Conf. de présentation de Gillot

    Le site officiel a retranscrit l’intégralité de la conférence de presse de présentation de Francis Gillot, où le nouvel entraîneur bordelais, et le président du club, sont longuement revenus sur cette arrivée et les conséquences sur l’avenir.

     

     

     

     

    Jean-Louis Triaud : C’était notre 1er rendez-vous de la saison. C’était un rendez-vous important puisqu’il s’agissait de vous annoncer notre décision concernant le choix de l’entraîneur. Je crois que vous êtes tous conscients de l’importance d’un tel choix pour nous. C’est un choix décidé par le club c’est-à-dire l’actionnaire et la direction du club. Nous avons échangé ensemble sans nous presser car nous n’en avons pas ressenti le besoin. Nous n’avons pas voulu nous décider dans l’urgence. Nous savions que nous avions le temps. Beaucoup de solutions de qualité nous ont été proposées et à un moment donné, il faut se décider. A partir de l’instant où nous avons décidé de nous poser, nous avons fait un choix. Cela a été un choix rapide et facile. Il s’est porté sur Francis Gillot pour plusieurs raisons.

     

    La 1ère, pour ses qualités et son talent d’entraîneur et la seconde pour le côté humain. Il véhicule beaucoup de sérénité et de calme même si cela reste à démontrer. En tout cas, il est d’apparence calme même si je sais que parfois cela bout à l’intérieur mais il sait le garder pour lui. Nous nous sommes souvent aperçus que l’agitation est communicatrice de stress. Il a toujours une attitude posée et réfléchie. C’est ce qui fait que le choix a été facile. Si la réussite dépend en partie de lui, son staff y est pour beaucoup. En conséquence, nous avons choisi avec Francis de maintenir son équipe au complet c’est-à-dire ses deux adjoints. Ce n’est pas fréquent mais cela semble fonctionner. Ils n’ont pas de rang particulier. Ils ont des compétences différentes et complémentaires. Nous avons donc signé un contrat de 2 ans ce qui est dans l’air du temps. Cela ne veut pas dire que nous prenons une décision avec réticence, cela veut dire que cela nous offre beaucoup de possibilités aux uns et aux autres.

     

     

     

     

    Cela vous change du bungalow du stade Bonal ?

    Francis Gillot : Oui cela me change mais j’ai connu cela quand j’ai repris Lens après le départ de Joël Muller donc je ne suis pas impressionné. Il n’y a rien qui m’impressionne. Ce n’est pas cela qui va changer ma façon de fonctionner. Certes, il y a des clubs plus médiatisés que d’autres. Je pense que Bordeaux fait partie de ces clubs mais à Sochaux nous avons su faire une coupe d’Europe. Cela veut dire qu’il ne faut pas dévaloriser qui que ce soit. Cela s’est plutôt bien passé cette saison. J’aurais pu continuer à Sochaux mais Bordeaux m’a demandé. J’ai été très fier de leur demande. Je les remercie encore. Je pense que j’avais fait le tour de la question à Sochaux. J’ai pris le club en janvier 2008 dans une situation un peu délicate puisque nous étions relégables avec 5, 6 points de retard. 3 ans après, nous faisons la coupe d’Europe donc je pense que je suis arrivé là où je voulais. C’était peut-être un an plus tôt que prévu. J’ai décidé de tourner la page. Je pense que je n’étais pas capable de faire mieux à Sochaux. J’ai choisi Bordeaux car c’est un club très médiatisé, avec un gros potentiel et j’espère y donner ma pleine mesure.

     

    Vous prenez en main une équipe qui s’est endormie sur ses lauriers. Comment comptez-vous vous y prendre ?

    Francis Gillot : Et bien nous allons essayer de la réveiller. C’est pour cela que j’arrive avec mon équipe. Nous allons bien fonctionner ici ensemble. Je vais retrouver Eric Bedouet et Franck Mantaux que je connais un peu. Je pense que notre mission va être de beaucoup travailler. Dans le football, on parle souvent de finalité, de coupe d’Europe mais je pense qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Nous parlons avant tout de travail, de valeurs, d’envie. Je pense que c’est ce qui a manqué ces derniers temps. Le plus important dans un club, ce sont les joueurs, donc j’espère que depuis les 2 dernières saisons, ils ont compris qu’il faudrait faire mieux. À nous de les inciter à faire plus. Il y aura beaucoup de travail mais aussi beaucoup de plaisir que j’espère faire retrouver ce plaisir à l’ensemble de l’effectif.

     

     

     

     

    Que représente la gagne et Bordeaux pour vous ? Vous disiez que vous n’aviez pas souvent gagné ici…

    Francis Gillot : Cela prouve que c’est un grand club parce que lorsque l’on ne gagne pas souvent dans un club c’est que ce club a une bonne équipe. La première fois que j’ai gagné à Bordeaux, c’était il y a quatre mois. Nous avons le potentiel pour aller plus loin. J’espère que nous allons retrouver les bonnes heures des Girondins cette année.

     

    Savez-vous quels joueurs vont rester ?

    Francis Gillot : Pour l’instant, nous n’en avons pas parlé avec le président. Je vais rester jusqu’à demain soir pour discuter de tout cela avec le président, le staff technique et Jérôme Bonnissel. Nous allons voir où cela en est. Il est un peu tôt pour parler de tout ceci.

     

    Et les objectifs ?

    Francis Gillot : C’est la même chose. Je ne sais pas avec quel effectif je vais démarrer. Nous allons laisser passer la période de préparation. Nous pourrons faire un premier bilan après les matches de préparation. Aujourd’hui, il est beaucoup trop tôt.

     

    Des joueurs comme Diarra et Trémoulinas disent vouloir quitter le club. Allez-vous les laisser partir ?

    Francis Gillot : Nous allons discuter. Nous avons des demandes pour partir. Ils sont sous contrat. A partir du moment où le président ne veut pas les libérer, ils resteront ici. C’est un dialogue à tenir avec les joueurs. Il faut savoir pourquoi ils veulent partir, dans quel but.

     

    Pensez-vous faire venir Maurice-Belay ?

    Francis Gillot : Pour l’instant, rien n’est défini. Je le connais depuis 3 ans. Je sais que ce joueur peut apporter beaucoup dans un club. Sochaux ne l’a pas fait resigner. Je lui ai demandé de retarder éventuellement sa signature dans un autre club en lui précisant que, si j’avais un club, je penserai peut-être à lui. Sans savoir que j’allais venir ici. Nous n’avons pas discuté du fait de savoir si nous avions besoin d’un joueur comme Maurice-Belay.

     

     

     

     

    Avez-vous déjà jeté un œil sur l’effectif ?

    Francis Gillot : Je le connais. Il y a une trentaine de joueurs. Beaucoup de joueurs vont revenir de prêt. Je vais m’informer auprès des personnes compétentes qui ont vu ces garçons évoluer. Nous prendrons notre décision. Bien évidemment, nous connaissons ceux qui ont une plus grande notoriété. Je n’ai vu que trois ou quatre matches dans la saison, il faudrait que j’en sache un petit peu plus. Je pense que les personnes qui travaillent au quotidien au club vont m’apporter des réponses.

     

    Vous venez avec René Lobello et Alain Bénédet. Ce dernier sera entraîneur des attaquants ?

    Francis Gillot : Ce n’est pas son titre. Il est entraîneur adjoint mais la plupart du temps, il s’occupe des attaquants.

     

    Comment se repartissent-ils le travail ?

    Francis Gillot : A Sochaux, j’avais l’habitude de prendre un peu de recul. Ils animaient les séances. Quand il y avait deux groupes, chacun en prenait un. Cela me permet de prendre un peu de recul. Il est évident que lorsque l’on fait des mises en place tactiques, j’interviens. Je pense aussi que comme je veux faire passer mes idées, je vais devoir intervenir davantage que ce que je faisais à Sochaux. A Sochaux, je le faisais souvent en 1ère et 2ème année, mes adjoints connaissent ma philosophie de jeu. Ils faisaient passer le message.

     

    Quel est sera votre style ?

    Francis Gillot : Ce sera ce que j’ai toujours fait à Lens et Sochaux. Si je peux avec les joueurs que j’aurai à disposition, je souhaite avoir un jeu offensif. Il faut des joueurs de talent, des joueurs qui marquent des buts et des joueurs qui réalisent des passes décisives. Je dois mettre un cadre en place puis travailler des phases de jeu mais ce sont les joueurs qui détiennent les clés du projet.

     

    Vous arrivez dans un club qui marque peu de buts…

    Francis Gillot : Il y a deux ans, avec Sochaux, nous n’avions pas marqué beaucoup de buts. L’année dernière, nous en avons marqué. Il nous a suffit de prendre un attaquant pour inscrire davantage de buts. Il ne suffit pas de grand-chose pour inverser la tendance et avoir une équipe compétitive.

     

     

     

     

    Etes-vous le type d’entraîneur qui communique beaucoup avec ses joueurs ?

    Francis Gillot : Je vais fonctionner comme d’habitude. Mon staff technique exerce beaucoup ce rôle de communicant. Evidemment, je reçois souvent les joueurs pour discuter dans mon bureau. La communication fait partie intégrante du métier d’entraîneur. C’est une obligation.

     

    Avant de vous engager, vous avez évoqué le mot « intuition »…

    Francis Gillot : Comme je l’ai dit précédemment. J’aurai pu rester tranquillement à Sochaux pour faire une année de Coupe d’Europe, dans un cadre tranquille, avec une bonne équipe. Je n’ai pas choisi la facilité. J’ai senti au fond de mois que je devais partir. Trois ans et demi dans un club était assez pour moi. Je voulais me remettre en question, voir autre chose. Je suis parti en bons termes avec Lens, je pars en bons termes avec Sochaux. Au fond de moi, j’ai senti que c’était le moment de partir. C’est une intuition. On parle souvent d’intuition féminine, je parle d’intuition masculine.

     

    Jean-Louis, avez-vous fixé des objectifs pour la prochaine saison ? Nous savons que l’Europe est très importante pour le Club…

    Jean-Louis Triaud : Tout ce qui est bon est important pour le Club. Des objectifs, nous en avons fixé à un moment donné pour vous être agréable, un peu sous la pression et la contrainte. On nous a reproché d’être cacher, en embuscade, de ne pas afficher d’ambitions claires. Il semblerait que demander une qualification en Champions League ait mis une pression inutile aux joueurs… Nous allons leur demander de maintenir le club en 1ère division. Du coup, nous pourrons espérer mieux.

     

    Afficher une ambition en début de saison est un exercice que je trouve toujours un peu ridicule. Tous les clubs disposant d’un certain statut jouent pour gagner un maximum de matches. Ensuite, on fait le bilan en fin de saison. La saison qui vient de s’écouler montre qu’il est compliqué de faire des prévisions. Personne ne pensait qu’il faudrait 45 points pour se maintenir. Inversement, le dernier qualifié pour la Champions League n’a pas un total de point énorme.

     

    Notre ambition, notre objectif, c’est de bien jouer au football. C’est pour cela que nous avons recruté Francis. Nous avons beaucoup d’espoirs mais pas d’objectifs particuliers qui pourraient être stressants ou pesants.

     

    Francis Gillot : Pour répondre à votre question, l’an dernier, avec Sochaux, tout le monde nous voyait en L2. Tous les journalistes de toutes les régions avaient misé sur notre descente. Ils ont presque eu raison sur les matches de préparation. Nous n’en avons gagné qu’un sur 7 ou 8 rencontres. Par la suite, cela a vite changé. En football, on ne peut pas prévoir les choses à l’avance. Il faut que je rencontre l’effectif. Ensuite, nous verrons comment se passent les matches de préparation. S’il y a une bonne ambiance et que tout se passe bien, nous pourrons voir plus haut.

     

    Jean-Louis Triaud : Fixer des objectifs apporte quelque chose de positif ? Je n’ai pas de réponse à cette question. Pourquoi afficher des ambitions si cela n’est pas constructif ? C’est juste un effet de langage.

     

     

     

     

    Par rapport aux éventuels renforts, le Club est-il prêt à faire de gros efforts ou y aura-t-il une enveloppe restreinte ?

    Jean-Louis Triaud : Je pense que nous avons été très clairs sur le sujet. D’ailleurs, nous allons savoir dans quelques jours de quelle façon les entreprises concernées ont répondu à l’appel d’offre de la LFP pour les droits TV. Nous savons que nous allons vers une période difficile. Le déficit des clubs de L1 est très significatif. Il touche à peu près tous les clubs. Nous allons vers une période de doute et d’inquiétude. Nous devons donc stabiliser voir réduire la voilure afin de passer le plus sereinement possible ce cap difficile.

     

    Nous parlions tout à l’heure de plusieurs joueurs qui souhaitaient éventuellement partir. A ce jour, je n’ai reçu aucune offre d’aucun club pour qui que ce soit. Pour Fernando Menegazzo, il semblerait que cela soit assez avancé. Je parle au conditionnel car je n’ai pas eu de contacts directs avec le club qui s’intéresse à lui. Cela à l’air en bonne voie. C’est un choix de sa part, un choix de fin de carrière qui lui permettrait d’assurer l’avenir de sa famille. C’est la seule chose que l’on peut envisager. Pour le reste, tout est ouvert. Les contacts sont inexistants.

     

    Francis a évoqué tout à l’heure le cas de Maurice-Belay. Si ce joueur convient et peut s’intégrer dans notre groupe, pourquoi pas. La porte n’est pas fermée. Pas la peine de me demander le montant de l’enveloppe, il n’y en a pas. Nous sommes sur une gestion serrée. Nous allons faire un bilan sur le groupe avec l’entraîneur. Nous verrons quels sont les joueurs sur lesquels il compte s’appuyer. On choisit un entraîneur pour ses qualités, pas par rapport au groupe qu’on aura ou qu’on a déjà. Au cinéma, un producteur choisit d’abord un metteur en scène puis réalise le casting. Ce qui l’intéresse au départ, ce sont les qualités du metteur en scène.

     

    Cela veut dire qu’il y aura bientôt des rencontres avec les joueurs alors que ces derniers sont en vacances ?

    Jean-Louis Triaud : A l’heure du multimédia, les vacances ne veulent plus rien dire. Tout le monde est disponible, à peu près n’importe quand et n’importe où. Cela peut aller vite ou pas. D’habitude, vous (les médias, NDLR) faîtes une liste incroyable de transferts, que ce soit à Bordeaux ou ailleurs. Cette saison, ce n’est pas encore le cas. Il semblerait qu’il y ait du retard à l’allumage. Nous avons du temps.

     

     

     

     

    M. Triaud, nous vous sentons toujours un peu abattu par la saison qui vient de s’écouler…

    Jean-Louis Triaud : Je ne sais pas, c’est le climat qui est un peu lourd. Je ne vais pas vous dire que j’ai bien vécu les 18 derniers mois, vous ne pourriez pas me croire mais je suis résolument confiant en l’avenir. Vous savez qu’à Bordeaux, on n’est pas forcément très expressif. Je ne vais pas me rouler par terre. Je demande toujours à vérifier sur pièce. Confiant mais pas béat.

     

    Francis Gillot, savez-vous que vous êtes « attendu » au Stade Chaban-Delmas ? Fait assez rare, il a montré cette année que le contenu des matches et le spectacle étaient importants. Les Girondins ont eu du mal. Est-ce une pression ?

    Francis Gillot : Je suis venu ici en connaissance de cause. Je sais ce qu’il s’est passé. Mon intuition m’a poussé à venir ici. C’est un club qui a un gros potentiel. C’est à moi et à toutes les personnes du Club de travailler dans le même sens afin de rétablir une situation qui n’a pas toujours été souriante ces derniers mois. Evidemment que je n’ai pas peur. Dans ce cas, je ne serais pas venu. La solution de facilité était de rester à Sochaux. Aujourd’hui, je n’ai peur de rien. A partir du moment où l’on travaille, où l’on a aucun regret sur ce que l’on fait, je ne vois pas de souci particulier. Après, il existe un facteur réussite. On l’a ou pas. Si les joueurs abondent en notre sens, je ne vois pas pourquoi cela ne marcherait pas. On est toujours récompensé quand on travaille. Je ne pars pas pessimiste, au contraire. Il y a un effectif de 30 joueurs et j’ai vu les noms, il y a quand même de la qualité. Je suis optimiste.

     

    Jean-Louis Triaud : Vous (les médias, NDLR) êtes un certain nombre à suivre le club au quotidien. Vous avez surement entendu, comme moi, la satisfaction des supporters, des amateurs et de tous ceux qui suivent le club de Bordeaux. Je ne dis pas cela pour mettre la pression sur Francis mais les gens manifestent beaucoup d’enthousiasme. Cela pourrait être vécu comme une pression, je pense au contraire que c’est un élément qui doit le détendre. Quand on arrive dans un club, il vaut mieux générer l’enthousiasme que le scepticisme. Tous les gens que j’ai entendus se sont félicités de l’arrivée de Francis à Bordeaux.