Lions connait les raisons du mal

     

    Dans une interview accordé à foot-sur7.fr, le journaliste L’Equipe Bernard Lions en a profité pour évoquer les Girondins de Bordeaux. Il évoque les raisons du mal bordelais cette saison, ainsi que certains points financiers.

     

    Vous êtes également un spécialiste des Girondins de Bordeaux. Que pensez-vous de l’attitude de Francis Gillot, qui n’hésite pas à critiquer ouvertement ces joueurs ?

    Réjouissons-nous de la franchise d’un coach ! Pour une fois qu’un entraîneur n’enfile pas des perles, ça fait du bien ! Gillot dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Il explique les choses clairement, c’est un très bon client pour les médias. Et n’oublions pas qu’il a réussi a gagner la Coupe de France, la saison dernière, avec un effectif en déliquescence.

     

    Les Girondins peuvent-ils vraiment descendre en Ligue 2 à l’issue de la saison ?

    Je ne pense pas car il existe des équipes beaucoup plus faibles en Ligue 1, comme Valenciennes, Ajaccio ou Sochaux. L’effectif est constitué de bons jeunes et de plusieurs cadres tels que Carrasso, Planus, Henrique ou Obraniak. Ce n’est pas une équipe de juniors. Néanmoins, depuis le titre de champion de France en 2009, deux cassures sont survenues. La première correspond au départ de Souleymane Diawara, qui faisait le lien entre les différentes communautés, à savoir les Bordelais, les blacks et les Sud-Américains. Quand il est parti pour l’OM, l’ambiance a été cassée. La deuxième cassure correspond au départ de Plasil lors du dernier mercato. Comme Diawara, c’est un joueur qui faisait le lien, étant donné qu’il est marié a une Brésilienne et polyglotte. Juste avant la rencontre à Saint-Etienne (4e journée de Ligue 1, défaite 2-1), les joueurs ont appris qu’il allait partir et n’ont affiché aucune volonté sur le terrain. Le but d’Obraniak dans les arrêts de jeu est symptomatique : personne n’a bougé pour aller récupérer le ballon et tenté d’aller chercher le point du nul. Si Plasil est parti dans un club comme Catane, c’est qu’il voulait absolument s’en aller. Le message envoyé au groupe est terrible. Depuis cette rencontre face aux Verts, Bordeaux n’est pas sur pause mais sur arrêt.

     

    Quel est le degré de responsabilité du président Triaud dans le naufrage girondin ?

    Comme de nombreux clubs, Bordeaux se retrouve dans une situation structurellement déficitaire. Ils perdent douze millions d’euros par an. C’est plus Nicolas de Taversnost qu’il faudrait pointer du doigt. Mais comme M6 n’a pas vocation à être le mécène du club, il y a aujourd’hui une obligation de revenir à l’équilibre financier. Tant que Bordeaux n’aura pas purgé ses gros salaires (Chalmé, Jussiê), il ne pourra pas sortir complètement la tête de l’eau.

     

    Où sont passés les 22 millions d’euros du transfert de Yoann Gourcuff à Lyon à l’été 2010 ?

    Dans les achats de joueurs comme Modeste ou Ben Khalfallah et toutes les prolongations de contrat. Bordeaux est un club qui a été champion à crédit, comme Lille, qui a été contraint de vendre beaucoup de joueurs suite à son titre. Il faut également compter le versement des primes aux joueurs après leurs matches de Ligue des Champions. L’argent provenant de la vente de Gourcuff a permis de boucher les trous.