nous avons enchaîné les mauvais résultats. Il y a aussi les départs et les arrivées de joueurs auxquels il a fallu s’habituer. Maintenant, j’espère que nous allons continuer ainsi et que nous terminerons la saison le plus haut possible.

     

     

    Cette mauvaise passe vous a-t-elle particulièrement touché en tant que capitaine ?

     

    Quand on est capitaine, on prend les choses parfois un peu trop à coeur,  et on veut absolument changer la donne. Du coup, je me “bouffais” un peu tout seul, et ça ne servait pas à grand chose. Ce qui est bien, c’est que les cadres ont répondu présent et on fait comprendre à tout le groupe que cette 18ème place qu’on a occupée pendant quelques matches n’était pas la nôtre, qu’il fallait une prise de conscience, faire beaucoup plus d’efforts à l’entraînement et en match.

     

     

    Avoir occupé une place de relégable a-t-il provoqué ce déclic ?

     

    C’est exactement ça. Tout le monde s’est alors rendu compte que si nous continuions comme ça, nous allions directement en Ligue 2. Cette prise de conscience collective a entraîné une réponse collective, et ça s’est vu sur le terrain et dans les résultats.

     

     

     

     

    Francis Gillot, qui est arrivé au poste d’entraîneur cette saison, avait tenté auparavant de faire réagir ses joueurs par ses déclarations. Comment l’avez vous vécu ?

     

    Ce n’était pas évident non plus pour lui, il venait d’arriver et ça ne marchait pas comme il le pensait. C’est normal dans ces cas là d’essayer de faire réagir ses joueurs, et chacun a sa méthode. Il a simplement dit ce qu’il pensait. Je pense qu’il avait vu juste et ça a aussi participé à notre prise de conscience. Nous ne pouvions pas rester comme ça.

     

     

    Avez-vous eu des moments de découragement durant ces deux années difficiles qui ont suivi votre arrivée et le titre de champion en 2009 ?

     

    Il y avait beaucoup de frustration, mais pas de découragement. Au contraire, ça m’a donné encore plus d’envie de faire basculer les choses du bon côté. Ce n’est pas mon style de lâcher quoi que ce soit. Quand ça ne va pas, il faut persévérer et faire en sorte que les choses changent. Quand l’équipe ne tourne pas bien, c’est compliqué pour tout le monde. Mais au moins, quand on donne tout, on peut se regarder en face.

     

     

    Parlons de votre équipe nationale.Votre qualification difficile pour l’UEFA EURO 2012 est-elle une épreuve qui vous a renforcé ?

     

    Je pense que oui. Déjà, la fin des qualifications avait été compliquée. Nous avions deux déplacements difficiles en Écosse et en Lituanie, en recevant l’Espagne entretemps. Mais nous avons su prendre un point très important en Écosse (2:2, avec un but de Plasil), où il ne fallait surtout pas perdre. L’Espagne nous a battus à la maison et il fallait absolument gagner en Lituanie pour assurer la deuxième place du groupe. Dans des conditions difficiles, nous avons fait un grand match et nous avons gagné 4:1. Mission accomplie. Après, les barrages sont toujours difficiles car on ne sait jamais contre qui on va tomber, mais cette double confrontation avec le Monténégro nous a permis d’engranger un peu plus de confiance.

     

     

    Face au LOSC dans un match épique (AFP)

     

     

    Que pensez-vous de votre Groupe A avec la Grèce, la Pologne et la Russie ?

     

    Tout le monde pense que c’est un groupe facile. Disons qu’il n’y a pas de grand favori. Pour moi, ça reste la Pologne parce qu’elle joue à la maison, devant ses supporters, même si cela implique plus de pression. Selon moi, les quatre équipes peuvent se qualifier. C’est assez équilibré et ça se jouera sur la forme du moment.

     

     

    Vous allez retrouver la Grèce qui avait mis fin au magnifique parcours de la République tchèque en demi-finale de l’UEFA EURO 2004…

     

    C’est vrai. En plus, c’était en prolongation à la 105ème minute sur un but en argent… C’était très difficile à accepter car il y avait vraiment la place pour jouer la finale, et peut-être même remporter la compétition. C’est vraiment dommage, car nous avions de très grands joueurs comme Karel Poborsky, Vladimir Smicer, Pavel Nedved, Jan Koller, Marek Jankulovski… Vraiment une très grande équipe, avec à sa tête un très grand entraîneur, Karel Brückner. J’ai beaucoup de chance d’avoir pu évoluer à leurs côtés.

     

     

    Est-ce qu’un joueur en particulier vous a servi de modèle ?

     

    Pas vraiment, mais quand on côtoie un joueur aussi professionnel que Pavel Nedved, on apprend beaucoup et cela donne envie de se surpasser et de travailler encore plus.

     

     

    Le capitaine vient féliciter le buteur

     

     

    Quelles sont les forces de la sélection aujourd’hui ?

     

    C’est un groupe bien soudé avec cadres qui ont un beau vécu sur les 10 dernières années, comme notre gardien Petr Cech, Tomas Rosicky ou Milan Baros. Il y a aussi des joueurs plus jeunes qui ont envie de montrer qu’ils méritent leur place, et ça c’est très important pour l’équilibre et pour mettre un peu de folie dans l’équipe. J’espère qu’avec tout ça, on fera quelque chose de bien à l’Euro.

     

     

    Parmi ces jeunes, y en a-t-il un qui incarne l’avenir de la sélection et dont le talent pourrait se révéler lors de cet UEFA EURO ?

     

    Oui, bien sûr ! Petr Jiráček, qui a été transféré du Viktoria Plzen à Wolfsburg. Depuis cinq matches qu’il est en sélection, il apporte quelque chose de plus. Il a été décisif contre le Monténégro et a livré des grandes prestations. Tous ces joueurs de Plzen qui ont joué en Ligue des champions ont pris beaucoup de confiance, ils mettent de la folie dans la sélection et ça apporte beaucoup de choses positives.

     

     

    Après l’UEFA EURO 2012, vous avez également la perspective des éliminatoires pour la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014™…

     

    Oui, et avec l’Italie et le Danemark dans notre groupe, ça va être compliqué. Mais la motivation sera tellement forte, déjà parce que c’est une Coupe du Monde, mais surtout parce qu’elle se jouera au Brésil ! C’est le pays du football par excellence. J’y suis allé plusieurs fois, et la passion est incroyable. Quand la Seleçao joue, tout le monde arrête de travailler pour regarder le match. C’est de la folie.

     

     

    Jaroslav Plasil revient sur le match de Lyon

     

     

    source: fifa.com